Images de page
PDF
ePub

de ce qu'il se trouve dans le cartouche royal qu'on vient de voir, et qui désigne le grand Sésostris, nom que les Grecs ont donné à ce Ramsès; mais ce cachet égyptien phonétique pourrait être remplacé à volonté par le caractère équivalent que voici, et qui sera tiré du nom de l'enfant assis au pied du groupe des jeunes époux dont j'ai déjà parlé :

Il représente un hoyau, ou espèce de pioche recourbée, se nommant également Méri et dont on se servait dans ces temps primitifs pour travailler à la terre. On peut voir, parmi les objets usuels conservés au Musée égyptien de Paris, cet instrument qui nous paraîtrait assez incommode, mais qui suffisait pour remuer à peu de profondeur le terrain très-fertile de la vallée limoneuse du Nil.

Ces deux signes présentent donc la plus simple manière d'écrire le prénom d'Aimée, équivalent de Méri ou Marie; mais celles qui feront ou pour lesquelles on fera les frais d'une gravure plus compliquée, pourront, d'après l'indication qui va suivre, obtenir un cachet tout à fait conforme aux usages de l'Égypte 1.

On trouve assez fréquemment ce nom égyptien de Marie; il est représenté de la manière suivante dans les inscriptions antiques, et nous plaçons ce nom de la Reine du ciel

1 Cet hieroglyphe du nom de Marie, pour former de nos jours un cachet de femme, doit être réduit de moitié.

dans le cartouche, qui, comme nous l'avons dit, était réservé aux souverains et aux divinités de l'Égypte :

H

Les quatre derniers signes de ce cartouche de Marie, en tête duquel se retrouve le caractère déjà cité, sont symboliques; ils servent ici à faire connaître que l'inscription désigne un prénom. C'est ce qu'on nomme les signes déterminatifs. Le bassin est le nom de Marie; les deux caractères suivants, les feuilles, représentent l'i final du nom. Ce signe a été jugé nécessaire par l'antique graveur égyptien pour bien exprimer la prononciation de la syllabe finale. Ceux qui viennent ensuite, la coupe renversée ou segment de sphère et l'œuf de poule , sont les symboles par

lesquels les anciens Égyptiens indiquaient la maternité. Le cachet ci-dessus pouvait donc appartenir à une mère de famille, une matrone égyptienne; mais ces signes maternels peuvent être supprimés à volonté. Quant à la petite femme

assise à terre et qui n'a pas de bras apparents

c'est

l'un de ces emblèmes conçus dans l'esprit de naïveté, mêlé d'un peu de malice, qu'on retrouve assez souvent dans l'écriture figurée de ce peuple. C'est une silhouette de femme accroupie sans bras visibles, par opposition à celle d'un homme

ordinairement ainsi représenté

et dont les bras sem

blent gesticuler avec activité. Cette antithèse hiéroglyphique signifiait, dans l'antiquité égyptienne, que le mari doit être bon travailleur, courageux, toujours prêt à se battre pour défendre les siens, tandis que la femme, au contraire, doit être casanière, sédentaire, douce, résignée et presque toujours passive. Les belles Romaines1 dont parle Horace, dans sa VIe ode, lorsqu'elles s'arrangeaient les ongles pour se mettre sur la défensive ou même se préparer à une agression peu redoutable, étaient d'un avis tout opposé.

Je viens d'indiquer quatre cachets égyptiens authentiques à toute Marie qui voudra bien les adopter, et que ceux dont elle est aimée s'empresseront de lui offrir.

II.

LE NOM DE MARIE CHEZ LES NATIONS MUSULMANES.

De nos jours encore, ce prénom se retrouve chez les femmes arabes, turques ou persanes, sous la forme de Miriam; l'une des femmes de Mahomet s'appelait ainsi (Marie la Copte).

J'ai dit, à propos du mot de révolution, proposé par les anciens étymologistes, parmi toutes les interprétations cherchées au hasard dans l'hébreu, que ce prénom de femme existe chez les musulmans; une citation textuelle va le prouver.

Une figure de la rhétorique orientale, très-usitée, surtout

1 Les différents traducteurs d'Horace ne sont pas d'accord sur le sens à donner à ces expressions de seclis unguibus (ongles coupés); on ne saurait décider si cette mode romaine consistait à aiguiser les ongles ou à les émousser.

parmi les poëtes arabes et persans, donne aux femmes dont la beauté fait époque ou grande sensation, le nom de FITNÉ, a révolution.

شهر

شهر

انگیز اشوب

Nous disons également d'une femme dont la première apparition dans une ville a produit une impression extraordinaire: Madame de L***, ou lady S***, ou la princesse T*** a fait révolution dès qu'elle a paru; mais chez les Orientaux cette expression est passée à l'état de métaphore proverbiale. Les Persans donnent à leurs beautés célèbres, aux lionnes des sérails d'Asterabad et d'Ispahan, le nom de CHEHRENGIZ, qui met la ville en rumeur; ou de CHEHRACHUB, qui met la ville en confusion. Nous en trouvons la preuve dans le recueil des vers de Saadi. Voici la traduction d'un petit poëme du Tibulle, de l'Anacréon de Chiraz, dont les œuvres sont si fécondes en idées ingénieuses, que les écrivains orientaux y puisent à l'envi et les ont surnommées la salière des poëtes. Ce qui suit est l'imitation à peu près exacte de ce passage du poëte oriental. Il serait impossible d'en donner une traduction fidèle les métaphores persanes et arabes, gracieuses dans les poëmes originaux, auraient l'inconvénient de nous paraître inintelligibles ou d'un goût hasardé. Elles sont en outre d'une banalité fatigante, les mêmes images se reproduisant constamment dans le marivaudage des rives de l'Euphrate et du Golfe Persique. Comparer la taille d'une femme à un cyprès, le sourire de ses lèvres vermeilles à un vin délicieux, et surtout son visage à la pleine lune, serait certainement contraire au génie de notre langue; le narcisse et le rossignol nous ont, au contraire, paru pouvoir être conservés dans la traduction.

.LAILA FITNE ليلي فتنه

Hier, je reposais sur le divan soyeux
Où Laïla, ma bien-aimée,

Venait de fermer ses beaux yeux.
Je respirais son haleine embaumée.
Dans son sommeil je lui souris,
Je contemplais la beauté que j'adore ;
Je la trouvais plus blanche encore
Que les péris

Du paradis,
Et je lui dis :

Pourquoi tes yeux, ma toute belle,

« Sont-ils fermés?

« Pour briller de flamme éternelle,
« Oui, d'une ardeur toujours nouvelle
«Ils sont formés.

«La tubéreuse et les narcisses

« Ferment-ils jamais leurs calices
« Si parfumés?

Oh! rends-moi cette voix si tendre,
« Ces mots si doux à prononcer :
« Le rossignol se fait entendre
« Sans se lasser.

« De mon repos chère ennemie,
O trouble et bonheur de ma vie,
« RÉVOLUTION de mon cœur,
« De mon harem, de mon empire!
« Rends-moi ton regard enchanteur,
« Rends-moi ton amoureux sourire. »

A ces mots la douce beauté
Paraissant renaître à la vie,

Rouvrant sa paupière alourdie

« PrécédentContinuer »