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plus célèbres toiles de l'illustre artiste, à laquelle M. Renan, de l'Institut, a consacré une de ses « Études d'Histoire religieuse

Les anges pleurant la mort du Christ; plusieurs Christ; Les anges chez Abraham; Ruth et Noémi; Jacob et Rachel, etc.; enfin divers autres tableaux remarquables, ou ébauches de tableaux, parmi lesquels nous citerons seulement, Annibal jurant de venger la mort de son frère, peint en 4840; la Retraite de Russie; Saint Louis atteint de la peste visite les soldats malades, etc. C. L.

CHRONIQUE THÉATRALE.

[THEATRE-FRANÇAIS. Reprise d'Athalie, tragédie en cinq actes de RACINE, avec les nouveaux chœurs de Cohen.]

Athalie, ce chef-d'œuvre de la tragédie du grand siècle, d'un caractère à peu près unique, vient de reparaître sur la scène du Théâtre-Français.

Ce n'était pas une entreprise facile que de reprendre une suite de représentations d'une pièce religieuse, conçue dans un esprit déjà bien différent de celui de notre culte, et dans laquelle tout ce qui peut avoir trait de près ou de loin à l'amour, a dû être rigoureusement exclu. Il faut, à coup sûr, qu'il y ait dans Athalie un bien grand charme de poésie, de mise en scène et d'incidents dramatiques, pour que le public puisse s'y intéresser aussi vivement qu'il l'a fait dans tout le cours de la reprise de cette tragédie; car, ces qualités mises à part, que renferme donc en lui-même le sujet de la pièce pour exciter notre attention et captiver notre intérêt? Il s'agit de rétablir sur le trône de Juda, dans l'intérêt des prêtres, un jeune enfant qui déjà a l'esprit bourré des formules routinières et dévotes qu'on lui a serinées dans l'intérieur du temple où il a vécu toute sa vie :

Ce temple est mon pays, je n'en connais point d'autre.

Cet enfant, on veut nous le rendre intéressant; mais tout d'abord on nous apprend que, pour répondre aux avances de son aïcule qui lui offre de venir jouir dans son palais des faveurs du trône, il doit bientôt plonger dans son sein un glaive « tout entier » ; on nous apprend peu après que Joas, ce même enfant, doit être un jour un cruel tyran, et massacrer dans le temple le grand-prêtre Zacharie, son ami d'enfance, et le fils de Joad, son sauveur et son bienfaiteur. D'autre part, on nous montre le Pontife du Dieu des juifs, celui à qui seul est réservée l'entrée du Saint des Saints, engager ses prêtres, pour satisfaire son caprice ou ses préjugés, à tremper leurs mains dans le sang de leurs compatriotes, et même dans celui de leurs plus chers parents:

Frappez et Tyriens, et même Israëlites.
Ne descendez-vous pas

de ces fameux lévites

Qui, lorsqu'au bord du Nil, le volage Israël
Rendit dans le désert un culte criminel,

De leurs plus chers parents saintement homicides,
Consacrèrent leurs mains dans le sang

Et par ce noble exploit....? etc.

des perfides,

Mais, comme nous l'avons dit, il y a tant de qualités rares dans la tragédie d'Athalie, le développement de la pièce est si bien conçu et si bien gradué, qu'il est impossible de ne pas s'y intéresser de scène en scène jusqu'à la fin. Le dénouement surtout est essentiellement dramatique, et d'un effet théâtral des plus magnifiques. Il est seulement à regretter que, dans la reprise de cette pièce, on n'ait pas suivi scrupuleusement le plan de l'auteur qui voulait qu'au moment où Athalie demande à ses soldats de la délivrer du jeune Joas assis sur son trône, le fond du théâtre s'ouvrit et laissât apparaître des lévites armés en grand nombre accourant à la défense de leur roi. C'est un petit défaut qu'on eût pu éviter facilement et qui aurait donné un nouveau charme à la scène palpitante qui dénoue la belle tragédie de Racine.

La reprise d'Athalie, grâce à l'adjonction des chœurs qu'on a eu souvent le tort de supprimer, a été accueillie par un succès inattendu. La musique de M. Cohen, peut-être inférieure à celle de

Mendelsohn au point de vue de la vivacité et de la couleur locale, a un caractère profondément religieux. Certains chœurs sont un peu froids pour une époque d'effervescence religieuse au milieu de laquelle nous devons placer la tragédie qui nous occupe; celui du départ, Partez, enfants d'Aaron, chanté au moment où la trompette sacrée appelle les lévites à la prise d'armes pour la défense du saint temple et du successeur de David, au contraire, a quelque chose d'entraînant et de sympathique; il est d'un effet admirable.

