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que à celle qu'employaient les Carthaginois, la Large Rivière, Ampsaga. D'après une inscription découverte par M. Cherbonneau, ce nom s'était tout à fait naturalisé, seulement on l'écrivait sans y mettre un P, Amsaga. Longueur totale: 150 kilomètres.

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Anatis. - Rivière de la Mauritanie Tingitane, dont l'embouchure dans l'Atlantique était, suivant l'exploration de Polybe, consultée par Pline (livre V, 1), à 205,000 pas ou 312 kilomètres de celle du Lixus, la rivière d'El Araïche. D'après cela l'Anatis correspond exactement à cette grande rivière, aux eaux lentes, remplies de plantes aquatiques, que les Arabes ont nommée, avec raison, Oum er Rebia' (la Mère des Herbes), et à l'entrée de laquelle s'élève Azemmour.

Ancorarius Mons. Le mont Ancorarius; nom que portait au IVe siècle de notre ère une portion des parties Nord du massif de l'Ouarensenis, ainsi que cela résulte du récit des campagnes du duc Théodose contre les partisans de Firmus. Sorti de Succabar pour aller ruiner de fond en comble la forte position que les Maures avaient prise à Gallonatis, il tomba ensuite sur les Maziques groupés au Castellum Tingitanum (Orléansville), après avoir passé le mont Ancorarius. Et comme j'ai de fortes raisons pour croire que Gallonatis se trouvait au milieu des montagnes, dans le Sud-Ouest et à une distance peu considérable de Teniet-cl-Had, que pour se rendre de là à Orléansville il faut franchir la masse principale de l'Ouarensenis, on voit que celle-ci représente bien évidemment l'Ancorarius.

Angaucani, avec plusieurs variantes dont une semble assez admissible: Iangaucani; tribu de la Mauritanie Tingitane, mentionnée par Ptolémée (Liv. IV, c. I) qui lui assigne une position telle qu'on peut croire qu'elle était à cheval sur les deux rives du cours moyen de l'Anatis

(Oued Oum er Rebia'), à l'est d'Azemmour et au nord-est des Autololes. En admettant avec M. Græberg et M. Vivien (le Nord de l'Afrique, p. 409) qu'ils fussent identiques aux Asgangan de Léon l'Africain, qui occupaient une partie de la province de Garet, à l'Ouest de la Mlouia inférieure, il faut reconnaitre que depuis Ptolemée (125 de l'ère chrétienne) ils s'étaient notablement déplacés, mais le fait est tellement commun chez les populations du Nord de l'Afrique que cela ne saurait être une objection.

Angua ou Ancua, est placée par Holstenius dans la Byzacène, mais Morcelli préfère, avec Hardouin, la mettre dans la Numidie, non loin de Musti (Mest, autour de la Koubba de Sidi Abd er Rebou). Elle était, en 411, la résidence d'un évèque, Anguiensis Episcopus, qui figure à la Conférence de Carthage. Je ne sais qui a pu autoriser Morcelli à placer Angua non loin, nec longè, de Musti, mais jusqu'à présent je n'ai eu sous la main aucun document assez complet pour vérifier l'exactitude de ce qu'il avance et lui donner surtout plus de précision. Avis aux chercheurs, - ?

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Apanilyé. Ville de la Mauritanie Tingitane dont le Périple de Skylax seul a parlé; il la met sur une rivière, vis-à-vis des îles de Gadès (Cadix), au delà de la colonne d'Hercule (Gibraltar) et du promontoire de Libye (vis-àvis de Ceuta) en venant de l'Est. La seule localité qui, sur la rive marokaine du Détroit et après examen des lieux, me paraisse remplir la double condition indiquéc par l'écrivain grec, est celle que dans le pays on appelle le Vieux Tanger, Tandja el Kdima, laquelle est à 4 kilomètres de Tanger dans l'Est-Sud-Est, sur une rivière, l'Oualon de Ptolemée, grossie en ce point même d'une autre plus petite. Et comme Skylax ne parle en aucune façon de Tanger, on peut en conclure tout naturellement qu'Apanilyé existait antérieurement, c'est-à-dire au

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moins vers 340 avant notre ère. Tandja el Kdima, que l'on nommait au temps du Bekrî El Beïdha (la Blanche) a été l'objet d'une attention toute particulière de la part de l'Écrivain arabe, à cause des antiquités que l'on y Mon remarquait encore à cette époque, au XIe siècle. savant ami, M. Henri Mathieu, que j'ai consulté au sujet de la signification du mot Apanilyé, après avoir fait quelques recherches à ce sujet, m'a répondu que ce mot, inexplicable par les langues ibériennes ou berbères, se traduisait au contraire, sans erreur possible, par les langues ariennes, où les mots apanal ou nahil désignaient un lieu situé au confluent de deux rivières, ainsi que l'était la cité antique, dont les ruines portent le nom de Vieux Tanger.

Apisia, voyez Apissana.

