Images de page
PDF
ePub

tions extraites des écrivains anciens, que l'on peut en faire, constituent une véritable série. Pomponius Mela, le premier en date, sous l'empereur Claude, l'an 40 de notre ère, en dit : « En deçà de Caesarea (Cherchèl), car elle se trouve presque au milieu de la côte de Numidie, sont les Oppida de Cartenna (Ténès) et d'Arsinnaria, le fort de Quiza, etc.» Trente-cinq ou quarante ans après, Pline, la plaçant dans la province de Tingi, la nomme Arsinnaria Latinorum, l'Arsinnaria des Latins, parce que très probablement elle avait été dépeuplée et occupée ensuite par une colonie romaine. Mais il ajoute, à cela, un détail curieux; il la met à 3 milles, près de 4 kilomètres de la mer, et c'est en effet là que le capitaine Muller, en 1853, en a retrouvé les ruines, en un lieu que domine le marabout de Sidi Bou Ràs, Monseigneur à la grosse tête. Au commencement du siècle suivant, en 125, Ptolémée la cite au nombre des principales villes de la côte de la Mauritanie Césarienne, en lui donnant le titre de Colonie (Arsenaria colonia). Enfin, un peu plus d'un siècle après (en 337), l'Itinéraire d'Antonin détermine ses distances, de Quiza (le Pont du Chélif), 40 milles ou 59 kilomètres, et de Cartennae (Ténès), 28 milles ou 41 kilomètres. Les MMS portent par erreur 18 milles ou 26 kilomètres 1/2. On a vu par les citations que nous venons de faire que l'orthographe du mot varie, mais nous avons adopté celles de Ptolémée et de l'Itinéraire, parce qu'elles s'accordent avec l'abréviation Arsen, employée dans une inscription recueillie par Gruter, page 382, no 6.

[ocr errors]

Arsenaria était le siège d'un évêché dont on ne connaît qu'un seul titulaire, qui signa le 95 parmi ceux de la Mauritanie Césarienne présents au Concile de Carthage, en 484.

Arsicaria. D'où l'adjectif Arsicaritanus, que l'on' trouve dans les plus anciens manuscrits de la Notice, ainsi que l'assure Dom Ruinart, ce qui m'empêche d'ad

mettre que le type ait pu être Arsica, comme le croit Morcelli. De même qu'en maint endroit, le savant antiquaire s'étonne de ne découvrir aucun renseignement sur Arsicaria, si ce n'est dans la Notice qui la met en Numidie.

J'ai déjà répondu dans l'article précédent à une observation pareille et je n'y reviendrai pas. Mais d'un autre côté, l'auteur de l'Africa Christiana regarde ce mot Arsicaria comme si voisin de celui d'Arsenaria qu'il le considère comme le même appliqué à deux localités différentes, l'une en Numidie, l'autre en Mauritanie, ce que nous ne saurions admettre en aucune façon, alors que nous serions possédés de la même monomanie de vouloir déterminer la position des localités qui nous sont inconnues pour l'instant. Un des évêques d'Arsicaria, le seul dont le nom est arrivé jusqu'à nous, assista au Concile de Carthage, en 484.- ?

Arsinarium Promontorium. - Un des caps les plus caractéristiques des rivages de l'Afrique occidentale, au sud de la Mauritanie Tingitane. Sa synonymie a été l'objet d'hypothèses très variées, jusqu'au jour où M. d'Avezac a fait remarquer dans l'Univers Pittoresque (Afrique ancienne, p. 60), qu'elles pêchaient toutes par la base, en ce qu'elles avaient négligé pour sa détermination une condition essentielle, résultant des Tables mêmes de Ptolémée, savoir, de se trouver précisément par le travers des îles Fortunées que représentent de nos jours les îles Canaries. Le cap Bojador seul est justement ainsi placé: Voilà donc le véritable cap Arsinarium et tout à côté s'élève la Penha Grande ou le Grand Rocher des premiers explorateurs portugais, pour représenter le Promontoire Ryssadion, une autre saillie à laquelle le géographe d'Alexandrie semble donner la même importance et qu'il place de ce côté.

Artaghira. Ville de la Libye intérieure dans la par

-

tie qui fait aujourd'hui partie du Marok (Sahara marocain); elle était, d'après la position qu'en donne Ptolémée, sur le cours inférieur du Guîr, mais aucune exploration n'est encore venue nous dire quel est son nom actuel. - ?

