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(domaine rural), où il y a une église dédiée à SaintÉtienne, et ce qu'il ajoute montre bien que cette localité était, en Numidie, du côté d'Hippone (Bône), et des territoires limites. Les différences de temps ont si souvent amené de profondes modifications dans les orthographes des noms de lieux que je suis très disposé à croire que l'Audurus de Saint-Augustin est l'Augura de la Notice, bien qu'ici nous n'ayons guère à invoquer les différences de temps puisque les documents appartiennent au même siècle la Cité de Dieu est de 413-426, la Notice de 485. Peut-être la différence vient-elle d'une différence de prononciation, ou de la difficulté de rendre en latin certaines lettres des langues indigènes. Le hasard qui rendra au jour les restes d'Augura nous dira ce qu'il faut penser de ces diverses hypothèses.

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Augura était, au Ve siècle, le siège d'un évêché dont deux titulaires sont connus: le premier, Montanus, assista à l'Assemblée de 411, où il a signé : Episcopus Ecclesiae Catholicae Auguritanae; le second, Leporius, fut envoyé en exil par le roi Hunérik, en 484.- ?

Aumale. Est la ville moderne qui, depuis 1846, élève ses habitations sur l'emplacement même de celles de l'antique Auzia. Aumale, qui compte de 5 à 6,000 âmes, est à 125 kilomètres au sud-est d'Alger.

Ausuccurus. D'où l'adjectif Ausuccurensis, par lequel la Notice signale un des évêchés de la Numidie, mais sans y joindre aucune donnée qui puisse servir à en déterminer la position, et depuis lors rien n'est venu nous permettre de le faire. Cherchons donc! L'évêque d'Ausuccurus était du nombre de ceux qui se rendirent à Carthage, en 484, sur la demande d'Hunéric et fut une des victimes de ses fureurs. - १

Ausugabra.

Localité qui était au Ve siècle le siège d'un évêché; car son titulaire, nommé Cresconius, figura

parmi les évêques donatistes de la Conférence tenue en 411 à Carthage, mais il n'est pas dit à laquelle des provinces africaines il appartenait. Morcelli, se rappelant la ville de Succabar ou Zuggabar, située au-dessous de Miliana, dans la Césarienne, pense, d'après l'affinité des noms, qu'Ausugabra pourrait bien avoir appartenu à la mème circonscription administrative. La raison n'est pas puissante, mais devant l'absence complète de toute donnée elle a une certaine valeur. En effet, on remarque sur plusieurs points de la carte d'Afrique des localités associées sous des noms qui ont plus d'un rapport entre eux; je citerai, par exemple, le groupe qui a pour centre Lambèse, autour duquel on voit Lamasba, Lambafudi, Lambiridi. Acceptons donc l'hypothèse de Morcelli jusqu'au jour où on aura retrouvé le site d'Ausugabra.

- १

Ausum.-Ville de la Mauritanie Sétifienne, à laquelle Ptolémée assigne une position qui la met.sur la route de Saldae (Bougie) à Auzia (Aumale), à la hauteur d'Akbou. Et, en effet, M. Sabatier, instituteur en ce lieu, dans un intéressant mémoire sur Akbou, y signale plusieurs emplacements de ruines antiques, dont l'un peut fort bien représenter Ausum. Il ne s'agit plus que de chercher. — ?

Autololes ou Autolales (Ptolémée). — Mais la première orthographe est la plus ordinaire; peuple de la Mauritanie Tingitane qui a successivement occupé différentes parties du versant atlantique et du versant méditerranéen de l'Atlas marokain. Du temps de Pline, l'an 75 de notre ère, c'était la plus puissante des tribus gétules; elle occupait le pays au sud de Sala, jusqu'aux Scelatites et aux Masates. M. Vivien (l'Afrique du Nord, p. 371), les identifie avec les Hilâla ou Aït Hilâla, qui demeurent encore dans les mêmes localités, et qu'Ibn Khaldoun mentionne comme une grande tribu Masmouda, du pays de Sous.

Auzia. Une des plus anciennes villes du nord de

l'Afrique, si l'on s'en rapporte à Ménandre, cité par Joseph (Antiquités judaïques, livre VIII, chap. 7) qui assure qu'elle fut fondée par Ithobaal le Tyrien, fuyant en Libye devant l'invasion des Chananéens par les Israélites, aux premières années du XVIe siècle avant l'ère chrétienne. Il y a eu plusieurs orthographes du mot Auzia: Tacite (Ann., liv. IV) écrit Auzea, l'Itinéraire d'Antonin, Auza, et Ptolémée, Auzina, mais ceci ne signifie rien, puisque dix inscriptions relevées sur les lieux mêmes et qui sont de la même époque, disent Auzia; entre autres, celle-ci : AVZIO DEO GENIO ET CONSERVATORI COLONIAE A Auzius, Dieu, Génie et Conservateur de la Colonie, le des kalendes de Janvier de l'an de

la province CLXXXV, 185, ce qui répond à l'an 224 de notre ère. Auzia a fait place à la ville moderne d'Aumale (voy. ce mot).

