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Châamba leur avaient d'ailleurs fait dire qu'ils n'avaient pas l'intention de s'exposer à aucun ennui pour eux, leur conseillant par suite de se tenir à l'écart (1).

Leur mouvement venait à peine de commencer lorsqu'ils reçurent un message des Cheheub, qui organisaient une expédition dans la direction de Metlili. Cinq d'entre eux répondirent à cet appel, et allèrent rejoindre le rezzou, fort d'une vingtaine de mehara, dans les derniers jours d'octobre (2). Prenant la route d'Ouargla, la harka passa d'abord à Hassi-Inifel, puis, obliquant vers l'Ouest, se dirigea sur Hassi-El-Melah et atteignit au bout de douze jours le Medjebed-Ghourfan, que suivent les Châamba et les Mekhadema pour aller au Mzab.

Elle trouva en y arrivant les traces d'une caravane, qui, d'après l'aspect de la piste, devait être tout près. En effet, au bout de quelques heures, elle la rejoignit à moitié chemin d'Haoudh-Mellala au puits de Mumerat. Cette caravane, qui revenait du Mzab avec un chargement de marchandises pour le compte de Mozabites, comprenait dix-huit chameaux conduits par trois Mekhadema, qui, en apercevant l'ennemi, se mirent sur la défensive..Mais la disproportion numérique était trop grande pour qu'ils

(1) Quelques nouveaux adhérents, notamment tous les LaghouatEl-Ksel, qui avaient d'abord suivi les Cheheub, se joignirent alors aux Medaganat. Par contre, Abd-El-Kader ben Ghaouti, Cheikh ben Bou Saïd, Diab. El-Madani et les Oulad-Zid d'El-Goléah, les quittèrent; ils se rendirent aussi au Ahaggar, mais directement, et pour s'installer au milieu des campement des Taïtok et des KelRhela. Quelques autres Châamba, Bou Khecheba et Bou Ache notamment retournèrent à In-Salah, enfin les Cheheub revinrent à Ingher.

De leur côté, les Zoua, qui avaient passé la première partie de l'année avec les Medaganat, Radjaà et quelques autres, rentrèrent à Foggarat-Ez-Zoua.

(2) Le rezzou commandé par Kaddour ben Ali ben Lecheb comprenait, outre les Cheheub et les Medaganat, des Zoua, parmi lesquels El-Hadj Ahmed El-Rahmeni et Ed-Dine ben Maamar, quelques Laghouat El-Ksel de la famille de Kaddour ben Sassi, qui les avait amenés, et deux Touareg.

pussent faire une longue résistance. A la première décharge, deux d'entre eux tombèrent, l'un mort, l'autre grièvement blessé (1); le troisième s'enfuit.

Le même jour, dans l'après-midi, le rezzou, qui s'était dirigé, après avoir réuni les chameaux razzés dans cet engagement, vers la route de Metlili, surprit une seconde caravane de onze chameaux, appartenant à trois Châamba d'Ouargla (2). L'un d'eux (3) était parent d'un Zoui, qui faisait partie de l'expédition (4).

Celui-ci le reconnaissant de loin, se détacha du groupe des assaillants et s'avança seul vers les Châamba, qui, confiants dans ses promesses, ne songèrent ni à se mettre sur la défensive ni à s'enfuir.

Ils laissèrent donc les Medaganat se rapprocher, mais à peine arrivés à proximité, ceux-ci se jetèrent sur eux et les désarmèrent.

Pour plus de sûreté, il fut décidé qu'on les garderait prisonniers quelque temps, et, le rezzou reprenant aussitôt la route du Sud, les emmena jusqu'à H.-Berkaoui où on les relâcha, en leur rendant deux chameaux.

D'H.-Berkaoui, la harka gagna H.-Inifel et se sépara: les Cheheub et quelques Zoua qui les avaient accompagnés, allèrent rejoindre à H.-Tioughi, dans le Maâder, leurs campements qui étaient venus s'y installer, pendant que les Medaganat prenaient la route du Ahaggar par H.-el-Messegguem.

Les Châamba razzés appartenaient à une famille maraboutique originaire de Metlili, les Oulad-Sidi-Hamirat, qui jouissent chez les Habb-er-Rieh d'Ouargla d'une certaine influence.

(1) Mohamed ben Ahmed ben Moussa, qui, trouvé le lendemain par une autre caravane, fut ramené à Ouargla, et parvint à se guérir de ses blessures.

(2) Djouani et Badiar, des Oulad-Bou-Saïd, et Hamira ben Mohamed, des Oulad-Sidi-Hamira.

(3) Hamira ben Mohamed.

(4) El-Hadj Ahmed el-Raheumi.

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· Ils réussirent donc assez aisément à obtenir qu'un meâd serait envoyé au nom de la tribu toute entière pour réclamer les chameaux qui leur avaient été pris.

Cette députation trouva les Cheheub à Tioughi, et, après une courte discussion, ceux-ci restituèrent les animaux qu'ils avaient gardés, sauf bien entendu ceux des Mekhadema. Il en fut de même des Zoua, dont deux seulement étaient déjà partis pour In-Salah. Quant aux Medaganat, il n'était pas possible de songer à les atteindre sur la route des Ahaggar; aussi conservèrent-ils toutes leurs prises.

