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El-Hamma, qui est ainsi l'Abigas. Ce nom ne saurait s'appliquer à l'Oued Chemorra, ainsi que l'avait pensé M. de Champlouis, parce que l'Oued Chemorra est à 50 kilomètres de là, dans l'Ouest, du côté de Bâtna. Le Dr Shaw s'était douté de ces deux synonymies de Bar'r'aï, avec Bagaï et de l'Abigus avec l'Oued Bar'r'aï (Voyages, ch. VIII).

Abora ou Aborum, est mise par Pline (Liv. V, 4), au nombre des vingt-six villes jouissant du droit romain, situées à l'intérieur de l'Afrique proprement dite, lorsqu'il la prend dans son sens le plus large. Mais l'indication est d'un autre côté tellement vague qu'on ne peut savoir si Abora appartenait à la Numidie, à la Zeugitanie ou à la Byzacène. Les noms au milieu desquels celui-ci est placé ne peuvent être d'aucun secours, parce que la plupart sont ceux des localités aussi complètement inconnues. - १

Abutuca ou Abutucum.

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D'après Pline (Liv. V, 4), une ville de l'Afrique proprement dite prise dans son sens le plus large et à laquelle s'applique intégralement tout ce que j'ai dit d'Abora. - ?

Abyla. Le navigateur qui s'apprête à passer de la Méditerranée dans l'Atlantique par ce détroit célèbre séparant deux mondes a, sur la droite, les hautes roches de Gibraltar (429 mètres), tandis qu'à gauche il voit sortir des eaux le massif escarpé sur lequel s'élève Ceuta (194 mètres). Pour les anciens, Gibraltar s'appelait Calpé, Ceuta était Abyla. Et, afin d'immortaliser le nom d'Hercule, ils firent de celui-ci l'auteur du phénomène grandiose qui ouvrit une nouvelle route aux eaux de l'Océan en les jetant dans l'immense bassin que représente aujourd'hui la Méditerranée. Enfin, ils supposèrent que pour en consacrer le souvenir, le héros posa Calpé et Abyla comme deux énormes colonnes destinées à le rap

peler aux âges futurs. C'est de là que le Détroit a reçu le nom fameux de Détroit des Colonnes. On appelait aussi Abyla, les montagnes situées vis-à-vis.

Acharita ou Acharitanum Oppidum.

D'après Pline (Liv. V, 4), une des 30 villes libres de l'Afrique proprement dite, prise dans son sens le plus large, mais c'est tout ce que nous en saurons jusqu'au jour où la pioche des travailleurs aura découvert le site de son emplacement.

La position du mot Acharita au voisinage de celui d'Abzirita, que nous savons d'une manière certaine avoir appartenu à la Proconsulaire, ne nous sert que médiocrement parce qu'elle résulte d'un simple arrangement alphabétique. Si cependant on tenait à l'utiliser, on ne pourrait guère en tirer qu'une conséquence, c'est que les deux localités appartenaient à la même circonscription administrative, ce qui ne serait peut-être pas exact. Laissons donc l'avenir trancher la question. - ?

Acra.

Ville de la Mauritanie Tingitane, comptoir fondé par les Carthaginois sur la côte de l'Atlantique, entre Mogador et Agadir. Acra, ainsi que les quatre autres comptoirs qui l'avoisinaient, avait dû s'affaiblir peu à peu, car au milieu du Ve siècle, en 448, avant notre ère, le Sénat de Carthage chargea l'amiral Hannon d'aller y jeter une nouvelle colonie. Il n'en est d'ailleurs nulle question dans les explorations modernes. - ?

Acufida. Ville de la Mauritanie Sitifienne, dont le nom n'apparaît chez aucun des anciens géographes et qu'Ortelius, d'ailleurs, a simplement extrait de la Notice des Provinces et Cités d'Afrique. - ?

Au Ve siècle, elle était le siège d'un évêché (Acufidensis Episcopus), dont l'un des titulaires figure parmi ceux que le roi Hunéric rassembla à Carthage en 484.

L'emplacement d'Acufida n'a pas encore été retrouvé.

Ad.

Préposition latine qui gouverne l'accusatif et qui correspond exactement aux prépositions françaises à, à la, aux, et qu'emploie nombre de fois la Table Théodosienne. Mais dans tous ces cas nous croyons devoir renvoyer aux mots qui la suivent, Ad Aquas, Ad Palmam, Ad Piscinam, Ad Templum, Ad Turres, Ad Prætorium, etc., et auxquels nous avons laissé la forme grammaticale qu'ernportait avec elle la préposition. Ainsi les mots que nous venons de citer devront être cherchés à Aquas (Ad), Palmam (Ad), Piscinam (Ad), etc.

Ad Medera. C'est le nom donné par la Table Théodorienne au mot Ammæderæ, qui est le mot vrai, par suite d'une consonnance qui a trompé l'auteur.