Apissana. Morcelli ne trouvant aucun renseignement au sujet de cette localité, pense que son nom a pu se cacher sous celui de la Civitas Apisia, dont il est mention deux fois dans une inscription de l'an 9 de l'ère chrétienne, rapportée par Gruter (p. 470, no 1), et que l'on trouve aussi dans Orelli, n° 3,057. Mais il fait remarqner que l'inscription ajoute au nom d'Apisia le qualificatif Majus, le grand, ce qui ferait croire qu'il y en avait une autre de moindre importance, et comme nous ne connaissons rien de semblable au sujet d'Apissana, il faut laisser de côté l'hypothèse de Morcelli, en nous contentant d'inscrire Apissana au nombre des évèchés de Numidie, la seule chose que nous sachions positivement, l'un de ses titulaires ayant figuré, parmi les Donatistes, à la conférence de Carthage, tenue en 411. Seulement il restera toujours à expliquer pourquoi Apisia majus, à laquelle on donnait le titre de Civitas, ne figure au nombre des évêchés. Il est vrai, comme je l'ai fait remarquer, que nous n'en avons pas la liste complète. Dans tous les cas, je ferai remarquer que si l'emplacement d'Apissana

nous est inconnu, celui d'Apisia majus a pu être exactement déterminé comme on le verra à ce mot dans le Lexique de la Tunisia Antiqua.

Aquae, les Eaux, ville de la Mauritanie Césarienne, à laquelle Morcelli joint expressément ce qualificatif, afin de la distinguer de deux autres centres du même nom, situés dans la Byzacène et en Numidie.

Les Romains, qui ne prètaient qu'une médiocre attention aux eaux purement minérales froides, avaient, au contraire, une estime toute particulière pour les eaux thermales, ainsi que le prouvent les grandes installations qu'ils y ont faites dans la plupart des cas, et les monuments qu'ils y ont élevés. Dans le langage ordinaire, on avait fini par ne plus les désigner que par le mot Aquae, les eaux, bien que la plupart d'entre elles eussent des surnoms. C'est quelque chose de semblable à l'habitude qu'ont les Arabes de les appeler simplement Hammam, ce mot impliquant, il est vrai, l'idée d'une grande chaleur, ce que l'expression latine laissait sous-entendre. Nous connaissons cependant deux de ces Aquae qui sont pour ainsi dire restées innommées, ce qui avait engagé Morcelli à les classer sous la dénomination d'Aquae Mauritaniae Cæsariensis, Eaux de la Mauritanie Césarienne, et Aquae Numidiae, Eaux de la Numidie.

Ce sont elles dont nous allons nous occuper.

On connaît dans l'étendue de la Mauritanie Césarienne huit sources ou groupes de sources thermales. Les plus renommées sont celles qui portent aujourd'hui le nom d'Hammam Righa (prononcez Rir'a), du nom d'une tribu guerrière qui occupait jadis le territoire de la Colonie des Aquae ou Aquae Mauritaniae Cæsariensis.

Mais au IVe siècle, en 337, à la mort de Constantin, elle avait perdu ce titre de Colonie, puisque la copie de l'Itinéraire d'Antonin que nous possédons et qui fut rédigée à cette époque, la nomme simplement Aquae. Et cela paraît d'autant plus vraisemblable qu'un siècle et demi

après, en 484, Victor de Vite, la citant au nombre des évèchés de la Césarienne, se sert seulement de l'expression Civitas, Civitas Aquitaniæ, la Cité où il y a des Eaux, de même qu'en Gaule cette grande province qui embrasse toute la région Sud-Ouest, s'était appelée l'Aquitaine. C'est cette expression un peu vague d'Aquaç qui a engagé Morcelli à y ajouter Mauritaniae Cæsariensis, de la Mauritanie césarienne, pour les distinguer des autres Aquae.

Les Aquae de la Césarienne étaient le siège d'un évèché dont quatre titulaires figurent dans l'histoire de l'Église. Le premier assista au concile de Cabarsussis, en 393; le second à la Conférence de Carthage, en 411, les deux autres furent victimes des violences de Genséric et de Hunéric, en 455 et 484.

La synonymie des Aquae de la Césarienne était facile à établir puisque leur distance de Césarée, prise sur la route de Sufasar (A'moura), soit 25 milles romains ou 37 kilomètres, est exactement la même que celle de Cherchel à Hammam Rir'a. C'est le Dr Shaw, qui, avec sa sagacité ordinaire, a le premier fait le rapprochement (Voyages, t. 1, ch. IV). Seulement il les appelle Hammam Merigah, au lieu d'Hammam Righa (prononcez Rir'a). On ignore encore d'où peut venir cette différence d'orthographe qui paraît très fondée, car le consciencieux voyageur anglais avait vu les lieux et il connaissait fort bien les Righa.

C'est le nom

Aquae Albae (les Eaux blanches). qu'Holstenius, (in Adnot. ad Patrum Rom., p. 90) donne à un Oppidum dont on ne trouve aucune trace dans les anciens écrivains, et qu'il place dans la Mauritanie Sétifienne. Morcelli rappelle à ce sujet les Aquae, situés au sud de Caesarée (Cherchèl), c'est-à-dire Hammam Rîr'a; mais Hammam Rir'a, qui se trouve dans la partie centrale de la Césarienne est fort loin de la Sétifienne, et rien autre chose ne justifie ce rapprochement. Il faudrait

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