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par une phrase aussi confuse que sa pensée (1). Méla, au lieu de parler d'une Grande Pointe et du Métagonion, nomme nettement un promontorium Metagonium (2). Quant à Pline, loin de suivre sur ce point Méla, dont il connaît cependant l'ouvrage, il identifie la terre Métagonite à la Numidie (3). Quant à Ptolémée, il accepte sans les discuter ces données différentes, et les reproduit sans chercher autrement à en discuter l'exactitude (4).

IV. Emplacement du Métagonium

Même désaccord sur l'emplacement du Métagonion. Timosthènes le plaçait en face de Marseille (5). Ératosthènes y englobait la montagne Abilyka de Libye, qui était l'une des deux Colonnes d'Hercule (6). Hannibal ct.

par nous dans le texte de Tite-Live, le premier, per Africam, remplace sans le traduire le τα Μεταγώνια της Λιόνης de Polybe, et le second, civitates, le των πόλεων των Μεταγώνιτων καλουμένων du même

auteur.

(1) Strabon (XVII, 3, 6) : « Καλείται δε και 'Ακρα Μεγάλη πλησιον του ποταμού και Μεταγώνιον τόπος άνυδρος και λύπρος. » Cette phrase peut se traduire de deux façons: On peut y voir, soit : « On donne >> aussi le nom de Grand Cap près du fleuve, et de Métagonion à une » localité sans eau et stérile,» soit : « L'on mentionne aussi une » Grande Pointe près de ce fleuve, ainsi qu'un Metagonium, localité » sans eau et stérile. »>

(2) Méla (I, 7): « A promontorio Metagonio... >>

(3) Pline (V, 3) : « Numidia... Metagonitis terra Græcis appel

lata. »

(4) Ptolémée (IV, 1): Metaywvitns àxpov.

Κατέχουσι... Μεταφώνεται.

Υπο την Μεταγωνίτην χώραν.

(5) Strabon (XVII, 3, 6). Voir p. 10, n. 5, § 2.

(6) Strabon (III, 5, 5). Voir p. 10, n. 3.

Polybe disaient seulement que ce pays était en Libye, sous la domination de Carthage et sous le gouvernement militaire de son général en chef (1). Quant à Artémidore, il soutient que, venu dans le pays et ayant demandé des renseignements sur le Métagonion, on lui avait répondu qu'il n'existait pas près des Colonnes d'Hercule de montagne Abilyka (2), ni de peuple Métagonion. Strabon admet cependant son existence, et le place près du Molochath, en face de Carthagène (3). Quant à Méla, né près du détroit, il ne le connaît pas dans cette partie de l'Afrique, et le place bien plus à l'est, sous la forme d'un cap, sur les confins de la Numidie et de l'Afrique propre (4). Pline l'assimile à la Numidie, sans nous dire s'il y voit la Numidie des premiers géographes grecs, qui s'étendait des Colonnes d'Hercule jusqu'au delà de la Cyrénaïque, ou la région qu'il appelle lui-même Numidie, et qui ne commençait, à l'ouest, qu'au fleuve Ampsaga (5). Quant à Ptolémée, il a admis, comme Ératosthènes, un peuple des Métagonites habitant près du détroit un canton dit Métagonite, et,

(1) Polybe (III, 33). Voir p. 12, n. 6.

(2) Strabon (III, 5, 5). Strabon mentionne certaines opinions d'Eratosthènes sur le détroit, et notamment celle-ci que : « la montagne Abilyka, l'une des Colonnes d'Hercule, était dans le Métagonion, peuple de Numidie; mais, ajoute-t-il aussitôt, Artémidore dit qu'il y a bien dans cette région (près de Gadès) une ile de Junon, avec un temple de cette déesse, mais qu'il ne s'y trouve ni autre ile, ni montagne nommée Abilyka, ni aucun peuple nommé Métagonion. (Αρτεμίδωρος δε την μεν της Ήρας νησος και ἱερον λέγει αὐτῆς · αλλην δε φησιν τινα οὐδ ̓ Αβιλυκα όρος οὐδε Μεταγώνιον έθνος.) »

(3) Strabon (XVII, 3, 6). Voir p. 10, n. 5, 2.

(4) Méla (I, 7) : ((

Regio quæ sequitur (Numidiam) a promontorio Metagonio ad Aras Philænorum propriè nomen Africa usurpat. »>

(5) Pline (V, 3). Voir p. 14, n. 3.

comme il a cru le voir dans Strabon, un cap Métagonite

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Ακρα Μεγα Ακρωτηριον. ια β' λε Le cap Ga Promontre. 11° 30' 35° 00'

Revue africaine, 30° année. No 180 (NOVEMBRE 1886).

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DOCUMENTS ALGÉRIENS

(Suite. Voir le no 179.)

LETTRE TRENTE-HUIT (du samedy vingt-huitième Septembre)

De Gigery, l'on nous indique

Que quatre cens Mores d'Afrique
Faizans un merveilleux éfort

Pour ataquer un petit fort

Que trente Francois défendirent;
Vingt d'iceux Francois ils occirent,
Dont fut, par un funeste échet
Le sieur chevalier du Tronchet (1)
Commandant dans ladite place,
Et dont on plaint fort la disgrace,
Car, pour ses bonnes qualitez
On l'honorait de tous cotez
C'étoit un guerrier plein de zèle,
A son prince toujours fidelle.
Il fut en tout temps, en tout lieu
Grand ennemy de ceux de Dieu.
Ce n'étoit que feu, que courage.
Toutefois, il était fort sage,
Sincère, conscientieux

Et toujours dévot et pieux.
D'un mousquet le boulet barbare
Nous enleva cet homme rare.
Mais, après un si triste sort,
On vangea hautement sa mort.
Car le brave et hardy Gadagne
Se métant soudain en campagne

(1) Du régiment de Picardie.

Les susdits Mores atrapa

De ses gens les enveloppa,

Et l'on tient pour choses certaines

Qu'il en tua vingt-deux douzaines.

LETTRE QUARANTE-QUATRIÈME (du samedy vingt-huitième Novembre)

Depuis que les troupes du Roy

Ont pour exalter notre foy,
Et faire à Mahomet la nique
Plante le piquet en Afrique,
Les Mores embrelicoquez
Et démezurément piquez

De voir les Francois sur leur terre

Font contr'eux maint dessein de guerre.

Ils sont fougueux, ils sont mutins,

Ils ataquent forts et fortins,
Postes avancés et redoutes,

Mais toujours fuites et déroutes,
Épouvantes, blessures, morts,

Sont les fruits de leurs vains efforts.
Quand ils s'avancent par secousses,
Nos gens sont soudain à leurs trousses.
Ils assaillent; on les combat,

Et bien souvent on les abat.

Et cèdent soudain à l'orage;

Ils ont toutefois du courage,
Ils sont vigoureux et hardys
Mais plus avisez qu'étourdis.
Nos soldats reçoivent des playes
De leurs dards et de leurs zagayes;
Et non seulement les soldats
Mais des gens montés sur dadas;
Et Monseigneur de Beaufort, même
Doué d'une vaillance extrême,

Fut l'autre jour blessé, dit-on (1),
D'un pistolet ou mousqueton,

(1) Il fut blessé à la jambe, lors du combat qu'engagèrent les Turcs dans la matinée du 5 octobre.

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