Madame Guyon s'est montrée véritablement supérieure dans le rôle difficile d'Athalie. Sa diction cadencée qui fait sentir le vers, au lieu d'en effacer la rime et le mètre, pour aboutir au naturel vulgaire recherché aujourd'hui de préférence aux accents un peu surnaturels, il est vrai, mais cependant non moins vraisemblables de la voix d'un héros créé ou grandi par l'imagination, accents un peu forcés que demandait Voltaire, sa diction rhythmique, dis-je, a eu ses critiques et ses approbateurs. M. Théophile Gautier préfère cependant cette diction particulière à Madame Guyon; il trouve qu'on a tort de chercher à introduire dans la tragédie le langage de la vie ordinaire. Les tragédiens doivent accentuer leurs mots plus que nous ne le faisons journellement, et mettre autant de distance entre leurs intonations et les nôtres, qu'il y a de différence entre la poésie de Racine et la prose de Molière.

Beauvallet a su donner au rôle du grand-prêtre un accent noble et élevé. Dans plusieurs scènes, il a produit par sa diction ferme et sonore, une vive sensation dans l'auditoire. Maubant a rempli avec talent le rôle d'Abner, et Mademoiselle Devoyod a signalé ses débuts, dans le rôle de Josabeth, par une grâce et une vérité d'intonation peu communes. N'oublions pas de citer la charmante Mademoiselle Stella-Colas, qui s'est acquittée avec un rare talent du rôle court mais difficile de Zacharie.

Un mot sur les costumes. Nous avons remarqué avec plaisir que la direction du Théâtre Français s'est efforcée de reproduire avec une certaine exactitude la plupart des costumes de la pièce d'Athalie. Nous regrettons cependant qu'elle se soit départie de ce principe pour l'habillement du grand-prêtre qui nous est si minutieu

sement décrit par le Lévitique, et que ce riche costume ait été négligé au détriment de l'histoire, de l'art, et surtout de l'effet théâtral.

LEONE D'ALBANO.

ACTES OFFICIELS ET DOCUMENTS DIVERS.

PRESTATION De serment du président geffrard.

Le dimanche 23 février, juste à un mois de date de l'acte de déchéance de l'empereur Soulouque, a eu lieu devant le sénat de la république d'Haïti la prestation de serment du président Geffrard. Après avoir fait apporter la couronne du souverain déchu, il prononça le discours suivant :

« Citoyens sénateurs et vous tous mes concitoyens, lorsque nos pères, au prix de tous les sacrifices, nous léguèrent cette chère patrie, ils nous la transmirent pure de toutes sortes de distinctions et de prérogatives odieuses. Les principes pour lesquels ils avaient combattu et au nom desquels ils avaient triomphé excluaient d'ailleurs toute idée de priviléges à l'égard d'une chose acquise en commun et qui doit être à jamais la chose de tous.

«En instituant l'empire, le gouvernement déchu a forfait à la tradition nationale; il a insulté aux mânes de nos pères. Vous avez devant vous le principal attribut du pouvoir souverain de ce gouvernement. C'est pour l'anéantir à jamais que nous l'avons fait porter aujourd'hui dans cette enceinte. Cette couronne, nous aurions pu la briser matériellement; mais nous nous gardons d'un pareil acte de vandalisme. Au moyen des trois signes symboliques que je frappe sur elle, déclarez seulement avec moi, concitoyens, qu'elle est de fait brisée, et brisée à tout jamais. Elle sera déposée au Trésor public, où elle ne s'appréciera qu'à sa juste valeur intrinsèque.

Pour apaiser les månes généreux de nos pères et préserver notre prospérité de tout retour vers la triste aberration du gouvernement déchu, jurons et proclamons que l'empire est à tout jamais aboli à Haïti, que jamais plus aucun pouvoir impérial ou royal ne reparaîtra sur cette terre de liberté.

« De ce pas, mes concitoyens, allons au temple du Seigneur, le remercier des grâces dont il vient de nous combler. »>

On lit dans le Moniteur universel du 18 mai courant:

« La Société d'ethnographie américaine et orientale, constituée et approuvée par décision de S. Exc. le Ministre de l'Instruction publique, vient de tenir sa première séance sous la présidence de M. le baron de Bourgoing, sénateur. Les autres membres du bureau nommés à cette séance sont : Président du conseil, le prince Vlangali; Vice-présidents: MM. Jomard, de l'Institut; Chodzko; Maury, de l'Institut; Aubin; Lenormant, de l'Institut; Eichhoff, de l'Institut; Secrétaire perpétuel, M. Léon de Rosny; Secrétaire adjoint, M. Beauvois; Trésorier, M. de Charencey. »

Le général Ignatief, fils du gouverneur militaire de Pétersbourg, a été nommé ambassadeur de Russie près la cour de Péking. Il s'est mis récemment en route avec un nombreux personnel pour se rendre à son poste.

- L'Echo du Pacifique du 19 mars nous rapporte un fait curieux qui mériterait d'attirer l'attention des physiologistes : « Une Chinoise des environs de la rue Jackson vient de mettre au monde trois enfants paraissant appartenir à trois races différentes : l'un à la race mongole, l'autre à la race circassienne, et le dernier à la race africaine. » Qu'en pense M. Michelet?

L. LÉON DE ROSNY.

Imprimerie orientale de Marius Nicolas, à Meulan.

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