Artisiga, qui semble être une combinaison du mot Siga et d'un préfixe, également berbère, à déterminer, est le nom que l'Itinéraire d'Antonin donne à une des stations maritimes situées entre l'embouchure de la Mlouïa (Malva flumen) et celle de la Tafna, à Rachgoun, le port de Siga. Le routier romain place Artisiga à 18 milles rectifiés (26 kilomètres) d'Ad Fratres (Nemours), et à 16 milles (24 kilomètres) de Siga. Mais quand on étudie Ptolémée avec soin, ainsi que je l'ai fait dans mes Recherches sur l'Occupation romaine dans la subdivision de Tlemsén, on reconnaît bientôt qu'Artisiga est le même lieu que l'écrivain grec, deux cents. ans auparavant, appelle Gypsaria Limné (le port Gypsaria), le même centre qui, cent cinquante ans après, figure parmi les évêchés de la Mauritanie Césarienne, Gypsariensis episcopus, alors qu'il n'est nullement question d'Artisiga. Ceci indique d'une manière très certaine que les deux expressions étaient corrélatives, et que quand les Indigènes disaient Artisiga, les Romains entendaient Gypsaria. Quant à la synonymie d'Artisiga ou Gypsaria, j'ai démontré, dans le travail mentionné plus haut, que Gypsaria correspondait à Mersa Hanaye ou Honaï, nonseulement comme position, mais à cause de cette particularité de dépôts de gypse, qu'on ne voit que là sur toute cette côte.

Honaï, qui fut pendant longtemps le port de Tlemsên, devint une ville arabe assez importante, et a fait disparaître à peu près tout ce qu'il restait des vestiges d'Artisiga.

Arzilla. Ville maritime du Marok, sur la côte de Revue africaine, 30° année. No 178 (JANVIER 1886).

3

l'Océan Atlantique, et la première localité que l'on aperçoive, lorsque, sortant du détroit de Gibraltar, on se dirige vers le Midi. C'est l'ancienne Zilis, au sujet de laquelle Pline s'exprime ainsi, dans le second paragraphe de son Livre V: A 25.000 pas (37 kilom.) de Tingi (Tanger), sur la côte de l'Océan, est la colonie d'Auguste, Julia Constantia Zilis, qui fut soustraite à la domination des rois de Mauritanie et attribuée à la juridiction de la Bétique.

Asamas. Nom donné par les Anciens et entre autres par Ptolémée, à cette grande rivière qui prit ensuite celui d'Anatis, auquel je renvoie. On remarquera seulement le rapport fortuit qu'il y a entre Asamas et Azemmour et Azamor, ville située à son embouchure.

Asassa. - C'est la forme que Pline (Liv. V, 1) donne au mot Asamas.

Asafi ou Asfi. - Petite ville maritime du Marok, sur l'Océan Atlantique, à moitié chemin entre le Cap Cantin et l'embouchure du Tensift, position qui la fait correspondre au port Mysocaras de Ptolémée, ainsi que l'a bien vu M. Vivien, Afrique du Nord, p. 364.

Assaba ou Assava, suivant que le B se prononce d'une manière plus ou moins accentuée; ville presque inconnue, que le P. Hardouin place en Numidie, attendu que l'on relève son nom parmi ceux des évèques de cette province qui apparaissent dans les actes de la Conférence de Carthage, en 411. Mais où était-elle ? C'est ce que l'avenir nous dira. - ?

Assafa. L'Itinéraire d'Antonin mentionne, entre Sétif et Oliva, c'est-à dire en pleine Mauritanie Sitifienne, un municipe appelé Ad Sava, dont Morcelli identifie le nom avec celui-ci; il était à 24 milles romains ou 35 kilomètres de Sétif, sur la route d'Igilgilis (Jijelli). On le

retrouve dans la Table Peutingérinne. C'était, au commencement du Ve siècle, le siège d'un évêché dont le seul titulaire connu figura au Concile de 411, avec tous ceux que le roi Hunérik y avait appelés. - ?

Asuoremiyta. - Il est impossible de croire qu'un tel nom ne soit pas le résultat d'une erreur, et cependant, ajoute Morcelli, on le trouve dans les plus anciens manuscrits, du moins c'est Dom Ruinart qui l'affirme. Acceptons-le donc comme étant celui d'une ville de la Sétifienne, siège d'un évêché, Asuoremiytensis Episcopus, à la fin du Ve siècle. Mais où était-elle? Voilà ce que nous ignorons encore et ce que nous saurons sans doute un jour. Peut-être y a-t-il dans son nom quelque empreinte des langues berbères ou sémitiques, et peut-être même de celles que parlaient les plus anciennes populations du Nord de l'Afrique, les peuples noirs. Il est vrai qu'ici nous sommes devant des formes plus douces, ainsi que l'indiquent entre autres les mots Mina, Malliana, etc.?

Aucunasta.

Ville de la Mauritanie Césarienne d'après le texte de l'Anonyme de Ravenne, publié par le Dr Shaw, mais dans la nouvelle édition donnée par MM. Pinder et Parthey (1860), on lit Auzimasta, avec les variantes Auzumasta, Auçunasta, et ces Messieurs se demandent si ce ne serait pas Ausia (Aumale), l'Auzea de Tacite, l'Azina de Ptolémée? Malgré la difficulté d'admettre un semblable rapprochement, je n'y fais pas obstacle, parce qu'avec l'indigeste compilation du Ravennate tout est possible. — ? ·

Augura. Oppidum que la Notice place en Numidie, mais au sujet de laquelle les géographes anciens se taisaient complètement. Qui sait, dit Morcelli, si ce n'est pas l'Audurus dont Saint-Augustin a dit, dans sa Cité de Dieu, Liv. XXII, c. 8, 15: Audurus est le nom d'un fundus

« PrécédentContinuer »