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parmi les évêques donatistes de la Conférence tenue en 411 à Carthage, mais il n'est pas dit à laquelle des provinces africaines il appartenait. Morcelli, se rappelant la ville dé Succabar ou Zuggabar, située au-dessous de Miliana, dans la Césarienne, pense, d'après l'affinité des noms, qu'Ausugabra pourrait bien avoir appartenu à la mème circonscription administrative. La raison n'est pas puissante, mais devant l'absence complète de toute donnée elle a une certaine valeur. En effet, on remarque sur plusieurs points de la carte d'Afrique des localités associées sous des noms qui ont plus d'un rapport entre eux; je citerai, par exemple, le groupe qui a pour centre Lambèse, autour duquel on voit Lamasba, Lambafudi, Lambiridi. Acceptons donc l'hypothèse de Morcelli jusqu'au jour où on aura retrouvé le site d'Ausugabra. — ?

Ausum. Ville de la Mauritanie Sétifienne, à laquelle Ptolémée assigne une position qui la met sur la route de Saldae (Bougie) à Auzia (Aumale), à la hauteur d'Akbou. Et, en effet, M. Sabatier, instituteur en ce lieu, dans un intéressant mémoire sur Akbou, y signale plusieurs emplacements de ruines antiques, dont l'un peut fort bien représenter Ausum. Il ne s'agit plus que de chercher. — ?

Autololes ou Autolales (Ptolémée). — Mais la première orthographe est la plus ordinaire; peuple de la Mauritanie Tingitane qui a successivement occupé différentes parties du versant atlantique et du versant méditerranéen de l'Atlas marokain. Du temps de Pline, l'an 75 de notre ère, c'était la plus puissante des tribus gétules; elle occupait le pays au sud de Sala, jusqu'aux Scelatites et aux Masates. M. Vivien (l'Afrique du Nord, p. 371), les identifie avec les Hilâla ou Aït Hilâla, qui demeurent encore dans les mêmes localités, et qu'Ibn Khaldoun mentionne comme une grande tribu Masmouda, du pays de Sous.

Auzia. Une des plus anciennes villes du nord de

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l'Afrique, si l'on s'en rapporte à Ménandre, cité par Joseph (Antiquités judaïques, livre VIII, chap. 7) qui assure qu'elle fut fondée par Ithobaal le Tyrien, fuyant en Libye devant l'invasion des Chananéens par les Israélites, aux premières années du XVIe siècle avant l'ère chrétienne. Il y a eu plusieurs orthographes du mot Auzia: Tacite (Ann., liv. IV) écrit Auzea, l'Itinéraire d'Antonin, Auza, et Ptolémée, Auzina, mais ceci ne signifie rien, puisque dix inscriptions relevées sur les lieux mêmes et qui sont de la même époque, disent Auzia; entre autres, celle-ci : AVZIO DEO GENIO ET CONSERVATORI COLONIAE A Auzius, Dieu, Génie et Conservateur de la Colonie, le des kalendes de Janvier de l'an de la province CLXXXV, 185, ce qui répond à l'an 224 de notre ère. Auzia a fait place à la ville moderne d'Aumale (voy. ce mot).

Aveus, Aves ou Savus. Rivière de la Mauritanie Césarienne dont Pomponius Mela indique la place d'une manière très exacte, de cette manière:..... Deinde Icosium et Ruthisia urbes, et fluentes inter eas Aveus et Nabar, aliaque, etc..... Ensuite les villes d'Icosium et de Ruthisia et coulant entre elles l'Aveus et le Nabar. D'où il suit qu'Icosium étant Alger, et Ruthisia ou Rusgonium, la ville du Cap Matifou, l'Aveus est représenté par l'Harrach et le Nabar par l'Oued El-Khremis (la rivière du Fondouk).

Avina. D'après Pline (Livre V, 4), une des trente villes libres (Oppida libera) de l'Afrique proprement dite prise dans sa plus grande étendue et à laquelle il faut appliquer tout ce que j'ai dit d'Acharita.

(A suivre.)

O. MAC CARTHY.

LES MEDAGANAT

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L'insurrection de Bou Choucha, en 1871, a eu un épilogue généra⚫ lement peu connu.

Après la défaite et la capture du faux Chérif, au commencement de 1874, quelques Chaâmba révoltés, ses compagnons de la première heure, et ses derniers fidèles, formèrent une bande de pillards, qui, sous le nom de Medaganat, se sont rendus célèbres par des exploits légendaires.

Pendant dix ans ils ont coupé tout le Sahara, de l'oued Drâa au Nefzaoua, de l'Adrharh au Djebel Amour, pillant, razzant, tuant indistinctement amis ou ennemis, et se sont fait ensuite massacrer dans une expédition contre l'Iguidi.

Leur sanglante épopée forme un curieux chapitre de l'histoire saharienne et peut, à ce titre, mériter une étude spéciale.

