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chez les Ouled-Amar de la commune mixte de l'Ouarsenis; plus au nord encore s'avancent les Zekaska, qui vont chez les OuledBessem-Cheraga de la commune mixte de l'Ouarsenis, les Ouledben-Chaâ qui vont chez les Doui-Hassni de la commune mixte de Teniet-el-Had, les Hadjadj et les Maâmra qui pénètrent chez les Ighoud et les Ben-Naouri de la commune mixte de Teniet-el-Had, tout près de cette dernière localité, au voisinage de la célèbre forêt de cèdres (1). Le tableau et le croquis ci-joints (2) rendent compte de la marche de cette grande migration, que l'autorité militaire s'efforce de régulariser de plus en plus.

Les Saïd-Atba, de l'annexe d'Ouargla, n'ont pas une importance comparable à celle des Larbâ ; ils n'ont pas plus de 10,000 animaux. Ils se tiennent d'ordinaire au nord et au nord-ouest d'Ouargla, autour de la Sebkha Safioun et dans les vallées de l'Oued en Nissa et de l'Oued Mzab. Quand le manque de pâturages les y oblige, ils se joignent aux Larbà et se rendent avec eux dans l'annexe de Chellala. La tribu toute entière quitte Ouargla et suit un itinéraire fixe, par Ghardaïa, Tadjemout, Taguin. Ils allaient autrefois du côté de Tiaret, mais il leur est de plus en plus difficile de s'y rendre et ils tendent à y renoncer (3).

Les tribus du Sahara de la province de Constantine forment un groupe à part, dont les conditions géographiques et historiques sont légèrement différentes de celles des nomades de l'Algérie occidentale. Dans les régions où ils hivernent, les oasis et les cultures de palmiers ont beaucoup plus d'importance que dans l'Ouest; ils sont d'ailleurs généralement les seigneurs des ksouriens sédentaires et prélèvent une part plus ou moins considérable des récoltes. Dans l'Atlas Saharien, ils rencontrent d'une part le massif de l'Aurès, trop accidenté pour se prêter au parcours des troupeaux et occupé d'ailleurs par des sédentaires nombreux qui ne leur en permettent pas l'accès; d'autre part, à l'ouest de l'Aurès, l'Atlas Saharien est fort ébréché, et des passages, notamment celui d'El-Kantara et celui de Barika, leur permettent de franchir le massif montagneux. Ils profitent de cette brèche, et, entraînant avec eux les tribus du Hodna oriental,

(1) Rapp. Laghouat n' 2.

(2) Rapp, du général BAILLOUD à M. le Gouverneur général de l'Algérie, 14 mars 1905.

(3) Pays du Mouton, p. 232, et Rapp. Ourgla no 2.

se trouvent dans cette zone de la province de Constantine où les contrastes entre le Tell et la steppe sont très atténués et où, jusqu'à la chaîne Numidique et aux grands massifs forestiers du littoral, on ne rencontre que des tronçons montagneux démantelés, qui n'opposent pas aux migrations un obstacle du même genre que le massif de l'Ouarsenis ou les chaînes de Boghari et d'Aumale. Enfin, sur les plateaux de Sétif, Châteaudun, Oum-elBouaghi, les indigènes, quoiqu'habitant une région à fourrages où l'on pourrait conserver les troupeaux toute l'année, vont hiverner dans le Sud ou du moins y envoient leurs bêtes; d'où un régime spécial de transhumance double(), qui, s'il n'est pas inconnu des provinces d'Oran et d'Alger, n'y a du moins pas la même ampleur que dans l'Algérie orientale. A ces causes géographiques se joignent des causes historiques, sur lesquelles M. Rinn a appelé l'attention (2). Les grands chefs de la province de Constantine ne sont pas des personnages religieux, des cheurfa comme dans la province d'Oran. Ils constituaient et constituent. encore jusqu'à un certain point une féodalité militaire, les djouad, représentés jadis par les Mokrani de la Medjana, les Bou-Aziz du Bellezma, les Ben-Djellab de Touggourt, les Bou-Okkaz et les Ben-Gana de Biskra. Ils tenaient des Turcs ou s'étaient arrogé spontanément des droits d'usage chez les fellahs du Tell. Ici, ce ne seraient donc pas uniquement, semble-t-il, des raisons climatiques qui commanderaient la migration. Les seigneurs, outre l'agrément d'un climat plus supportable, sont attirés par leurs intérêts pécuniaires de grands propriétaires terriens, désireux de surveiller leurs récoltes et de se montrer à leurs vassaux, serviteurs et clients politiques, en un mot d'affirmer un privilège qu'ils tiennent de la tradition et que nos lois leur ont confirmé, sous forme de droits de transhumance gratuite sur les terrains

communaux.

Quoi qu'il en soit, les indigènes du Sud constantinois, depuis un temps immémorial, viennent estiver sur l'immense haute plaine qui s'étend de la Medjana à Tébessa. Ils arrivent au commencement de mai, et installent leurs campements dans la

(1) COUPUT, Espèce ovine, p. 7.

