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parents des chefs mêmes de la famille des Oulad-SidiCheikh. Mais, sans héritage, jeunes, aventureux comme tous les membres de cette race, ambitieux et n'ayant rien à ménager, ni rien à craindre, ils étaient faits pour s'entendre avec les Medaganat, dont ils ne se séparèrent plus jusqu'à 1882, quelques-uns du moins. Leur petit groupe (1) porta l'effectif de la bande à cinquante fusils. Deux d'entre eux ayant des chevaux, l'appoint qu'ils fournissaient était d'autant plus précieux.

A l'arrivée des Medaganat à H.-El-Fersig, dans l'Oued Mguiden, Salem ben Chraïr et son frère partirent avec El-Akhedar ben Horrouba pour aller tenter un coup de main contre les Oulad-Ba-Hammou, afin de venger la mort de la femme du second. Après avoir attendu inutilement, sur le Medjebed d'Aïn-Souf, que quelque caravane vint à passer, les trois Châamba se rapprochèrent des ksour, et finirent par trouver quatre chameaux des Oulad-Yahia, près de Sahela-Tahtania. C'était une prise assez maigre, mais leur entreprise était un peu hasardée, et ils jugèrent plus prudent de se sauver aussitôt.

Dès qu'ils furent de retour, les Medaganat se remirent tous en route et se rendirent à El-Hadj-Guelman, où ils séjournèrent jusqu'à la fin de l'année, pour emmagasiner les provisions qui ne leur étaient pas nécessaires et assurer leurs relations avec les Khenafsa, qui les accueillaient avec d'autant plus d'empressement, que la présence de cette bande sur leur territoire leur garantissait une sécurité à laquelle ils n'étaient point accoutumés.

LE CHATELIER.

(A suivre).

(1) Les Oulad-Sid-el-Arbi étaient Sidi Mohamed ben El-Ala, Sidi Cheikh ben Abderrahman, Sidi Mohamed ben Zoubeir, Sidi Boubeker ben El-Moradj, Sidi Bou Hafs ben Djelloul, Sidi El-Arbi ben Naïmi, Sidi Mohamed ben Sidi Cheikh ben Bou Hammama, Si Ahmed ben Zidour, Sidi El-Cheikh et Sidi El-Arbi ben Bou Hafs ben Tahar.

LES

BEN-DJELLAB
ᎠᎫᎬᏞᏞᎪᏴ

SULTANS DE TOUGOURT

NOTES HISTORIQUES

SUR

LA PROVINCE DE CONSTANTINE

(Suite.

Voir les nos 133, 135, 136, 137, 140, 141, 142, 146, 147, 151, 152, 153, 154, 155, 160, 161, 162, 164, 165, 166, 167, 168, 169, 170, 173, 174 et 176.)

OUARGLA

De Tougourt à Ouargla, distants d'environ quarante lieues, les stations principales sont Temacin, Blidel-Amar, El-Hadjira et Negouça, auxquelles on arrive en traversant tantôt des plateaux pierreux, tantôt des petites dunes de sable. Nous avons déjà parlé des trois premières localités que l'on trouve sur la route, quant à Negouça il en sera question plus loin. Il convient tout d'abord de nous occuper de Ouargla même, appelée par les Arabes la Sultane des Oasis, qui fut dès la plus haute antiquité, le centre d'action, ou, si l'on veut, la capitale de toute cette région saharienne comprise dans une longue dépression de terrain ouverte dans la direction Nord-Sud, renfermant les divers centres de population et leurs jardins. A cinq kilomètres environ Revue africaine, 30° année. No 178 (JUILLET 1886).

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d'Ouargla, entre cette ville et Negouça, les deux berges latérales de cette dépression jettent chacune en avant d'elles un petit contrefort qui forme un col peu élevé, près de l'Areg-Mostâ. Ce petit renflement du sol partage la dépression en deux cuvettes allongées celle du Nord qui renferme Negouça et son oasis, c'est le receptacle des eaux qui viennent du Mzab par l'oued Mzab, l'oued Nsa et leurs affluents, celle du Sud, qui renferme Ouargla et les villages environnants, semble être le déversoir des eaux venant du Sud par l'oued Mia (1). Tous les lits de rivières que je viens de mentionner sont maintenant à sec. Cependant, il reste des vestiges du passage des eaux dans l'oued Mzab et l'oued Nsa. Les indigènes disent même qu'autrefois ces deux rivières réunies arrosaient d'habitude, au moins deux fois par an, les jardins de Negouça et que, si aujourd'hui ces crues ne se reproduisent plus, cela tient à ce que le nombre et la force des barrages a beaucoup augmenté dans les villages du Mzab. Mais à défaut d'eaux courantes la double cuvettte de Ouargla et de Negouça est largement pourvue d'eaux souterraines ascendantes et jaillissantes, les puits artésiens et autres y sont nombreux et donnent en abondance une eau partout de bonne qualité, sur quelques points même excellente.