Adquesira. Localité que la Notice place dans la Mauritanie Césarienne, sans nous donner et sans que nous ayons jusqu'à présent d'autres détails à son sujet. Nous savons seulement qu'au commencement du Ve siècle, elle était le siège d'un évêché, parce que Honoratus qui figurait à la conférence de Carthage, en 411, en prend le titre: Adquesirensis episcopus. Plus tard, un autre de ses titulaires, Félix, est le 66e parmi les évêques que le roi Hunéric rassembla à Carthage, en 484. Le site d'Adquesira est encore inconnu. — ?

Adsinvada. Oppidum inconnu des anciens géographes et dont on ne sait rien, si ce n'est que, suivant la Notice il appartenait à la Mauritanie Césarienne; Morcelli pense que d'après son nom, ce devait être une place maritime, ce nom lui paraissant n'être que la contraction vulgaire des mots Ad Sinus Vada, sur le détroit des basfonds, mais il n'accepte pas la lecture Adsinnada, Adsinnadensis, donnée par Dom Ruinart et qui ne lui semble justifiée par rien. Dans tous les cas, son interprétation du mot Adsinvada, toute vraisemblable et toute acceptable qu'elle soit, a besoin d'être confirmée par la vue des lieux, qui sont encore inconnus.

Si on l'accepte, on pourra retrouver, sans trop d'hésitation, l'ancienne ville, mais il faudra pour cela une exploration très minutieuse de toutes les côtes algériennes, de l'embouchure de la Mlouïa à celle de l'Ampsaga (Oued El-Kebir, de Constantine), espace qui représente le rivage maritime de l'ancienne Mauritanie Césarienne; je l'ai essayé avec nos cartes hydrographiques, mais elles ne sont pas assez complètes et ne m'ont conduit qu'à des résultats douteux. Je laisse cette recherche à ceux qui pourront parcourir pédestrement les 900 kilomètres qu'il embrasse et tout voir point par point. - ?

Aithiopes. Noms que les Grecs donnèrent aux premières populations nègres avec lesquelles ils se trouvèrent en contact, du côté de l'Égypte, et qui vient de deux mots de leur langue: Aitô, brûler, être noir, Ops, visage, les hommes au visage noir, brûlé (par le soleil). Les Latins obéissant au mécanisme alphabétique de leur langue firent d'Aithiopes le mot Ethiopii, d'où est dérivé le mot français Éthiopiens, auquel je renvoie.

Africa. - L'Afrique; mais ce n'est pas l'Afrique telle que nous la connaissons, ce vaste continent deux fois grand comme l'Europe, et dont le canal de Suez a fait une île immense. En mettant de côté, ainsi qu'ils le faisaient, l'Égypte et le bassin du Nil, les Anciens ne connaissaient guère, du reste, que ce qui s'étendait entre le 15o parallèle et les rives de la Méditerranée. Et encore n'avaientils d'idées positives que sur les contrées que cette mer baignait dans l'Est, sur ce que les Grecs avaient appelé la Libye, entre l'Égypte et la Petite Syrte (le golfe de Gabès), puis sur l'Afrique proprement dite (la Tunisie), la Numidie et la Mauritanie Césarienne (l'Algérie), et la Mauritanie Tingitane (le Marok), enfin une partie de la Libye intérieure, au Midi de ces trois dernières régions. Tout cela n'embrassait pas plus de 1,500 millions d'hectares, c'est-à-dire les 3, 5es du continent tout entier.

Agilaam. L'Anonyme de Ravenne ne cite des principales rivières de la Mauritanie Césarienne que celles qui arrosent ses parties centrales et occidentales depuis l'Asar ou Chelif jusqu'à la Malva ou Mlouia; il les énumère en marchant de l'Est à l'Ouest, ainsi que cela est très visible si on jette les yeux sur une carte; le document a été bien évidemment emprunté à un tracé de ce genre. Dans cette énumération, elles se présentent ainsi :

L'Asar;
L'Agilaam;
La Mina.

L'Agilaam, placé de cette manière, entre l'Asar ou Chelif supérieur et la Mina, laquelle a conservé son nom, ne peut être que l'Ouêd Rouina, ou Guêd Rihiou, l'Arhiou du Dr Shaw, puisque l'Ouêd Rouina est la rivière la plus importante de celles qui coulent entre les deux autres, ainsi qu'on peut le voir sur la première carte venue du département d'Alger.

Agra.« Où pouvait être Agra, observe Morcelli, c'est ce que les écrivains anciens ne nous disent pas. » Et alors il se demande si ce ne serait pas l'Akrath que Ptolemée place dans la Tingitane, près du promontoire Oleastrum, non loin de la rivière Taluda, la Tamuda de Pline. Assez de documents s'accordent d'ailleurs, ajoutet-il, avec les actes du Concile, où il est mention d'Agra, pour nous apprendre que les évêques réunis à cette.occasion venaient de l'Afrique, de la Numidie et de la Mauritanie qui embrassait d'ailleurs la Tingitane. Malgré le désir quelquefois immodéré qu'éprouve Morcelli à chercher des synonymies, nous sommes assez disposés à accepter celle-ci, qui nous semble fondée.

Nous ne connaissons qu'un seul titulaire de l'évêché d'Agra, comme de beaucoup d'autres évêchés, mais celui-ci offre un intérêt particulier; il apparaît au troisième concile de Saint-Cyprien, en 255, et par cette date

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