Images de page
PDF
ePub

à nos envoyés leur avaient paru suspects: il s'en présenta d'autres dont il fallut se contenter. De toutes les demandes des deux ambassadeurs, une seule parut contrarier vivement ces commissaires chinois. C'était l'article par lequel la France et l'Angleterre auraient le droit d'envoyer à Péking même des ministres chargés d'échanger les ratifications du nouveau traité. Le baron Gros et lord Elgin insistèrent sur ce point. Il fallait avant tout gagner du temps et arrêter la marche des alliés sur Péking, on accorda la concession demandée.

Une dépêche officielle du baron Gros, ministre de France en Chine, annonçant les résultats de l'expédition, était ainsi

conçue :

Tien-tsin, 19 juin 1859.

« Les vœux de l'empereur sont exaucés en Chine. Ce vaste empire s'ouvre au christianisme et presque entièrement au commerce et à l'industrie de l'Occident. Nos agents diplomatiques pourront résider temporairement à Péking; nos missionnaires iront partout. Un envoyé chinois se rendra à Paris. Le meurtrier du missionnaire Chapdelaine sera puni; la Gazette de Péking l'annoncera. Les lois contre le christianisme seront abrogées. Tous les engagements sont pris et en partie consignés sous le sceau des Commissaires impériaux. La France et l'Angleterre obtiennent les plus amples concessions. »

La réception à boulets rouges des nouveaux ambassadeurs à l'entrée du Pei-ho, et la défaite des troupes anglo-françaises, nous dispense de toute réflexion nouvelle au sujet du traité de Tien-tsin et de l'expédition à laquelle ont présidé M. le baron Gros et lord Seymour. L'indignation générale de la presse anglaise montre que de l'autre côté du détroit on a déjà reconnu suffisamment les fautes du

passé et leur conséquence directe dans les tristes circonstances du présent.

L'expédition du Peï-ho et le traité de Tien-tsin eurent cependant, en France surtout, de nombreux admirateurs. Nous ne fûmes jamais de ce nombre. Notre manière de voir à cet égard a été plusieurs fois consignée dans les principaux organes de la presse française.

Mais trêve avec le passé. De longues récriminations ne répareraient pas le cruel échec que nous venons d'essuyer à l'entrée du Peï-ho. Ce à quoi il faut songer désormais, c'est aux meilleurs moyens de relever dans les mers de Chine les couleurs ternies du pavillon tricolore; c'est à nous assurer dans ces mers une position solide et durable que de nouvelles fourberies ne parviendront plus à nous ravir. Il ne faut pas nous donner la misérable satisfaction de bombarder des places, de détruire des forteresses, d'incendier des villes. Ce que nous avons d'abord à faire, c'est de nous emparer, non pour le plaisir de faire du bruit, mais pour nous y installer d'une manière définitive et pour nous y maintenir par la suite de quelque île ou de quelque point important de la côte orientale du Céleste-Empire. C'est ensuite de prendre fait et cause pour le parti national de la Chine, qui, sous le nom de parti insurrectionnel, occupe plusieurs positions importantes de l'empire, entre autres la fameuse ville de Nan-king, capitale du sud. Il n'y a pas à douter qu'avec d'intelligents négociateurs nous ne parvenions à nous assurer de larges concessions pécuniaires et territoriales du parti insurrectionnel qui, fort de notre concours et de nos conseils, marchera victorieusement sur Péking et nous

permettra de punir d'une manière exemplaire et mémorable la conduite du gouvernement mandchou à notre égard.

Les résultats d'une telle politique seraient immenses. La Chine, à n'en pas douter, serait ouverte sans restriction à l'industrie et au commerce européens; notre influence sur les destinées de cet empire et sur celles de tous les autres états de l'Asie orientale deviendrait considérable; l'équilibre asiatique enfin, si menacé par les envahissements rapides de la Russie, serait fortement consolidé par la formation d'un nouvel empire tartare dont il serait bon de faciliter la création aux Mandchoux, entre la Sibérie et la Chine proprement dite.

