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passe rarement 150 pieds, et leur hauteur varie de 30 à 50. La coupole est une chose essentielle dans les tôpes, et voici la composition intérieure de beaucoup de ces monuments. Au fond on trouve une ou plusieurs cellules carrées, et au point central deux ou trois boîtes de métal, or, argent ou cuivre, renfermées l'une dans l'autre et avec des couvercles en formes de coupole; sur ces cellules on a bâti un tôpe en pierres ou en briques, régulièrement formé avec sa coupole, et ce tôpe intérieur a été lui-même environné de l'immense revêtement qui constitue le tôpe extérieur. Quant à l'espace vide entre ces deux constructions, il est rempli avec des pierres brutes. Ajoutons que le tôpe était environné parfois d'un fossé et même d'une enceinte carrée fermée par un rempart de terre ou par un mur. Si l'édifice n'était pas situé près d'un étang naturel, d'une rivière ou d'une source, on établissait aux environs des bassins artificiels pour fournir aux dévots l'eau nécessaire à leurs ablutions. Dans plusieurs des tôpes qu'on a explorés, on a remarqué les traces de passages souterrains, comblés maintenant en partie par des affaissements, et qui servaient jadis à conduire au centre de l'édifice les personnages admis à adorer les reliques de Bouddha qui y était enfermées. Cette entrée mystérieuse paraît avoir communiqué souvent avec le fonds d'un puits creusé dans le voisinage.

On a trouvé dans les cellules intérieures de plusieurs tôpes, de la terre fine criblée, ou du sable et des cendres formant souvent une masse très-compacte composée probablement des cendres du bois avec lequel on avait brûlé le cadavre du saint personnage, mêlées avec la terre du grand fourneau construit pour la crémation qui se pratique

encore de la même manière dans la Tartarie, le Népal et le Tibet. Parfois cette masse recouvre des urnes ou vases contenant, soit une espèce de terre rougeâtre, soit de la cendre ou des fragments d'os. Outre ces objets, on a trouvé, dans différents tôpes, des vases d'or, d'argent, de cuivre, de fer, de pierre stéatite, des ornements, des monnaies de princes bachiens et indiens qui ont régné du troisième siècle avant notre ère au seizième siècle après Jésus-Christ, des pierres précieuses, des bagues, des cylindres et des flacons de verre, des pierres ovales et sphériques, des lampes. Ces objets sont placés, soit dans les vases, soit à côté, soit dans la masse de terre et de cendres qui recouvre le sol. L'exploration du tôpe de Manikyala, par Ventura, général européen au service de Rundjet-Singh, mérite d'être ici succinctement décrite. Cet officier, après avoir essayé vainement de faire percer le tôpe par la base, s'aperçut qu'un puits descendait du sommet dans l'intérieur de l'édifice, et il essaya d'y pénétrer par cette voie. Le puits s'arrêtait à la moitié du tôpe. Les travailleurs eurent alors à défoncer un pavé de pierres énormes, et, cet obstacle brisé, on parvint dans le caveau intérieur où l'on trouva trois boîtes cylindriques, l'une d'or, l'autre d'étain ou de métal composé, et la dernière de fer, placées l'une dans l'autre et posées dans une niche pratiquée dans une grosse pierre faisant partie des fondements. La boîte d'or, haute de trois pouces et d'un diamètre de six lignes, renfermait une substance noire, semblable à de la boue, à moitié liquide et mélangée de fragments de verre et de succin; ce qui fait penser qu'elle était dans une fiole de verre. On recueillit aussi dans cette substance deux petites médailles, l'une d'or, présentant une tête humaine et

l'instrument à quatre pointes qui figure sur toutes les médailles découvertes autour de Manikyala; l'autre portant, sur un côté, une inscription, sans doute indienne, en caractères grossièrement exécutés. On rencontra, dans le tôpe, beaucoup d'autres médailles d'or, d'argent, de cuivre, et divers objets qui furent envoyés à Paris.

Un savant norvégien, M. Holmboe, homme très-versé dans les études orientales, avait souvent remarqué des rapports étranges entre les tôpes et les hangs ou tumuli de la Scandinavie, au point de vue de leur construction intérieure et extérieure et des objets qu'ils renferment, et une étude spéciale de ces monuments l'a confirmé dans l'opinion qu'il avait déjà conçue, que le culte d'Odin, si empreint d'orientalisme, n'était qu'une dérivation du bouddhisme. Le tôpe n'est qu'un développement du tertre primitif, et les hangs affectent, comme les tôpes, une dimension colossale, car on en voit, en Norvége, plusieurs dont la circonférence varie de 300 à 450 pieds. Quant aux objets renfermés dans les hangs, ils ne diffèrent pas de ceux qu'on a trouvés dans les tôpes, sans en excepter la masse compacte de terre cri

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blée et rougeâtre. Les monnaies y sont moins nombreuses,

II.

1859.

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mais elles ont la ressemblance la plus frappante avec celles des monuments bouddhistes dont elles paraissent n'être que des imitations. Deux types surtout en offrent, suivant M. Holmboe, la preuve évidente; nous les reproduisons ici

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(fig. 1 et 2). La monnaie no 1 appartient, suivant MM. Lassen et Wilson, à une dynastie qui a régné dans le Sandjab après les Ases, au premier siècle de notre ère. Le revers porte l'in

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scription: COTHP METAC BACIAEVC BACIAEON (le grand sauveur roi des rois), et ce type se rencontre partout dans

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l'Afghanistan, le Sandjab, et jusque dans la vallée du Gange. La figure no 2, qui paraît être une contrefaçon de la première,

provient d'un hang de la Norvége. La figure no 3 représente le dieu Siva avec le taureau Nandi et la croix mystique du bouddhisme, et sur l'autre face, entre les pieds du personnage, on remarque la croix mystique, qui joue un rôle si capital chez les bouddhistes, et qui se retrouve également sur la monnaie norvégienne no 4, où la tête de Siva apparaît au-dessus du taureau sacré 1.

ALEXANDRE BONNEAU (de la Presse).

DÉCOUVERTES DES SCANDINAVES

EN AMÉRIQUE

DU DIXIÈME AU TREIZIÈME SIÈCLE.

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(Troisième article 2.)

CHAP. IX. Cependant Karlsefne, accompagné de Snorre, de Biarne et du reste de la troupe, se dirigea vers le sud en longeant les côtes. Ils naviguèrent longtemps jusqu'à ce qu'ils arrivassent à l'embouchure d'un fleuve qui tombait dans la mer après avoir traversé un lac. Il y avait de larges bas-fonds [de grandes îles], de sorte qu'on ne pouvait pénétrer dans le fleuve qu'à la haute marée. Les explorateurs y entrèrent et donnèrent au pays environnant le nom de Hop 3. Ils y trouvèrent du froment qui poussait sponta

1 Cet article encore inédit doit paraître dans l'Encyclopédie du dixneuvième siècle.

Voy. t. Ier (1858-59), p. 97 et 137.

3 En islandais, Hop signifie une petite anse formée par l'embouchure

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