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Le Tanaïs scythe a vu longtemps son nom, dans l'antiquité, porté par une rivière qui se jette dans la petite Syrte, l'oued Tana, cité par Salluste.

Les Bructères de la confédération des Istevones correspondent bien aux ethniques berbères Brakta, et AïtAouana; les saxons Ingevones ont le même nom que les Igaouaen du Djurdjura.

Le roi goth Belimer ou Filimer a son nom, en Berbérie, appliqué à de nombreuses localités: Adrar Belimer (près Bougie), Enchir Filimer (Belezma), Bellimour, villages des régions de Bordj-bou-Arréridj et du Djurdjura.

Le roi Fervir, des Goths, rappelle le village de Farfar, dans les Zibans (si toutefois cette appellation ne vient pas de la Perse, où les Ferver étaient « de bons génies protégeant les hommes. »)

Dans toute la Berbérie, les Allemands sont, aujourd'hui encore, désignés assez souvent sous le nom de Nemza, Niemza, Nemcha, qui est resté l'ethnique d'une grande tribu de l'Aurès oriental, les Nemcha ou Nememcha, tribu à laquelle précisément plusieurs traditions locales attribuent une origine germanique. Ce mot Nemza, Niemza, étant encore usité chez les Slaves modernes comme désignation méprisante de leurs ennemis héréditaires, les Allemands, il semble logique d'admettre qu'il fut dans le principe le nom d'une tribu saxonne hostile aux Slaves, qui étendirent cette appellation à tous les gens dont ils ne comprenaient pas le langage (1).

Chose remarquable, dans ce mème djebel Aores qui, si longtemps, fut le palladium de l'indépendance et de la liberté des Berbères, nous trouvons une tribu de l'oued Abdi presque exclusivement composée de roux et de blonds réputés autochtones, et qui disent descendre d'un homme du Nord nommé Bourk. Ce mot a le mème radi

(1) Voir dans la Revue africaine, no 19, octobre 1859, une note de M. Berbrugger sur ce mot Nemza, auquel il attribue une origine byzantine.

cal que Berig, le fameux et légendaire anc des Goths, qui, dans Jornandes (1), sortit de l'île de Skanzia pour aller par mer porter partout la race des Goths. Et, non loin de là, on rencontre une grande rivière, l'oued Baga ou Bagaï, qui se jette dans un lac et rappelle le flumen Baga, que le même auteur donne comme sortant d'un grand lac de cette même Skanzia « qu'on peut appeler la fabrique des nations (Vagina nationum). » Jornandes cite encore une autre rivière de Baga, en Scythic. Ce nom rappelle également le Bagas ou Jupiter phrygien, le Baga, dieu des Perses, et enfin le Bog des Slaves, tous mots qui d'ailleurs ont une commune origine.

Le nom de Bourk, comme ancêtre éponyme, se retrouve aussi chez les Abdelnour de Constantine sous la forme Ouled Bergoug: Bergag Bergi filii, les fils de Berg, mot composé où l'on retrouve l'inversion gothique du déterminatif.

Le nom de Baga, Bagaï, Vaga, Vacca, appartenait, en outre, dans l'antiquité, à diverses localités de l'Africa romana; preuve qu'il n'est pas d'origine vandale.

Nous nous arrêtons ici, pensant en avoir assez dit pour montrer combien est fondée l'hypothèse d'un apport considérable de Scythes ou Goths, dans le peuple-. ment primitif de la Berbérie, par le détroit de Gibraltar et le littoral méditerranéen ou atlantique. Peut-être pourrait-on mème distinguer dans ce peuplement un rameau lettique ou slave; mais, personnellement, nous sommes trop ignorant des origines premières de ces peuples et aussi de leurs idiomes, pour essayer de justifier même sommairement la distinction que nous indiquons ici comme possible.

Disons cependant un mot des quelques indices sur lesquels nous basons nos conjectures.

(1) Jornandes, chap. IV et V. Lire aussi dans la Revue africaine la légende de Bourk, reproduite par M. le professeur Masqueray dans ses notes sur le Djebeł Aores.

S'il est vrai que les Scythes sarmates soient bien les ancêtres des Slaves, on est frappé de l'importance primordiale de la femme chez ces nomades que les Grecs, pour cette raison, faisaient descendre des Amazones; nous expliquerons plus loin comment ce mythe des Amazones peut cacher un côté historique touchant aux origines berbères; mais, dès à présent, nous ferons remarquer que le mot Amazone, pour les Slaves, s'explique par

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étymologie qui est, au fond, identique avec celle que nous donne le berbère, car:

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0 =

S, factitif ou indice de la 1re forme

= enn, frapper, tonner.