Aveus, Aves ou Savus. - Rivière de la Mauritanie Césarienne dont Pomponius Mela indique la place d'une manière très exacte, de cette manière:..... Deinde Icosium et Ruthisia urbes, et fluentes inter eas Aveus et Nabar, aliaque, etc..... Ensuite les villes d'Icosium et de Ruthisia et coulant entre elles l'Aveus et le Nabar. D'où il suit qu'Icosium étant Alger, et Ruthisia ou Rusgonium, la ville du Cap Matifou, l'Aveus est représenté par l'Harrach et le Nabar par l'Oued El-Khremis (la rivière du Fondouk).

Avina. D'après Pline (Livre V, 4), une des trente villes libres (Oppida libera) de l'Afrique proprement dite prise dans sa plus grande étendue et à laquelle il faut appliquer tout ce que j'ai dit d'Acharita.

(A suivre.)

O. MAC CARTHY.

LES MEDAGANAT

L'insurrection de Bou Choucha, en 1871, a eu un épilogue généra⚫ lement peu connu.

Après la défaite et la capture du faux Chérif, au commencement de 1874, quelques Chaâmba révoltés, ses compagnons de la première heure, et ses derniers fidèles, formèrent une bande de pillards, qui, sous le nom de Medaganat, se sont rendus célèbres par des exploits légendaires.

Pendant dix ans ils ont coupé tout le Sahara, de l'oued Drâa au Nefzaoua, de l'Adrharh au Djebel Amour, pillant, razzant, tuant indistinctement amis ou ennemis, et se sont fait ensuite massacrer dans une expédition contre l'Iguidi.

Leur sanglante épopée forme un curieux chapitre de l'histoire saharienne et peut, à ce titre, mériter une étude spéciale.

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Vers 1860, un Targui des Kelkhela, Medagan, chassé du Ahaggar à la suite de quelque méfait et tombé dans une misère extrème, vint s'installer chez les Châamba d'Ouargla, les Habb-er-Rieh.

Medagan avait sept fils qui l'accompagnèrent. On leur prêta quelques chameaux, puis ils achetèrent à crédit des dattes, du blé et vécurent ainsi plusieurs mois de la vie de leurs hôtes, chassant dans l'Erg la gazelle et

l'antilope, campant au hasard. Mais bientôt, guéris des fatigues que de longues privations leur avaient imposées, ils ne purent résister à la tentation de reprendre leur ancienne existence plus aventureuse. Ils enlevèrent à l'improviste une vingtaine de chameaux au pâturage, et s'enfuirent dans les ravins du Tademaït, d'où ils allèrent razzer çà et là.

Enfin, en 1863, enhardis par plusieurs coups de main couronnés de succès, ils vinrent prendre aux portes d'El-Golea, trente chamelles des Cheheub, la principale famille des Oulad-Zid, importante fraction des ChâambaMouadhi. Ali ben Lecheheb, chef de ce groupe, et Mohamed ben Haoued, plus connu sous le nom de Bou Khecheba (1), un des kebar des Oulad-Feredj, des Châamba d'Ouargla, qui se trouvaient campés près de là, se mirent à la poursuite des ravisseurs avec soixante mehara.

Medagan et ses fils furent rejoints près de la gorge (2) d'Agelman, à la limite du Tademaït et du Tidikelt. Ils se rendirent sans combat. Mais leur trahison ne leur coûta pas moins la vie. Deux ou trois furent tués à coups de

(1) Bou Khecheba, mort en 1864 à Ouargla, était un des plus vaillants fusils des Châamba et jouissait d'une grande réputation dans tout le Sahara. Longtemps indépendant ou révolté, il avait fait sa soumission définitive. Il a laissé cinq fils qui promettent de marcher sur ses traces. Le surnom de Bou Khecheba lui vient de ce que dans une razzia contre les Ghorib du Nefzaoua, il arracha un pied, de ratem et s'en servant comme d'une massue, abattit son adversaire qui l'avait désarmé. Se jetant ensuite sur lui, il lui coupa le nez d'un coup de dents, puis l'égorgea. Après l'avoir dépouillé, et armé de son fusil, il réussit à tuer deux autres ennemis, mais dut cependant prendre la fuite. A son retour dans sa tribu, pour venger cette défaite, il s'engagea par un serment solennel à razzer deux fois par an au Nefzaoua. Les circonstances ne lui permirent pas de tenir complètement cette promesse, mais après avoir dirigé lui-même de nombreuses expéditions contre cette région, il a légué sa haine à ses fils, dont l'aîné, Amar, actuellement campé avec les dissidents de sa tribu, a déjà razzé plusieurs fois les Ghorib, tout dernièrement encore, en septembre 1884.

(2) Khanga: gorge, défilé.

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