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LES ILES GUANAJA.

[The States of Central-America, by E. G. SQUIER. Londres, 1859; in-8°.]

I. GÉOGRAPHIE.

Au fond du golfe de Honduras, parallèlement à la côte de la petite république qui lui donne son nom, à environ 50 à 80 kilomètres en mer, s'étend un chaîne de petites îles généralement peu connues des Européens, et dont l'importance politique et commerciale s'est révélée dans ces derniers temps seulement. Ce sont les îles Guanaja, que l'on peut considérer, par leur position géographique, comme les véritables clefs de l'Amérique-Centrale. En allant de l'est à l'ouest on rencontre successivement: Guanaja ou Bonacca qui a donné son nom au groupe, Barbaretta, Morat, Helena, Guayama ou Guaciba, que les Anglais appellent Roatan ou Ruatan, enfin Utila. De nombreux cays ou îlots de corail en dépendent. Ces îles, sur lesquelles flotte aujourd'hui le pavillon de la république de Honduras, sont généralement très-fertiles; elles jouissent d'un climat agréable, offrent d'excellents ports et sont d'un rapport à la fois précieux et important pour la partie du continent dont elles. sont une dépendance géographique.

Guanaja fut découverte par Christophe Colomb pendant son quatrième voyage, le 30 juillet 1502; elle a 15 kilomètres de longueur sur 8 de largeur; elle est à 80 kilomètres de la terre-ferme et à environ 24 kilomètres au nord-est de

II.

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Roatan, avec laquelle elle est jointe par une ligne de récifs offrant quelques passages très-étroits. C'est une terre élevée que l'on peut apercevoir d'une grande distance en mer et qui, de quelque point qu'on la considère, se présente sous un aspect agréable. Ses baies ont des eaux profondes et tellement claires, que l'on aperçoit les coraux et les coquillages qui en tapissent le lit. Dans la partie méridionale de l'île s'ouvre un excellent port, et sur ses côtes on pêche une grande variété de poissons. Guanaja offre de hautes collines boisées entrecoupées de riches vallées et de fertiles savanes où croissent des arbres fruitiers de différentes espèces; sur plusieurs points de ses côtes on voit des bois de cocotiers, et le centre de l'île est plus particulièrement nommé le jardin des cocotiers, quoique l'on y rencontre aussi d'autres arbres fruitiers qui, dans cette partie reculée, attestent la présence de l'industrie humaine.

Les bois de Guanaja abondent en cochons sauvages de la grosse espèce; ils servent d'abri à des milliers de lapins, tandis que sous leur ombrage voltigent les pigeons et les perroquets.

Dans le voisinage de la savane de Bight-Cay, importante par la richesse de sa végétation et ses arbres fruitiers, on a découvert une muraille en pierre qui, par son aspect et sa construction, semble être l'œuvre de quelque peuple non civilisé. Cette muraille s'étend à une certaine distance; elle n'a plus que quelques pieds de hauteur; çà et là on aperçoit des ouvertures faites en forme de niches grossières dans lesquelles sont des siéges de pierre qui, selon toute apparence, ont dû recevoir des idoles. On a trouvé sur ce point des objets en terre cuite grossièrement préparée et

des vases affectant différentes formes et propres à contenir des liquides. Tous ces objets paraissent avoir appartenu à la race primitive qui peuplait Guanaja.

Dans les mois d'avril et de mai des milliers d'oiseaux appelés boobies et noddies déposent leurs œufs dans la partie méridionale d'Half-moon Cay, ce qui est d'une grande ressource pour les habitants pendant deux mois. En outre des cocotiers, qui sont en quantité très-considérable et qui, comme on le sait, offrent tant de ressources à la vie intertropicale, Guanaja pourrait produire à trèspeu de frais d'exploitation du café, du tabac, du coton et du cacao. C'est en un mot une belle île, où l'on rencontre tout ce qui est nécessaire à la vie.