« Ceux qui frappent, les Tonnants. »

De plus, il est à remarquer que, si on prend le sens plus ordinaire de qui est dire, on a pour ces Amazones, ancêtres des Slaves, dont le nom signifie les parlants, un terme reproduisant également la même idée de parler.

D

=

S, factitif, indice de la 1re forme = enn, parler, dire.

les parleurs.

Parmi les ancêtres ordinairement donnés à ces Slaves, nous avons aussi un peuple Scythe dont nous avons déjà parlé, les Antes. Or, ces Antes, qui disparurent au IVe siècle, peuvent bien avoir donné leur nom aux Slaves Vendes que l'on voit surgir peu après. Vende équivaut à Ou-ende, et le changement du T en Dest fréquent dans les idiomes gothiques. Ces Slaves, Ou-ende ou Vendes,

se servaient primitivement de Runes; comme les Skandinaves, ils eurent d'abord seize lettres auxquelles plus tard ils ajoutèrent des lettres ponctuées pour compléter l'alphabet primitif; fait analogue à ce que nous avons vu à propos de l'agamek ou alphabet berbère.

D'un autre côté, si le mot niemza, retenu par les Slaves et d'origine germanique, ne peut pas plus impliquer un élément slave en Berberie que le mot moskoff, employé par les Kabyles pour désigner les Russes (1), l'existence ancienne de procédés linguistiques jadis communs aux Berbères et aux Slaves, est mise en relief par l'emploi fréquent que font ces derniers de diminutifs. La forme Tçaritsa donnée en Russie à la souveraine, que nous appelons à tort la czarine, est un féminin berbère de la 12e forme dérivée.

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Tilsit est aussi un mot berbère bien connu, dont la racine est LS iles, langue, parler; et précisément l'ethnique des Slaves a pour sens, en langue slave, « les parlants; » c'est aussi la signification qu'ont divers noms de tribus berbères, tels que les Imeselin de Guelma, les Msala de Philippeville, les Aksilen de Bougie, les Souhalia, les Saoula, etc., tous mots qui ont pour radicaux Saoual, parler ouiles, langue.

Brezina du sud de Géryville ramène aussi nos souvenirs vers la Moskovie, et il n'est pas impossible que les races Letes ou Lettiques aient apporté leur nom générique aux Illiten du Djurjura.

Peut-être, enfin, trouverait-on des rapprochements curieux à faire dans le caractère de plusieurs tribus berbères présentant à un haut degré le type des peuples septentrionaux, et chez lesquelles on retrouve ce singulier mélange d'exquise délicatesse et de grossièreté, ces spontanéités irréfléchies, généreuses et chevaleresques qui sont des signes distinctifs des peuples de races slave, russe ou polonaise, et qui les séparent nettement

(1) Ce mot a pu être importé par les Turcs de Stamboul.

de leurs voisins et ennemis séculaires, les Anglo-Saxons, toujours si positifs et si pratiques.

Mais ce sont là des indications bien vagues et bien délicates à apprécier, qui ne peuvent avoir de valeur réelle que si elles sont corroborées par des données scientifiques autres que celles que nous sommes en mesure de fournir.

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Peuples de Enn ou Ibères-Cheraga; leur importance et leur extension. Les Anou en Égypte limites de leurs migrations occiPeuplement par Aden et Berbera. Routes de la mer Rouge à l'Atlantique et à la Méditerranée.

dentales.

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La race à demi-sauvage, de taille moyenne, aux cheveux bruns et aux yeux noirs, que la science moderne a démontré avoir précédé presque partout en Europe l'arrivée des races nobles des Keltes (Celtes) et des Kimri, a été constatée également en Asie où on lui a donné divers noms pouvant tous se résumer en celui de Dravidiens ou Touraniens méridionaux.

Nous avons déjà dit que ce mot de touran, dont le sens dans les inscriptions cunéiformes était fils du ciel, fils du dieu Anou », signifiait en berbère « le peuple ou le pays des fils de Enn »; expression évidemment équivalente. Nous désignerons donc ici ces groupes touraniens par le nom de « Peuples de Enn », dénomination qui leur convient et qu'il est facile de justifier sans entrer dans de grands détails.

En effet, la plupart des races encore voisines du berceau primitif de l'humanité semblent avoir eu de très bonne heure une notion confuse d'un être suprême,

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