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descendent vers le Sahara de l'Atlas orano-marocain, celle de l'Oued-Djedi, celle des oueds du versant sud de l'Aurès sont beaucoup plus favorisées et offrent pendant l'hiver ce que les nomades appellent de beaux pâturages, lesquels n'ont évidemment rien de commun avec ce qu'on appelle de ce nom en Normandie. Les Douï-Menia et les Ouled-Djerir utilisent les vallées de l'Oued Guir et de la Zousfana; un certain nombre de tribus du Sud oranais, de tempérament très nomade, autrefois guerrières, descendent en hiver dans les oueds du Sahara oranais, pendant que les Ouled-Nayl vont dans l'Oued-Djedi et quelques tribus des cercles de Khenchela et de Tébessa dans les vallées qui débouchent de l'Aurès.

Les Douï-Menia et les Ouled-Djerir, dont la réunion forme le Zegdou, sont de fortes tribus établies dans le triangle entre l'Oued Guir et la Zousfana, qui forment une sorte de digue contre les Beraber et qui, d'autre part, pesaient autrefois fortement sur les tribus du Sud oranais par leur vigoureuse constitution et la valeur de leurs contingents. Les Douï-Menia(1) sont en hiver et en été dans la plaine de Khechaâb et dans la vallée de l'Oued Guir. Au printemps, ils se dispersent pour chercher des pâturages jusqu'à la Zousfana et quelquefois bien au-delà. Il y a quelques années, ils allaient jusqu'au Chott-Tigri et à Galloul, mais à la suite de luttes avec les Beni-Guil, ils ont été contraints de reculer vers le Sud et ne dépassent plus guère le Djebel Grouz. En automne, ils vont récolter les dattes dans les ksour du Tafilelt et des Beni-Goumi. Quant aux Ouled-Djerir (2), ils nomadisent entre l'Oued Guir et l'Oued Namous. Les centres de leurs territoires de parcours sont les deux ksour d'Ouakda et de Bechar, où ils possèdent des palmiers; ils ont aussi des terres de culture à El-Morra, sur la Zousfana.

La grande confédération des Hamyan (3), qui compose à elle seule la population indigène du cercle de Mécheria, possède une grande quantité de moutons, de chevaux et de chameaux. Quoi

(1) Documents sur le Nord-Ouest africain, 11, p. 596; DAUMAS, Sahara algérien, p. 271; Bull. Soc. Géogr. d'Alger, 1904, p. 14 et 340.

(2) Ils descendent d'une fraction de Hamyan. V. Bull. Afr. fr., 1904, Suppl., p. 279; F. ALBERT, Les Ouled-Djerir (Bull. d'Oran, 1905, p. 381 et suiv.). (3) Documents, II, p. 250 (beau portrait du Hamyan, par CHANZY); DAUMAS, Sahara algérien, p. 258; Pays du Mouton, p. 330; MATHIEU et TRABUT, p. 26-27.

qu'ils descendent souvent aussi en partie dans le chott, les Hamyan, à la fin de l'automne émigrent avec leurs troupeaux vers la région de l'Oued Namous, où ils trouvent de bons pâturages et une température plus douce: ils remontent au printemps, quand la chaleur commence à se faire sentir dans les régions sahariennes et que l'eau des rdirs tend à disparaître. Ils allaient autrefois beaucoup plus loin, jusque vers El-Goléa.

C'est dans l'Oued Gharbi et dans l'Oued Seggueur que les tribus du cercle de Géryville, Trafi, Ouled-Sidi-Cheikh (1), Laghouat du Ksel, Ahl-Ouïakel, vont passer l'hiver, pour revenir en été dans le nord du cercle. Cependant, la plupart du temps, les bergers seuls partent avec les troupeaux à la recherche des pâturages et effectuent les migrations d'été et d'hiver.

Dans l'annexe d'Aflou, les Ouled-Yacoub-Zerara utilisent de la même manière la vallée de l'Oued Zergoun, où ils campent en hiver dans la partie comprise entre Tadjerouna et Oumat elHadedj, pour remonter ensuite pendant l'été jusqu'à Aïn-Sidi-Ali, dans le nord-ouest de l'annexe (2).