(2) RINN, Histoire de l'insurrection de 1871, in-8°, Alger, 1891, et Origine des droits d'usage des Sahariens dans le Tell (Bull. de la Soc. de Géogr, d'Alger, 1902, p. 259-260).

région des Sbakh, où des cantons spéciaux leur ont été assignés par le Sénatus-Consulte. Ils remontent dans le Tell au fur et à mesure de l'enlèvement des récoltes, pour retourner ensuite dans les Sbakh où les premières pluies ont fait pousser quelques herbes, et regagner finalement leur pays d'origine. Les grands nomades ne dépassent pas la route Sidi-Mbarek-Aïn-Tagrout-Sétif et ne pénètrent pas dans la région montagneuse des Biban. Ils s'installent dans les communes mixtes des Eulma, Châteaudun, Aïnel-Ksar, Aïn-Mlila, Oum-el-Bouaghi, la Meskiana, Sedrata, Souk-Ahras et La Calle. Dans les mauvaises années surtout (sauterelles, sécheresse, gelée), ils poussent leurs pérégrinations dans cette direction jusqu'au littoral, où le plus clair des revenus de certains propriétaires forestiers est la perception des achabas. Plusieurs tribus de la commune mixte de Msila, traversant la chaîne du Hodna à l'ouest du Bou-Thaleb, se rendent en été dans les environs de Colbert, de Sétif, de Saint-Arnaud, de Châteaudundu-Rummel. Elles y sont rejointes par les tribus du Hodna oriental, Ouled-Derradj, Ouled-Sahnoun, Sahari, etc., dépendant de l'annexe de Barika; ces tribus passent les unes par la dépression de Sidi-bel-Azzem, entre le Bou-Thaleb et le Bellezma, les autres entre le Bellezma et la Mestaoua par N'gaous et la vallée de l'Oued-Chaïr, les autres enfin par Aïn-Touta (MacMahon) et la dépression de Batna. Une partie, suivant le flane nord de l'Aurès, va estiver dans la commune mixte de Khenchela; les autres vont dans les communes mixtes d'Aïn-el-Ksar, d'Aïn-Mlila, de Châteaudun-du-Rummel, des Eulmas, des Rhiras, de Fedj-M'zala. Les Saharis émigrent toujours et en totalité. Dans les autres tribus, le nombre des émigrants est très restreint lorsque l'année est bonne; si elle a été mauvaise, la moitié environ des gens de la tribu quitte l'annexe avec la presque totalité des troupeaux (1).

Mais les grands nomades de la province de Constantine qui, par l'étendue des migrations, la pénétration en plein Tell, la richesse en troupeaux, jouent le même rôle que les Larbà dans la province d'Alger, ce sont les tribus des Zibans et les ArabCheraga et Gharaba. Deux routes sont presque exclusivement fréquentées par ces tribus dans leur migration la première est

(1) Pays du Mouton, p. 391.

celle d'El-Baâdj à Tolga et El-Outaïa, par le col de Khenizen et le Kheneg-Salsou (1), qui les mène à El-Kantara, puis à Barika, N'gaous et à la vallée de l'Oued Chaïr, d'où elles se répandent sur le plateau de Constantine, passant ordinairement à AïnGhezel et Aïn-Kebch. La seconde est la route de Touggourt à Biskra et de là à El-Kantara et Batna, d'où les uns suivent le versant nord de l'Aurès, les autres remontent parallèlement à la voie ferrée pour aller passer au nord de la Chebka des Sellaoua, en suivant la vallée de l'Oued Cherf; quelques-uns s'avancent jusqu'à la vallée de la Medjerda. Un troisième itinéraire moins important, suivi par une partie du Zab-Chergui, passe à l'est de l'Aurès et va aboutir vers Khenchela. Ces nomades se répandent sur tout le plateau constantinois. La tribu des Zibans, les Arab-Cheraga, les Ouled-Zekri, les Bou-Azid vont estiver vers Saint-Arnaud, Châteaudun-du-Rummel (chez les Ouled-el-Arbi), Fedj-M'zala, Aïn-Mlila (chez les Ouled-Kebbab). Les Arab-Gharaba du cercle de Touggourt vont aussi dans la région de Châteaudun-du-Rummel; les Ftaït et les Ouled-Moulet, qui s'y rendaient avant 1878, ont obtenu d'aller estiver dans la commune mixte de Khenchela chez les Ouled-bou-Derhem, et dans celle d'Aïn-el-Ksar chez les Ouled-Fadhel (2). Nombre de douars du Zab-Chergui vont aussi vers Khenchela et Aïn-Beïda; ils ont abandonné la région de l'Oued-Zenati, où ils allaient avant 1871, parce qu'ils n'y trouvent plus de place (3). Enfin les grands nomades de la province de Constantine vont aussi dans les communes mixtes de Sedrata, de Souk-Ahras et de La Calle, c'est-à-dire en pleine région littorale et presque en vue de la mer: migration certainement sans analogue en Algérie, voire même dans toute l'Afrique du Nord.

Le système de la transhumance double prévaut en Tunisie. comme dans la province de Constantine; les gens du Tell envoient en hiver leurs troupeaux dans la steppe, et les gens de la steppe conduisent en été les leurs dans la montagne. Mais, comme nous l'avons dit, les migrations se font en général par petits groupes et non par fractions constituées ou par tribus entières, et les

(1) Pays du Mouton, p. 406, et Rapp. Touggourt no 2.

(2) Rapp. Touggourt n° 2.

(3) Rapp. Biskra no 2.

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