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jana, fils du ciel, comme les Cudjana berbères: leur

dénomination nationale était Rasena, mot dont le sens

berbère est : « homme savant, »

ᄆ = R = our = homme,

=Sen = sena = savoir, savant,

dénomination qui est en harmonie parfaite avec ce que nous savons de ce peuple si remarquable par la haute culture intellectuelle où il était parvenu dès les âges les plus reculés.

Chez les Étrusques, sur la limite de l'Ombrie, nous trouvons, comme nom d'une des principales tribus, les Taddertains, mot dont la traduction berbère est « villageois, citadins, et plus rigoureusement montagnards, et qui vient de +A+ taddert, ville, village, montagne, dénomination géographique d'un grand nombre de localités kabyles ou sahariennes.

D'après Schaw, ce nom, en caractères étrusques, s'écrit: 303+V+ et se lit de droite à gauche: touder (1). On est frappé de la ressemblance de ces caractères avec les tifinar; encore bien que la valeur des lettres ne soit pas identique, on voit qu'on en est présence d'alphabets de la même famille. Une étude comparée du berbère et de l'étrusque mettrait certainement en relief d'autres similitudes plus remarquables encore dans les mœurs, dans les formes et dessins des poteries, et aussi dans le langage, à en juger du moins par le latin qui est le seul idiome voisin de l'étrusque dont nous puissions parler. Mais là où il conviendrait surtout de faire des recherches de linguistique comparée, ce serait dans le celtibérien, encore si mal connu : les inscriptions et médailles désignées sous ce nom sont écrites en réalité absolument et exclusivement en caractères tifinar. Nous ignorons si la valeur des lettres est la même, mais la forme est iden

(1) Il y aurait plutôt TaDeTDeRD, la lecture ou la transcription donnée par Schaw semble défectueuse.

tique seulement en celtibérien on ne trouve, crovons. nous, ni les lettres complémentaires (1), ni les tiducbakin.

Les Ombriens, voisins des Étrusques et de même race, se nommaient eux-mêmes Amra, mot dont le sens était << vaillant vocable berbère que nous voyons fréquemment employé de nos jours, non pas seulement comme nom de tribus (Amran, Amraoua, Amour, etc.), mais même comme noms communs:

O: Aamour, massif montagneux, d'où Iamaouren, montagnards (les Maures ou Mori); 10 Amaren, et pluriel Amaraouen (même orthographe), ancêtre;

10 Ammaren, = les éperviers, les rapaces, les oiseaux de proie.

Ce dernier sens, plus encore que le premier, se rapproche de l'ombrien « vaillant. »

A côté des Étrusques et Ombriens nous rencontrons, dans la péninsule italique, la confédération des Auses, Ausones ou Auronces, dont firent partie les Osques, Volsques, Eques. Nous voyons, dans ces Auses, d'accord avec M. Olivier, les ancêtres des Ausæ et Ausites, qu'Hérodote signale sur le lac Triton, en pleine Berbérie, comme des peuples nomades et dont nous retrouvons aujourd'hui les descendants dans les Ouassa, du Bou-Taleb, de Sétif, et les Oussen, du Guergour, de Sétif; les Ouzza, de l'Aurès; les Ouazzen ou Ouassen, de Tlemcen; les Beni-Ouacin, d'Ibn-Khaldoun, etc.

Tous ces noms berbères, anciens ou modernes, se résument dans le radical, S, avec des affixes grammaticaux ou la désinence du pluriel en I.

= As =

aller, se mouvoir, être mobile; le sens

(1) Signalons entre autres la monnaie du type de Marseille; des Ligures libyci, ou Libeci des Bouches-du-Rhône (Ora libyca), dont la légende est en caractères celtibériens.

de ces vocables est donc nomade: et, en effet, nous venons de rappeler qu'Hérodote donnait les Ausites comme des populations nomades.

Les Osques et les Volsques nous ramènent au radical basque oua-saka (ou oua-ahl-sak), dont un des sens est: agile, rapide.

Les Eques d'Italie nous donnent, sans altération, .:= ek aller.

==

On voit donc que les tribus constituantes de la confédération des Auses avaient, elles aussi, des noms exprimant la même idée que celui de la confédération ellemême.

En passant en revue les diverses dénominations premières des antiques tribus de l'Italie, on pourrait certainement multiplier les rapprochements de cette nature: nous nous sommes bornés ici à indiquer cette possibilité.

(A suivre.)

L. RINN.

BULLETIN

Nous recevons d'un de nos collaborateurs, M. le docteur Reboud, la lettre suivante; elle contient des révélations qu'on lira sans doute avec intérêt :

MONSIEUR LE PRÉSIDENT,

La tête de Bou Zeïan qui fut, d'après M. Féraud, coupée et fichée au bout d'une baïonnette, à la fin du siège de Zaâtcha (1), a été conservée, comme celles de Bou Bar'la et du Chérif tué dans un combat livré sous les murs de Tébessa par le lieutenant Japy; elle fait partie des collections anthropologiques du Museum de Paris. C'est moi qui les ai envoyées à ce riche établissement. Chacune d'elles est accompagnée d'une étiquette, longue bande de parchemin, portant le nom du Chérif décapité, la date de sa mort, le cachet du bureau politique de Constantine et la signature de M. de Neveu ou de M. Gresley.

Voici dans quelles circonstances elles me sont tombées entre les mains:

J'avais réuni une série de têtes de choix et d'une bonne conservation, provenant en grande partie du CoudiatAti. Cette collection augmentant chaque jour, ainsi que les bracelets, lampes lacrymatoires, etc., au milieu desquels elles avaient été trouvées, finit par devenir trop encombrante.

Je l'offris à M. de Quatrefages, qui s'empressa de l'ac

(1) Revue historique, 1885, page 409.

cepter. Avant de clouer la caisse, j'eus l'idée de demander à M. René Vital s'il ne pourrait enrichir mon envoi de quelques crânes intéressants. Prenez, me dit-il, tout ce que mon frère a laissé; vous y trouverez des têtes de gueux célèbres, et vous ferez le bonheur de mes. bonnes, qui n'osent monter au galetas, parce que l'une de ces têtes a conservé ses chairs fraîches, et que, malgré la poudre de charbon dans laquelle elle est depuis de nombreuses années, elle répand une odeur sui generis.

Au milieu de vingt têtes apportées de divers lieux de la province, je constatai la présence de celles de Bou Bar'la, Bou Zeïan et du Chérif de Tébessa. Elles avaient été données à M. le docteur Vital, médecin en chef de la division de Constantine, par ses amis, MM. de Neveu et Gresley, et laissées dans le local où l'on avait cru devoir les reléguer.

La tête du Chérif de Tébessa répandait, en effet, une légère odeur, et conservait des chairs relativement fraîches.

Voilà comment il m'est arrivé d'offrir les têtes de trois chérifs au Jardin des Plantes.

Grâce à M. Vital, je dus faire une douzième caisse.

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