Dans le cercle de Djelfa, les douze tribus composant l'aghalik des Ouled-Nay1 (3) se rendent en hiver au sud de l'Oued Djedi, dans les parcours sahariens du cercle, qui forment une longue et étroite bande. Quelques tribus poussent même plus loin, et se répandent en éventail dans le Sahara, s'avançant d'un côté par l'Oued Retem et l'Oued el Itar vers Touggourt, de l'autre vers Guerrara, et, franchissant les fossés de l'Oued Nissa et de l'Oued Mzab, atteignent Ghardaïa. Ce sont en général les Ouled-Reggad et les Ouled-Khenata qui vont dans certaines années hiverner dans l'annexe de Ghardaïa, tandis que ce sont les tentes des Ouled-Laouar, des Ouled-Aïffa, des Ouled-Zid et des Ouled

(1) Documents, II, p. 790; DAUMAS, p. 229.

(2) Rapp. Aflou no 1.

(3) Les Ouled-Nayl sont une grande confédération qui s'étend sur toute la région de Djelfa et de Bou-Saàda. Une de leurs tribus, les Ouled-Zekri, dépend même du cercle de Biskra. Les tribus en dehors du cercle de Djelfa, sauf les Ouled-Zekri, ont conservé peu de relations avec celles de ce cercle, les divisions administratives ayant fini par créer des intérêts nouveaux. Les OuledNayl, peu guerriers et moins turbulents que les autres nomades, ne sont pas djouad et descendent généralement de marabouts; aussi ont-ils une réputation de science, de sainteté et d'habileté commerciale. Ils payaient aux Turcs 100,000 francs de eussa à la grande foire de Saneg; ils ensilotaient à Messad et dans les autres ksours du Djebel Sahari.

Oum-el-Akhoua qui vont camper dans l'Oued-Rir. Au cours de l'hiver 1902-1903, ils ont poussé leurs troupeaux jusqu'au voisinage d'Ouargla, ainsi qu'ils l'avaient déjà fait en 1876, parce que la pluie était tombée en abondance dans cette région et qu'ils y trouvaient de beaux pâturages). L'été, les Ouled-Nayl reviennent vers leurs terres de labours, situées entre le Senalba et le Bou-Kahil.

Dans le cercle de Khenchela, les Ouled-Rechaich vont occuper vers la fin de novembre les pâturages du cours inférieur des rivières qui, descendues de l'Aurès, vont se déverser dans le Melrir. A la mi-avril, ils remontent la vallée de l'Oued bou-Dokhan et regagnent le Mahmel, la plaine de Sbikha et celle de Garet, où sont leurs cultures et des terrains qui se sont refaits en l'absence des troupeaux (2). Dans le cercle de Tébessa, les Nememcha et les Ouled-Sidi-Abid quittent au mois de novembre leurs campements d'été pour se diriger progressivement vers le Djerid. Le mouvement inverse s'effectue en avril.

Voilà donc une autre catégorie de nomades: ils ont des séjours d'hiver et des séjours d'été bien définis, et leur existence est nettement divisée en deux parties par l'alternance des saisons. Cependant, ces séjours ne sont pas séparés l'un de l'autre en général par de très vastes espaces; ils sont contigus, et les nomades dont il s'agit ne pénètrent pas dans le Tell. II en est autrement des grands nomades dont il nous reste à parler.

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Ceux-ci sont nomades dans toute l'acception du mot; ils quittent en été leur territoire et vont, après un trajet quelquefois très long, chercher dans les tribus du Tell, chez lesquelles ils ont des droits d'usage, des pâturages et de l'eau. Les Larbâ sont le type de ces nomades à estivage tellien, ainsi que les Saïd-Atba du cercle d'Ouargla. Dans la province de Constantine, les tribus du Hodna oriental, celles des cercles de Biskra, de Touggourt,

(1) Rapp. Djelfa no 1 et 2 et Rapp. spécial du lieutenant HUOT, du 6 juin 1903. (2) Pays du Mouton, p. 443; VAISSIÈRE, Les Ouled-Rechaïch, p. 49.

d'El-Oued effectuent pareillement une remarquable migration vers le Tell. Essayons d'analyser ce genre de migration et d'en rechercher les causes.