Guanaja offre aux navires un bon port avec deux entrées dont la meilleure est appelée Cayo de Pajaritos; il est situé à l'extrémité occidentale de l'île et conduit à la petite ville de Pajaritos, qui ne compte guère plus d'une centaine d'habitants. Elle était autrefois plus considérable, mais elle a été brûlée en 1639 par les Hollandais et plusieurs fois ravagée par les flibustiers et les aventuriers. Helena, Morat et Barbaretta sont comparativement de petites îles que l'on peut regarder comme des parties détachées de Roatan, à laquelle d'ailleurs elles sont encore soudées par une ligne de récifs à peine interrompue par quelques passes difficiles. Barbaretta est élevée et boisée; ses rares habitants y cultivent du coton, des pois, des haricots, et pendant la saison des pluies extraient de l'huile de palme. On trouve sur l'île de la volaille, des cochons sauvages, une sorte de canne à sucre et trois ou quatre variétés de raisins. Helena est plus petite que Barbaretta;

elle en est distante de huit kilomètres, et un étroit chenal la sépare de la pointe nord-est de Roatan. On y trouve quelques plantations, des pêcheries de tortues, et ses habitants exportent en barils la chaux qu'ils obtiennent d'une sorte de pierre que l'on rencontre en abondance dans l'île.

L'ile de Roatan doit son nom à sa principale ville Roata; elle est la plus grande du groupe des Guanaja. Elle compte environ 50 kilomètres de longueur sur 15 kilomètres dans sa plus grande largeur; sa partie orientale est assez élevée ; vers le nord ses côtes s'abaissent insensiblement vers la mer et ne présentent aucun point accessible aux navires; ce n'est que vers la côte méridionale que l'on trouve d'excellents ports, tels que Coxen-Hole, Port-Royal et DixonCove, qui d'ailleurs sont d'une défense facile. On cultive avec succès dans l'île le coton, le café, le sucre, le tabac et les autres productions tropicales. On y récolte une grande quantité de noix de coco, de yams, de bananes, d'ananas, de figues sauvages et de raisins; on trouve dans ses forêts du chêne blanc et des sapins propres à la mâture des navires; elles abondent en daims, en cochons sauvages, en lapins et en oiseaux de différentes espèces; ses côtes présentent de riches pêcheries. Une brise qui souffle constamment de l'est rafraîchit l'air, et l'on trouve sur l'île des sources abondantes. A une certaine distance en mer Roatan présente une singulière apparence de beauté: ses montagnes couvertes de luxuriantes forêts s'étagent graduellement jusqu'à la hauteur. de 900 pieds, et elles sont séparées les unes des autres par de riches vallées où sont la plupart des plantations.

Roatan semble, ainsi que les autres îles du groupe, avoir été occupée à une époque très-éloignée par des Indiens

aborigènes, c'est ce que l'on peut induire des nombreux ustensiles domestiques et culinaires qui ont été trouvés sur l'île lorsque l'on a voulu y établir des plantations; mais il paraîtrait que les Espagnols, avec leur cruel système d'occupation, parvinrent à les faire entièrement disparaître, soit en les faisant mourir, soit en les entraînant sur le continent, d'où ils ne revinrent jamais, pour les condamner au travail des mines.

La population actuelle, que l'on peut évaluer à 1,700 ou 1,800 âmes, est composée d'esclaves libérés de la GrandeCayman, et de quelques gens de couleur nés sur l'île même. Ces derniers sont les plus malheureux par suite de leur peu d'aptitude au travail et de la perte de leurs propriétés et de leurs esclaves. On rencontre encore quelques Européens que les hasards d'une vie orageuse ou leurs professions ont jetés sur ces lointains parages; malgré leur petit nombre, ils exercent une certaine influence dans les conseils com

munaux.

Cette population est principalement répartic sur les côtes de l'île; les habitations s'élèvent au milieu des plantations et des palmiers; chacune possède ses petits bâtiments et ses bateaux de pêche qui permettent de subvenir par le cabotage à tous les besoins de la petite colonie. Les ports principaux sont Coxen-Hole ou Port-Macdonald et DixonCove; ils sont tous deux parfaitement abrités; les navires y trouvent de grandes facilités pour se réparer, et l'eau fraîche y est en abondance. Dixon-Cove est aussi un bon port, situé à environ 10 kilomètres à l'est de Port-Macdonald auquel il est préféré à plusieurs égards. Nommons encore Port-Royal, qui peut abriter vingt ou trente navires et

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