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En 930 (1523), les Espagnols pèsent lourdement sur les Oulad-Ali, lesquels bientôt font acte de soumission. Ils trouvèrent, plus tard, parmi ces populations, des cavaliers qui furent tout dévoués à leur cause Les OuladAli habitent aujourd'hui la même contrée qu'autrefois; ils dépendent de la commune mixte de Saint-Lucien.

En 935 (1528), ils razzèrent les Chaf'a, campés dans la plaine de Melata, plaine où ils résident encore. Ils relèvent actuellement de la commune d'Aïn-el-Arba.

A la fin du mois de d'ou el-k'aàda 949 (mars 1543), l'armée qu'ils avaient organisée en vue d'une grande entreprise atteint aisément Tlemcen. Cette armée, qui ne comptait pas moins de 14,000 combattants et qui était guidée par Hamida El-Euldj (1) ben Red'ouan, un chef Zianite, et aussi par Grab, le chef des Oulad-Kralfa (2), occupe cette place pendant treize jours deux mois, puis, elle s'en éloigne libre

selon une autre version ment.

Un peu avant cette opération, il convient de placer le coup de main que quelques-unes de leurs troupes, équipées à la légère, suivies de contingents des Beni-Amer, tentèrent avec succès dans la plaine de R'eris, au sud de l'endroit où, plus tard, les Turcs devaient fonder Mas

cara.

Les Espagnols, qui comptaient des alliés parmi les Arabes, alors, étaient pleins d'audace; ils s'aventuraient au loin pesant sur les populations qu'ils rencontraient, et, chaque fois, ils ramenaient du butin ou des prisonniers.

C'est à ce moment qu'ils s'avancèrent jusqu'à Nesmout (3) où habitaient des Zouata (4), et qu'ils furent

(1) Chrétien d'origine.

(2) Les Oulad-Kralfa dépendent aujourd'hui d'Aïn-Temouchent. (3) Aussi Mesmout, forêt au sud des Hachem.

(4) D'origine Zénète.

ensuite jusqu'à Et-Tar'ia, près de l'endroit qui occupe aujourd'hui un village européen (1).

A Et-Tar'ia se tenaient des campements nombreux et sûrement ils n'auraient point échappé aux coups des chrétiens, s'il ne s'était trouvé parmi les familles groupées en ce lieu un marabout du nom de Bou Mehdi Aïssa ben Moussa et-Tedjani, lequel avait la faculté — c'est chose certaine de comprendre le langage des oiseaux. Peu avant l'apparition des Espagnols, ce saint personnage, si remarquablement doué, eut connaissance du péril en écoutant une alouette qui chantait au-dessus de sa tête.

Aussitôt il fit savoir à ceux qui l'entouraient qu'il était prudent de décamper au plus vite. Chacun s'empressa de fuir dans la direction d'une forêt épaisse, sise dans une contrée des plus tourmentées. Leurs campements se reformèrent à l'endroit dit Dra-el-Heurra (le lieu de la sécurité), endroit où ils étaient hors d'atteinte.

Les Feroha de la plaine de R'eris, parmi lesquels résidait Mohammed ben Yahya (ce savant enseignait aux humains et aux esprits), on le sait, lesquels se pressaient également autour de lui furent atteints par les chrétiens. Les Beni-Abbad se mirent en selle, et en appelèrent au sort des armes avec plus de valeur que de succès. El-A'roussi, l'ancêtre des El-Araïssia, culbuté dans cette affaire, eut son cheval enlevé, et, rejoint bientôt lui-même par ses ennemis, il eut la tête tranchée; ils emportèrent ce sanglant trophée à Oran.

En 950 (1543-4), les Espagnols surprirent El-Kert' et ils y firent, ajoute-t-on, bien des prisonniers. El-Kert', qui est situé au nord de la plaine de A'ouadja (2), est une ancienne ville arabe dont la fondation remonte à l'année

(1) Ce village est généralement appelé Traria, c'est là une altération de Et-Trar'ia.

(2) A six kilomètres environ à l'ouest de Mascara.

(220 835). On y voit encore, au-dessus de la mosquée et des quelques habitations groupées sur ce point, trace des anciens murs.

