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D'après le manuscrit de Abou-Mohammed-ben-Abd-el-Hak, cité par Féraud 1, les Espagnols détruisirent complètement le château de l'Étoile et le palais de la Perle, dont ils abattirent le minaret. Ils embarquèrent les matériaux de prix sur des navires qui furent presque tous engloutis par une tempête.

Ils ne jouirent guère de leur conquête : bloqués dans la ville par les tribus berbères, abandonnés par la mère-patrie, ils se maintinrent misérablement dans la place pendant 36 ans. En 1555 Salah-Reis, pacha d'Alger, reprit Bougie pour le compte du sultan de Constantinople. La garnison espagnole, réduite à 500 hommes, ayant perdu successivement les forts Moussa, Vergélète (Abd-elKader), la Kasba, dut se rendre. Le gouverneur Peralta eut la tête tranchée à son retour en Espagne.

Bougie tomba en ruines sous la domination turque, car la base d'opérations et de ravitaillement des corsaires fut maintenue à Alger.

Le chevalier d'Arvieux, qui visita Bougie en 1674, nous dit que la ville n'était plus, à cette époque, qu'un misérable village de cinq à six cents habitants avec une garnison de cent cinquante soldats envoyés d'Alger. Ces derniers ne sortaient jamais de la ville, de peur d'être massacrés par les Berbères.

En 1830, il y avait 2.000 habitants et 60 soldats turcs; les Français, appelés par une partie de la population odieusement pillée et rançonnée par les Kabyles, entrèrent dans la ville en 1833 sans éprouver de résistance sérieuse.

1. FERAUD, Histoire des anciennes villes de la province de Constantine, p. 281.

DESCRIPTION DE BOUGIE A L'ÉPOQUE HAMMADITE

Les renseignements relatifs à l'ancien Bougie hammadite et berbère se réduisent, en réalité, aux quelques lignes d'Ibn-Khaldoun et d'Edrisi, que j'ai déjà citées. Ce sont les seuls documents classiques dont on puisse faire état. Mais à côté de ces documents il en est un autre fort curieux, que M. Houdas, professeur à l'École des Langues Orientales, a bien voulu mettre à ma disposition et dont j'ai cru utile de faire des extraits. C'est un manuscrit moderne relatif à l'histoire de Bougie, écrit en 1866 ou 1867 par un vieux calligraphe de la localité lequel vit encore et est surtout connu sous le sobriquet de Bedjaoui. Ce vieillard, d'une instruction moyenne, très honnête et très friand de vieilles légendes et de vieux manuscrits, a consulté, pour écrire sa notice, non seulement les ouvrages classiques connus, mais encore des manuscrits inédits. Il résulte de l'enquête que j'ai faite sur place et surtout des conversations que M. Choisenet, sous-préfet de Bougie, a eues, sur ma demande, avec Bedjaoui, que les descriptions des palais hammadites de Bougie et les dessins en couleurs qui les accompagnent. dans son manuscrit (Pl. I et II en couleur) ont été copiés dans un manuscrit de Ibn-Hammad (douzième siècle) qui appartenait au frère de l'intéressé. Ce frère est mort il y a quatre ou cinq ans, et le manuscrit a disparu. D'après notre calligraphe, Ben-Hammad aurait écrit son livre l'an 565 de l'Hégire, or le seul Ben-Hammad que nous connaissions a écrit vers 617 de l'Hégire (1220 de notre ère). Ce sont donc probablement deux personnages différents. Peut-être Bedjaoui s'est-il trompé. En tous les cas, les autorités et les notables indigènes de Bougie sont unanimes à affirmer que

1. Renseignements fournis par M. Amar.

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