En dehors de la dépression qui renferme les villages et les oasis, s'étendent au Nord, au Sud et à l'Est de vastes espaces incultes, couverts de dunes de sable qui atteignent, surtout dans la direction Sud-Est, une grande hauteur. C'est au milieu de ces dunes, dans l'inextricable réseau qu'elles forment, qu'apparaissent çà et là, au fond de petites cuvettes, les puits plus ou moins profonds, plus ou moins abondants qui abreuvent les nomades de la région de Ouargla et leurs nombreux troupeaux; c'est la zone des pâturages. Vers l'Ouest, au contraire, les sables sont plus rares, le sol plus caillouteux, l'eau fait défaut, le parcours des troupeaux est difficile. Enfin, à six journées de marche au Sud-Ouest de Ouargla, sur la route de Touat, se trouve le centre annexe d'El-Goléa dont il sera question. Des considéra

(1) Ce nom de oued Mia viendrait de ce que le cours d'eau était alimenté par cent mia, sources ou affluents.

tions topographiques qui précèdent, il résulte que la population actuelle de cette contrée présente deux groupes bien distincts:

1o La population nomade formée des pasteurs qui parcourent avec leurs troupeaux la zone des pâturages;

2o La population sédentaire, c'est-à-dire les habitants des villages adonnés à la culture des palmiers. La première, d'origine arabe, est blanche et a conservé, par suite de la vie errante, des habitudes belliqueuses et une grande suprématie sur la population des villages qu'elle enserre de toutes parts et à laquelle elle peut au besoin couper toutes les communications extérieures. La seconde, provenant généralement de croisements avec la race. noire, est la même que dans l'Oued-Rir, à part les familles. originaires de la race du Mzab, elle est vouée au travail ou à un pelit négoce et elle a depuis longtemps accepté la lourde tutelle du nomade.

La population nomade comprend les tribus suivantes :

Saïd-Mekhadma;

Saïd-Ateba;

Chaâmba d'Ouargla ou Bou-Rouba;

Chaâmba d'El-Goléa.

La population sédentaire occupe les centres de :

Ouargla;

Rouïssat;

Aïn-Adjadja;

Ain-Ahmar dit aussi Chott;

Sidi-Khouïled;

Ba-Mendil;

Negouça.

A l'exception de Ouargla et Negouça, tous les villages que nous venons d'énumérer sont de création relativement récente. D'après la tradition sept grands centres de population, connus sous le nom collectif de Issedraten, existaient jadis au nord du djebel Krima, vaste table gypseuse d'une centaine de mètres de hauteur qui s'élève au milieu de la plaine sablonneuse comme un témoin du terrain sabarien. Toute la contrée était alors

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verdoyante; des bandes d'autruches couraient la plaine qui leur offrait des herbages abondants arrosés par les cours d'eau aujourd'hui à sec ou morts selon l'expression locale, et par des pluies périodiques. C'est désert maintenant; rien n'y vit presque plus; la température se serait considérablement modifiée et aurait produit, par ses conséquences, un bouleversement complet dans la nature du pays. La population la plus ancienne que me signalait la traditiou locale, lorsque, en 1871 et 1872, je fis un assez long séjour à Ouargla, s'appelait donc les Issedraten nom berbère arabisé en Sedrata - et cette tradition était confirmée, me disait-on, par un manuscrit déposé à la mosquée de Negouça. Après beaucoup de démarches j'obtenais communication de ce document, bien moins complet qu'on me l'avait annoncé. Il consiste en deux feuillets précédant un exemplaire du Koran, à demi rouge par l'action du temps, sur lesquels le copiste du livre sacré, avant d'entreprendre son travail capital, a fait ce que les tolba nomment, l'essai de la plume. Cet exercice calligraphique, qui ordinairement ne consiste qu'en quelques phrases décousues, a eu ici pour but de transcrire une tradition offrant un certain intérêt historique. En voici la copie textuelle même avec les fautes dont elle fourmille. Je me suis borné à supprimer dans le texte arabe les premiers passages sans importance, relatifs aux miracles des marabouts que j'ai cependant conservés dans la traduction pour en garder le souvenir :

ذا التريخ جملة مشايخ سدرة من ورجلان الى بـران هذا و اجتمعوا على الشيخ صالح بن موسى اهل تلى

ازدوس و اهل مکید الوسط و اهل تلى مماس و اهل حيمة و اهل بران بلاده تلی الشيخ صالح به و اهل تمزوغت كلهم مجتمعون عـنـد از دوس و تلی موسی و ترمنت و قالوا له نحن اتينك مدهشين

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