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Vers 1860, un Targui des Kelkhela, Medagan, chassé du Ahaggar à la suite de quelque méfait et tombé dans une misère extrême, vint s'installer chez les Châamba d'Ouargla, les Habb-er-Rieh.

Medagan avait sept fils qui l'accompagnèrent. On leur prêta quelques chameaux, puis ils achetèrent à crédit des dattes, du blé et vécurent ainsi plusieurs mois de la vie de leurs hôtes, chassant dans l'Erg la gazelle et

l'antilope, campant au hasard. Mais bientôt, guéris des fatigues que de longues privations leur avaient imposées, ils ne purent résister à la tentation de reprendre leur ancienne existence plus aventureuse. Ils enlevèrent à l'improviste une vingtaine de chameaux au pâturage, et s'enfuirent dans les ravins du Tademaït, d'où ils allèrent razzer çà et là.

Enfin, en 1863, enhardis par plusieurs coups de main couronnés de succès, ils vinrent prendre aux portes d'El-Golea, trente chamelles des Cheheub, la principale famille des Oulad-Zid, importante fraction des ChâambaMouadhi. Ali ben Lecheheb, chef de ce groupe, et Mohamed ben Haoued, plus connu sous le nom de Bou Khecheba (1), un des kebar des Oulad-Feredj, des Châamba d'Ouargla, qui se trouvaient campés près de là, se mirent à la poursuite des ravisseurs avec soixante mehara.

Medagan et ses fils furent rejoints près de la gorge (2) d'Agelman, à la limite du Tademaït et du Tidikelt. Ils se rendirent sans combat. Mais leur trahison ne leur coùta pas moins la vie. Deux ou trois furent tués à coups de

(1) Bou Khecheba, mort en 1864 à Ouargla, était un des plus vaillants fusils des Châamba et jouissait d'une grande réputation dans tout le Sahara. Longtemps indépendant ou révolté, il avait fait sa soumission définitive. Il a laissé cinq fils qui promettent de marcher sur ses traces. Le surnom de Bou Khecheba lui vient de ce que dans une razzia contre les Ghorib du Nefzaoua, il arracha un pied, de ratem et s'en servant comme d'une massue, abattit son adversaire qui l'avait désarmé. Se jetant ensuite sur lui, il lui coupa le nez d'un coup de dents, puis l'égorgea. Après l'avoir dépouillé, et armé de son fusil, il réussit à tuer deux autres ennemis, mais dut cependant prendre la fuite. A son retour dans sa tribu, pour venger cette défaîte, il s'engagea par un serment solennel à razzer deux fois par an au Nefzaoua. Les circonstances ne lui permirent pas de tenir complètement cette promesse, mais après avoir dirigé lui-même de nombreuses expéditions contre cette région, il a légué sa haine à ses fils, dont l'aîné, Amar, actuellement campé avec les dissidents de sa tribu, a déjà razzé plusieurs fois les Ghorib, tout dernièrement encore, en septembre 1884.

(2) Khanga: gorge, défilé.

fusil et un esclave nègre égorgea les autres. De toute la famille il ne resta qu'un enfant en bas-âge, qui avait été conduire à In-Salah quelques chameaux récemment razzés par ses frères.

Bien que la bonne foi ne soit pas à beaucoup près la qualité des Sahariens, des Châamba surtout, les coutumes du désert sont en général assez respectées, et Medagan les avait trop audacieusement violées pour que son souvenir ne fût pas durable.

Razzer un ennemi, enlever les chameaux d'une tribu hostile, ou avec laquelle on n'a point de relations d'amitié, sont des actions glorieuses, quels que soient les moyens employés pour réussir. Mais là s'arrête la tolérance. La trahison de leurs hôtes causa donc chez les Habb-erRieh une vive indignation.

Quelque temps après, une autre tribu d'Ouargla, celle des Mekhadema, campée sur l'oued Thouil, fut victime d'un coup de main dont les auteurs restèrent d'abord inconnus. La crédulité publique l'attribua à la famille de Medagan, aux Medaganat, sortis, disait-on, de leur tombe pour couper de nouveau le Sahara. En réalité deux familles des Mekhadema qui avaient eu des difficultés avec leur kébar s'étaient enfuies dans les parages d'ElGoléa un peu auparavant, et les quatre ou cinq Mehara qu'elles pouvaient réunir avaient été razzer la tribu. Ils périrent obscurément dans une autre rencontre. Mais le surnom de Medaganat ne leur en resta pas moins.

Cette qualification passa dès lors dans les usages, s'appliquant indistinctement à tous les coupeurs de route que la nature de leurs exploits mettait hors la loi. Plus tard, seulement, elle devint le nom patronymique de ceux des insurgés de 1871, qui, après la capture de Bou Choucha, continuèrent la tradition qu'il leur avait laissée. Quelques Chàamba, désignés ainsi dès 1867, formèrent le principal élément de cette bande, et, devenus ses chefs, ils revendiquèrent eux-mêmes comme un symbole le titre de Medaganat.

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