Guidés par Rabah ben Soula, l'ancêtre des Souala, que l'on retrouve dans la commune mixte de Saint-Lucien, les chrétiens passèrent par les Beni-Tala, remontèrent l'oued El-Hammam (1) et vinrent inopinément assaillir les gens d'El-Kert'.

Suivant une croyance, les Espagnols se seraient arrêtés au point dit Kermet-el-Ihoudi, point à quelque distance de là, et ils auraient creusé le sol. Un souterrain leur aurait donné accès au milieu d'El-Kert' même.

Encouragés par le succès de leur entreprise, ils revinrent deux fois à El-Kert', qu'ils ruinèrent de fond en comble. Ses habitants terrifiés se dispersèrent bien vite. On retrouve aujourd'hui des Kerat'a, des gens d'El-Kert', dans les Douaïer; je citerai parmi ceux-là la famille d'El-Habib ben ech Chérif.

En 951 (1544), des troupes légères poussèrent une pointe hardie jusqu'à Aïn-el-Fers, près de l'endroit où l'on a bâti un village européen (2) sur la route de Mascara à l'Illil, dans le territoire des Beni-Chougran.

En 952 (1545), une petite colonne fut opérer dans la vallée de la basse Makerra, en passant par l'oued Taferaoui. Arrivée au confluent de la Makerra et de l'oued Sarno là où l'on a élevé un autre village européen (3) — elle descendit le long de la rivière, et, au lieu dit ElKreloufia, elle razza une zaouïa bien connue dans la contrée. Cette zaouïa, qui avait été élevée par Sidi Belaha

(1) Qui porte ses eaux au barrage de l'oued Fergoug, au-dessus de Perregaux.

(2) Le village d'Aïn-Farès.

(3) Le village des Trembles.

Améhadji, était très fréquentée; des personnes de tout rang venaient s'y instruire.

Les chrétiens firent de nombreuses prises dans cette sortie, et ils revinrent sur leurs pas, ramenant prisonnières les trois filles de Sidi Belaha lui-même.

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Cet homme de bien Dieu en avait décidé ainsi devait bientôt partager le sort de ses enfants. Il fut enlevé peu après par un groupe d'Espagnols, qui poussaient une pointe dans la région du Tassala.

Il gémissait dans les prisons d'Oran, ainsi que ses filles, quand il fut racheté, avec l'une d'elles, par Bou Azza ould Hamida, le chef des Oulad-Slimane. Une autre de ses filles fut aussi rachetée, et épousée ensuite par Ech Chaht, fils de Demmouch, le chef des Oulad-Ali.

La troisième, sa fille cadette, languissait dans un étroit cachot au désespoir de ses parents. Son père ne cessait de prier Dieu, lui demandant la liberté de sa benjamine. Un jour qu'il venait d'adresser une fervente prière, il fut bien surpris en voyant sa chère enfant accourir dans ses bras toute souriante.

Questionnée sur sa délivrance, elle répondit : « Un >> oiseau tout blanc est venu me becqueter dans ma » prison. Puis, comme il voltigeait devant moi, en pous»sant des petits cris, je l'ai suivi, et toutes les portes se » sont ouvertes d'elles-mêmes. •

D'après une autre version, ce serait une chienne, une chienne toute dévouée à sa maîtresse prisonnière, qui serait allée la chercher à Oran, et qui lui aurait fait recouvrer sa liberté ensuite d'une façon vraiment miraculeuse.

Je ne citerai que pour mémoire, avant de clore ces quelques notes, les coups de main que les Espagnols tentèrent à cette époque sur les Rabt'a de l'oued ElHammam, sur les Mekahlia, etc. « Et la terre est à Dieu

et il la donne à celui de ses serviteurs qu'il veut. La vie future sera la récompense de ceux qui craignent (1). »

Écrit par celui qui attend les effets de la miséricorde de son Maître, Mohammed ben Youssef ez-Ziani (2).

L. GUIN.

(1) Coran, sourate VII, verset 125.

(2) M. Guin eût peut-être complété avantageusement son intéressante communication en critiquant le texte de l'auteur arabe, qui donne parfois des dates évidemment fausses, entre autres celle de la prise de la Kalaâ des Beni-Rachid. (N. de la R.)

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