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quatre autres des leurs tombaient grièvement blessés ou morts. Messaoud ben Chraïr en avait abattu un, au moment où il allait lui décocher sa lance, et un fils de Kaddour ben Ali ben Lechcheb, qui s'était joint au rezzou, en tua, d'un coup de fusil à bout portant dans la figure, un second qui levait déjà son sabre pour le frapper.

Les Medaganat auraient tout massacré sur place, sans leur passion du pillage, toute puissante sur eux. Dès qu'ils furent maîtres du terrain, ils se précipitèrent sur le convoi, chacun cherchant à s'emparer du plus grand nombre de chameaux possible, éventrant les charges pour les fouiller. Profitant alors du désordre, des rixes bruyantes qui se produisirent entre les pillards, les Touareg s'enfuirent, sans qu'on songeât à les poursuivre. Seul, un vieux Targui était resté là, appuyé sur sa lance à l'écart, pendant tout le combat, auquel il n'avait pas pris part. I attendit impassible que le pillage fût fini, puis vint demander aux vainqueurs de quoi panser les blessés. On lui donna un couteau pour débrider les plaies, du linge, du beurre et de l'eau.

Mais cinq des Isakhamaren mis hors de combat étaient mortellement atteints, et ne tardèrent pas à expirer; les soins furent inutiles pour ceux-ci, et ne profitèrent qu'à un seul blessé, pour lequel il réussit encore à obtenir un chameau, et qu'il emmena aussitôt.

D'après les renseignements fournis par ce Targui, les campements les plus rapprochés se trouvaient fort loin dans le Sud.

La harka passa sur le théâtre de la lutte le reste de la journée, puis, le lendemain matin, continua à s'avancer vers le Ahaggar, pendant qu'une quinzaine de mehara prenaient la route du Nord avec le butin.

Au bout de trois jours de marche forcée, presque sans halte, elle atteignit les puits d'Inghebire toutes les tentes, fort nombreuses dans les environs, venaient de décamper à la nouvelle de l'affaire de Tirhedjert, et pousser plus loin eût été dangereux, puisque les Touareg

étaient maintenant sur leurs gardes. Il n'y avait plus qu'à battre en retraite, ce qui fut fait.

Cette marche rapide n'avait été signalée que par un seul incident la jument d'un des Oulad-Sid-el-Arbi, pleine et presque à terme au moment du départ d'Hahea, fut prise de douleurs. Son propriétaire s'arrêta, juste le temps nécessaire pour la laisser mettre bas; puis, abandonnant là le poulain, il rejoignit ses compagnons.

Cinq jours après avoir quitté Inghebire, le rezzou retrouva son convoi dans l'oued Arak au débouché du Mouydir. De là par Aïne-Milok, il arriva sans encombre à Aouinat-Sissa sur la route d'In-Salah à Aoulef, et se rendit ensuite à petites journées au Gourara par Kseirat, le puits d'Oukert sur l'oued Maoua et l'Aouguerout, où ils rencontrèrent les Khenefsa, qui, ayant appris le succès de la razzia, venaient au-devant des Oulad-SidiCheikh et des Medaganat.

Le partage du butin fut fait alors, sur le pied de deux chameaux et dix moutons par cheval, un chameau et cinq moutons par mehari, sans compter les chargements de la caravane et les ânes. Les moutons étaient beaucoup plus nombreux au départ, mais il en avait été mangé une grande partie en route.

Bien que la retraite de la harka n'eût pas été inquiétée, les Touareg l'avaient cependant poursuivie. Tous les campements des Taïtok, des Kêl-Rhèla, des Kêl-Ahamellel et une partie des Iboguelan se trouvaient dans un rayon de un à deux jours au sud d'Inghebire. Quatre ou cinq cents mehara se réunirent rapidement, et se dirigèrent vers le théâtre du combat de Tirhedjert. Là seulement, ils retrouvèrent les traces de la harka, celle du parti qui s'était avancé jusqu'à Inghebire ayant été effacée par un violent coup de vent. Ils n'avaient, d'ailleurs, pas suivi cette piste, qui était restée à leur droite et assez loin.