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En partant de l'Aoulef, les Medaganat avaient suivi la vallée de Jahret jusqu'à l'oued El-Melok, puis, s'engageant dans l'Arak, ils avaient été passer quelque temps dans le maâder de cet Oued. Là, une partie des Laghouatel- Ksel quittèrent, pour rentrer à In-Salah, leurs compagnons, qui continuèrent seuls à s'avancer vers le Sud, et arrivèrent ainsi à l'oued Tirhedjert vers la fin du printemps.

Les plateaux du Mouydir, que traverse l'Arak, et que longe au Sud la grande vallée du Tirhedjert, sont, comme la plupart des massifs devoniens de ces régions, d'énormes escarpements tabulaires, qui enserrent d'étroits thalwegs s'élargissant çà et là en maâder, où les gommiers et les éthels forment de petits bouquets de

bois, au milieu d'amoncellements de sables couverts d'une végétation vigoureuse, hadh, drine et autres plantes fourragères, ou de chaàl, nom sous lequel sont désignés tous les petits arbrisseaux secs qui servent à faire du feu. Quelques sources laissent, çà et là, couler un maigre filet d'eau, et de nombreux puits s'y trouvent partout. Enfin, le gibier est toujours en abondance dans ces parages.

Laissant donc les troupeaux dans les vallées, les Medaganat passèrent leur temps à chasser la gazelle, le mouflon de montagne et l'antilope. Quelques-uns d'entre eux avaient acheté des tentes à In-Salah, mais le plus grand nombre en manquait encore. Les peaux de lerouï (1) et de begueur el ouach (2) leur fournirent le cuir nécessaire pour s'en faire. Quant à la viande, ils la faisaient boucaner au soleil, et allaient vendre à In-Salah l'excédant dont ils pouvaient disposer.

La région du haut Tirhedjert est beaucoup moins riche que le Mouydir, mais le besoin de déplacement, inné chez les nomades, ne décida pas moins les Medaganat à s'y rendre.

Là, ils trouvèrent les Kêl-Ahamallel et quelques Taïtok qui leur firent un accueil empressé.

Peu après leur arrivée, un mead des Azdjer, alors en paix avec le Ahaggar, y vint demander le concours de ses guerriers pour une expédition contre les Kherdan, fraction du Tebou, limitrophe du Fezzan, avec lesquels ils étaient en guerre, et qu'une partie des tribus de ce dernier pays, les Oulad-bou-Sif notamment, appuyaient. Les Ahaggar partirent aussitôt avec 300 mehara pour rejoindre le rezzou des Azder, qui en comprenait 200, et quelques Medaganat (3) les accompagnèrent.

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(3) Boubeker ben Abdelhakem, Mohammed ben Ali El-Kheir ben Mérigig, les Oulad-ben-Chaoud et un Zoui, ainsi que Diab ben

Les contingents du Ahaggar suivirent d'abord le reg d'Amadghor, à la sortie duquel ils prirent la route de Rhat pour se réunir aux Azdjer, et la harka s'engagea dans la hamada déserte qui sépare le pays des Touareg de celui des Tebou, un peu au sud du Fezzan.

Le sixième jour après leur jonction, les Touareg arrivèrent au milieu des campements des Kerdan, et, après un léger combat, leur tuèrent sept hommes. Toute la tribu s'enfuit, laissant là ses chameaux, au nombre de plusieurs milliers. La harka se débanda aussitôt, et cha-. cun partit précipitamment de son côté emmenant les animaux qu'il avait pris. Quelques-uns en avaient plus de cinquante. Mais les goum des Oulad-bou-Sif arrivèrent avant que le rezzou ne se fût engagé de nouveau dans la hamada, et les luttes isolées qui s'engagèrent furent défavorables aux premiers assaillants: les Ahaggar perdirent six hommes, les Azdjer trois et les Medaganat un, Mohamed ben Ali.

Néanmoins, la harka réussit à emmener la plus grande partie de son butin. Sans les pertes dues à la rapidité de la marche jusqu'à l'entrée de leur territoire, les Touareg auraient ou de six à huit bètes chacun. Le plus grand nombre n'en eut que quatre, et quelques-uns seulement, parmi lesquels les Chaamba, six.

Pendant qu'une grande partie des forces du Ahaggar était ainsi occupée du côté du Fezzan, les Medaganat qui n'avaient pas pris part à l'expédition en organisèrent une autre pour aller razzer l'Adrharh, sous la conduite de quelques Taïtok qui devait leur servir de guides. Leurs campements se trouvaient à Inghebir, sur le Haut-Tirhedjert, au pied des derniers contreforts de Garat-ed-Djemnoun, l'Oudan des Touareg.

La razzia, forte de 35 mehara, laissant à gauche le massif central du Alaggar, déboucha par Tit-et-Selet, sur

Lakhedar qui se trouvait de ces côtés et Segher ben Cheikh, qui devait, plus tard, ètre l'instigateur du massacre du colonel Flatters.

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