Les Larbâ sont nombreux (15,000 environ), riches en troupeaux, et occupent cependant une région peu favorisée, tant dans le Sahara proprement dit, où la région des Daïas offre bien quelques pâturages, mais très peu d'eau, et où la Chebka n'offre ni eau ni herbe, que dans l'Atlas Saharien, fort ébréché en ce point, et dont le territoire d'Aflou et celui de Djelfa ne leur laissent qu'une faible partie, autour du Lazereg. Aussi, lorsque la sécheresse règne dans le Sahara, ce qui arrive souvent, les Larbâ, bien avant le printemps, sont obligés de se mettre à la recherche de régions où ils trouveront de la verdure; ils remontent alors parfois vers Djelfa, en attendant l'époque où ils pourront être admis sur leurs parcours d'été. Les diverses fractions suivent des itinéraires différents, de manière à trouver toutes à boire et à påturer. Cependant le gros de l'armée passe au point d'eau célèbre de Taguin, puis on se disperse sur le versant méridional de l'Ouarsenis, de Tiaret à Boghari. 100,000 moutons ou chèvres transhument ainsi et vont séjourner cinq mois dans le Tell. Jusque vers 1880, les Larbâ de l'Est (Maamra, Zekaska, Hadjadj, OuledSidi-Sliman, Ouled-ben-Chaâ) passaient par Zenina, Taguin et Aïn-Khadra; là, ils se séparaient pour se diriger les uns vers l'Oued Ouerk, les autres vers l'Oued Sousselem. Les Larbâ de l'Ouest (Ouled-Salah, Sofran, Ababda, Ouled-Zian, Ouled-SidiAttalah) passaient par Tadjemout, El-Beïda, Goudjila et AïnZilen, où ils se séparaient pour aller les uns au Nahr-Ouassel, les autres à Sebaïn-Aïoun, près de Tiaret. Depuis 1880, ils ont des tendances à abandonner ces deux itinéraires distincts pour passer de préférence par El-Hadjeb et Bou-Chekioua, et gagner ainsi l'Oued Touil qu'ils suivent jusqu'à Taguin. Une première dislocation se produit; les Ababda s'arrêtent et les Ouled-SidiAttalah se rendent ordinairement vers la commune mixte de Boghari. Une seconde dislocation a lieu vers l'Oued Sousselem; les tribus se séparent pour se rendre à leurs campements d'été : les Ouled-Zian et les Ouled-Sidi-Sliman chez les Beni-Maïda de la commune mixte de Teniet-el-Had, les Sofran et les Ouled-Salah

(1) Pays du Mouton, p. 170.

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Oulad-Sidi-Attalah. Chellala, Oued -el - Ouerk, Tribus des Abadlia et des

Hadjadj

Maamra.

Chabounia, Boghari.

Bouaïche; douars Oum-
Djelli et Aziz (com-

miune mixte de Boghari).

Chellala, Ain-el-Hamiat, Douars Ben-Naouri et
Ain-Belbela, Ain-el-Guet-
tar, Aïn-Gourira.

Chellala, Ain-Smir, Ain-Douar Ighoud, tribu des
Fedoul, Sidi-Mansour et

Ighoud, tribu des OuladAyad, commune mixte de Teniet-el-Had.

dispersion sur Guendou,
Sidi-Khelifa, Sidi-Ayad et
Ain-Khalla.

Oulad - Ayad, commune mixte de Téniet-el-Had.

Zekaska.

Chellala, Bir-Retha, Aïn-Oulad - Bessem - Cheraga,

Chedeida, Aïn-Beïda, Si

di-Mansour, Djenan-ben

Chergui, où cette tribu
reste groupée.

comm. mixte de l'Ouarsenis.

Oulad-ben-Chaà....Chellala, Bir-Recha, route Oulad - Bessem - Gharaba,

de Chellala à Tiaret, Ain-
Zouline, Sedra-Zilène,
Aïn-Souaha, Aïn-Ouaba,
Louksea.

Oulad-Sidi-Sliman. Magrounat, sur l'oued Touil,

Oulad-Zian..

Sofran.....

Oulad-Salah ...

Ababda..

Ben-Hammad - Recheiga
(point où la route de Chel-
lala à Tiaret coupe l'oued
Sousselem), Ain-Zoulène,
Sedra-Zilène, Nahr-Ouas-
sel, environs de Vialar.

comm. mixte de l'Ouarsenis.

Ksar-Yacoub, chez les Beni- Maïda.

Taguin, El-Krosni, Goudji- Beni-Maïda, comm. mixte
lah, Dar-ben-Chora, Oued| de Teniet-el-Had.
Sousselem, Aïn - Zilène,
Ain-Trisset.

Taguin, El-Krosni, Goudji- Tribu des Oulad - Amar, lah, Dar-ben-Chora, Ain

Timet-Baket, Aïn-Mous-
sekat.

comm. mixte de l'Ouarsenis.

Taguin, Goudjilah, Aïn- Beni-Lent, commune mixte

Dzarit, Ben-Courma, Ain-
Kebouda.

Taguin, Oued-Touil.

de Téniet-el-Had.

Tribu des Oulad-Ahmed-
Recheiga (annexe de
Chellala).

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