Images de page
PDF
ePub

DOCUMENTS ALGÉRIENS

(Suite. Voir le no 174.)

Les Gazettes Françaises du XVIIe siècle ne dédaignaient pas de s'occuper des affaires d'Alger, et le dépouillement de la collection de la Gazette de France et du Mercure Francois permet de trouver bien des détails qu'on chercherait vainement ailleurs. Un de ces recueils offre un intérêt tout particulier : c'est la Gazette rimée, connue sous le nom de la Muze Historique; elle paraissait le samedi de chaque semaine, et avait pour auteur Jean Loret, homme d'esprit, mais poète des plus médiocres. Il mourut au mois de mai 1665, et son œuvre fut continuée par plusieurs imitateurs, qui ne semblent pas avoir hérité de la vogue de leur prédécesseur. La Muze Historique a été rééditée à Paris, en 4 volumes grand in-8° (1857-1878), et les Continuateurs de Loret, en 2 volumes grand in-8° (1881-1883). De ces publications, nous avons extrait les passages relatifs à l'expédition de Djigelli, en 1664, et nous leur donnons place dans nos Documents Algériens, tant à titre de curiosité littéraire que parce qu'on peut y remarquer des faits peu connus jusqu'ici.

[blocks in formation]

Pour, entr'autres grandes affaires,
Déclarer la guerre aux corsaires
De Tunis, de Maroc, d'Alger,
Qui font les marchands enrager,
Sur cette mer un peu bornée
Qu'on nomme Méditerranée.

LETTRE TRENTIÈME (du samedy, deuxième Aoust)

A propos de la Barbarie,
Très experte en piraterie,

On dit que le duc de Beaufort
A pris Bugie, un certain fort (1)
Ayant parapets et tenailles,
Assez bien enceint de murailles,
Et flanqué de trois grosses tours.
Il s'y présenta du secours
D'habitans des cotes prochaines;
Mais ils y perdirent leurs peines.
On en tua un cent ou deux
Des plus mauvais et hazardeux;
Les autres firent la retraite ;
Enfin, après cette défaite

Ils s'enfuirent, de-ca, de-la,

Et la place capitula.

LETTRE TRENTE-DEUX (du samedy seizième Aoust)

De Monsieur de Beaufort l'armée

Sans être du bruit alarmée

Des gros canons de Gigery,

Devant qui maint homme a péry,

(1) Ce bruit était faux; Beaufort n'avait pas pris Bougie, ce qui eut été très facile, la place étant démunie de défenseurs; M. de Gadagne offrait de s'en emparer en huit heures; le chevalier de Cler ville, qui fut le mauvais génie de l'expédition, s'opposa à la descente, en interprétant à sa façon les ordres royaux.

Ataqua cette forte place
Avec tant d'ardeur et d'audace,
Que ce duc brave, belliqueur,
S'en rendit enfin le vainqueur,
Cette ville, qu'ici j'indique,

Est un bon port de mer d'Afrique
Qui nous rend plusieurs Turcs sujets,
Et nécessaire à nos projets ;
Elle est donc aujourd'huy régie
Par ce prince, et non pas Bugie,
Rezervé pour d'autres travaux
Car sa prise était un bruit faux.

Lettre trente-SIX (du samedy treizième Septembre)

Ayant mis un pié dans l'Afrique,
Monsesgneur de Beaufort s'applique
A faire en sorte, à l'avenir,
Qu'il s'y puisse bien maintenir,
Le ciel, qui les bons favorise,
Veuille bénir son entreprise
Il a bezoin d'être, en ce lieu
Assisté du prince et de Dieu.

LETTRE TRENTE-SEPT (du samedy vingtième Septembre)

Samedy, j'oubliay de dire

Que les gens du Roy, nôtre Sire,
Qui sont dans l'Afrique à prézent
(Et je l'avois sceu d'un exempt)
Allans à la petite guerre
Mirent bien des Mores par terre ;
Mais, par un sort mal-encontreux
Cinquante, ou soixante d'entr'eux
Avoient en icelle journée
Finy leur noble destinée,
En combatans avec ardeur
Pour l'intéret et la grandeur

[merged small][ocr errors]

Ce brave prince, à teste blonde,
Vaillant sur la terre et sur l'onde,
Scavoir Monseigneur de Beaufort
Digne d'un favorable sort
Se fortifie et s'autorize
Dans la ville qu'il a conquise;
Et, pour remuër le terrain,
On dit que nôtre Souverain,
Sans épargner or, ni monoye
A ce généreux duc envoye
Outre, encor, plusieurs mariniers
Quinze ou seize cent pionniers (2)
Qui, par des pics pointus et croches
Y creuseront terres et roches,
Pour mêtre la place en êtat

De ne craindre aucun atentat.

(A suivre.)

H.-D. DE GRAMMONT.

(1) Louis de la Chatre, comte de Nancay.

(2) Ils furent victimes du naufrage du vaisseau le Tigre, et firent cruellement défaut à l'attaque, qui en avait grand besoin.

[blocks in formation]

!

S'adresser (franco) à M. H.-D. de GRAMMONT, à Mustapha-Supérieur, Président de la Société, pour toute communication relative à la rédaction ou à l'administration.

Le montant de la cotisation des Membres résidants et correspondants est fixé à la somme de douze francs par an, payable par semestre et d'avance, entre les mains du Trésorier de la Société. Les personnes qui reçoivent la Revue africaine à un autre titre que celui de membre, sont astreintes à un versement fixé comme il suit :

France et Algérie, 12 francs par an, frais de poste non compris, et 2 francs en sus à l'étranger.

Le montant de ce versement doit être remis à M. BRUYAT, Trésorier de la Société historique Algérienne (au palais du Gouvernement, à Alger).

[ocr errors]

ART. 23. Tout membre qui n'aura pas acquitté sa cotisation d'une année, sera considéré comme démissionnaire, après avis préalable.

Les membres de la Société et les abonnés qui changeraient de résidence ou de domicile, sont instamment priés d'en donner avis au Président ou au Trésorier, afin de ne pas éprouver de retard dans la réception de la Revue.

Les numéros de la Revue, pris isolément chez le libraire-éditeur, se paient 2 fr. 50 c.

La Revue Africaine paraît tous les deux mois, par cahiers de 5 feuilles, au moins. Chaque volume, composé de six numéros, contient, au minimum, 480 pages petit texte, accompagnées de planches.

« PrécédentContinuer »