Les traces de Tirhedjert étaient déjà vieilles de six à sept jours au moment de leur arrivée; les Touareg

supposèrent naturellement que la harka s'était enfuie rapidement, et conclurent qu'ils pourraient difficilement les rejoindre. D'autre part, ils ne savaient pas au juste à qui ils auraient à faire, la présence de seize chevaux ne leur permettant pas de croire que les Medaganat étaient les auteurs du coup de main. Ils admirent donc assez facilement l'hypothèse émise à ce sujet par un Chambi, El-Madani, qui, campé avec eux, les avait accompagnés.

Cet indigène avait reconnu les traces de plusieurs mehara du rezzou qu'il connaissait. Il entreprit donc, pour soustraire ses compatriotes à la vengeance des Touareg, de démontrer à ceux-ci qu'ils avaient affaire à une avant-garde, aux chouaf de Si Kaddour ben Hamza, auquel on prêtait depuis longtemps l'intention de venir razzer au Ahaggar avec ses Zoua et les goums des Béraber, des Doui-Ménia et des autres tribus de l'oued Guir. Comme, somme toute, il n'y avait là rien d'impossible, les Touareg n'allèrent pas plus loin, et revinrent à leurs campements, où le vieux Targui, qui avait emmené son compagnon blessé, venait d'arriver. Ils apprirent alors ce qui en était réellement, mais trop tard pour reprendre la poursuite.

(A suivre.)

LE CHATELIER.

AFRICA ANTIQUA

LEXIQUE

DE

GÉOGRAPHIE COMPARÉE

DE

L'ANCIENNE AFRIQUE

A la mémoire de MORCELLI,
AUTEUR DE L'AFRICA CHRISTIANA

ALGERIA ANTIQUA

Numidie, Maurétanie Sitifienne, Césarienne
et Maurétanie Tingitane

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B

Babba. Ville de la Mauritanie Tingitane, dont l'empereur Auguste (29 avant l'ère chrétienne, 14 après) fit une colonie sous le nouveau nom de Colonia Julia Campestris Babba; elle était, d'après Pline, dans l'intérieur des terres, à 40,000 pas (59 kilomètres) de l'embouchure du Lixus, l'Oued El-Kous (la rivière de l'Arc) des Arabes. Cette indication de Pline est un peu vague; car elle permet difficilement de retrouver le site de Babba, et en effet, je ne crois pas qu'on l'ait encore déterminé. Dans le lexique géographique qui accompagne la carte de M. Nau de Champlouis, on indique comme son synonyme un lieu appelé Narouja (Marok), avec un point

d'interrogation et cette indication: qu'elle est dans le bassin du Lixus. Cela m'engagerait à placer Babba sur la route de Tingi (Tanger) à Fès ou vers l'Atlas central, à 59 kilomètres de l'embouchure de l'Oued El-Kous, à droite ou à gauche de cette rivière, et à 23 kilomètres en ligne droite de K's'ar El-Kebir. Mais tout ceci ne peut guère servir qu'à guider les investigations.

Babiba ou Babiga. -Ville de le Libye maritime, au delà des limites australes de la Tingitane, par 13° de latitude et 10° 30' de longitude d'après Ptolémée, ce qui la place entre le Magnus Portus ou la Mar Pequeña et l'Arsinarium Promontorium ou le cap Bojador de nos jours. On ignore complètement et son site précis et ses destinées.

Babila. — Ville maritime de la Gétulie, d'après Polybe, sur la rive méridionale de ce port, auquel son étendue avait fait donner le nom de Grand Port, Portus Magnus. C'est Polybe qui nous donne ce renseignement, mais je n'ai pas pu retrouver l'endroit de son ouvrage où il se trouve. Avis aux lecteurs des Histoires. Il y avait une ville d'Arménie portant aussi ce nom de Babila.

Babra. On ne trouve aucun vestige de ce nom dans les géographes ou les écrivains anciens, mais nous savons par la Notice que cette localité appartenait à la Numidie. Où était-elle ? C'est ce que nous ignorons encore. Seulement l'histoire ecclésiastique nous apprend qu'elle fut la résidence de deux évèques, dont l'un assista à la Réunion de Carthage, en 484, et comme il n'en est plus question ensuite, on peut croire qu'il mourut en exil. Le second, Leporius, y fut envoyé par Hunérik, en 484.

Bacanaria. Ville de la Mauritanie Césarienne, d'après la Notice et siège épiscopal dont le titulaire Pal

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