Toute autre manière d'agir sera fatale, en Chine, à l'Angleterre et à la France. Que feront les malheureuses troupes que nous enverrons se perdre dans cet immense empire inconnu? S'ils ne sont pas vaincus par les innombrables soldats chinois, mandchoux, tibétains et mongols qui seront envoyés contre eux, ils seront vaincus par le climat, par les embarras de communications, par la difficulté de se procurer des vivres, par l'impossibilité de poursuivre l'empereur où il lui plaira d'aller. Et il ne faut pas l'oublier, tant que nous n'aurons pas un traité signé par l'empereur luimême sous les yeux de nos plénipotentiaires, nous n'aurons réalisé aucun résultat sérieux. Il ne faut plus aujourd'hui traiter à la légère les soldats dont nous avons reconnu la valeur dans notre récente défaite. Armées par l'étranger, et peut-être on l'affirme-instruites et dirigées par lui, les troupes de Hien-foung peuvent devenir redoutables. Puisse la France le comprendre. L'Angleterre l'a déjà compris.

***

DÉCOUVERTES DES SCANDINAVES

EN AMÉRIQUE

DU DIXIÈME AU TREIZIÈME SIÈCLE.

(Cinquième article '.)

Les extraits qui suivent attestent que les Islandais continuèrent pendant plus de trois siècles à visiter le NouveauMonde. On les a réunis ensemble suivant l'ordre chronologique, en indiquant par une majuscule les ouvrages d'où ils sont tirés. Ce sont :

I. (R) Annales Islandorum regii, qui commencent à Jules-César et vont jusqu'en l'année 1328 de J.-C. Langebek a inséré cette chronique dans Scriptores rerum danicarum, t. III, p. 1-135. Elle est fort exacte, et le manuscrit écrit avec soin et bien conservé. On conjecture que la partie antérieure au douzième siècle a été composée en 1156.

II. (V) Annales vetustissimi, qui vont de l'an 1 à l'an 1313 de J.-C. Il y a une lacune de 1000 à l'an 1269. Le manuscrit paraît être du commencement du quatorzième siècle. Langebek en a donné une édition dans son tom. II, p. 177-199.

III. (S) Shálholts annáll hinn forni (Anciennes annales

1 Voyez tome Ier, p. 97 et 137, et tome II, p. 23 et 116.

de Skalholt), qui s'arrêtent en 1356. On ne possède plus le commencement jusqu'à l'an 140, ni les années 1013 à 1180 et 1264 à 1272.

IV. (L) Lægmanns annáll (Annales du Juge), dont il ne reste que la partie traitant des années 272 à 1392.

V. (Res.) Annales Reseniani, ainsi nommées parce qu'elles appartenaient à l'historien Resenius. Elles paraissent s'être étendues jusqu'au quatorzième siècle, mais il ne reste plus que les années 228 à 1295.

VI. (F) Annales Flateyenses, dont on a déjà parlé.

VII. (H) Annales Holenses (Annales de Holum), qui comprennent les années 636 à 1394.

VIII. (G) Sluttligir ágrips annálar um Grænland (Court epitome des annales du Groenland), par Biœrn Jonsson de Skardsá, qui l'ajouta à la fin de sa collection de mémoires historiques et géographiques sur le Groenland. Cette chronique va de 986 à 1461.

1121. Erik, évêque de Groenland, partit pour explorer le Vinland (R. F. G.).

L'évêque Erik explora le Vinland (Res.).
L'évêque Erik Upsi explora le Vinland (L.).

Erik, évêque des Groenlandais, explora le Vinland (H.). 12851. On découvrit une terre à l'ouest de l'Islande (V.F.).

1 Il est vraisemblable que tous les passages réunis sous cette année se rapportent à une même découverte, et que les nouvelles terres furent appelées Duneyiar (îles du Duvet) probablement à cause de la grande. quantité d'oiseaux qui y nichaient. L'histoire nous apprend que le prêtre

« PrécédentContinuer »