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IV

LA VILLE DE BOUGIE

HISTORIQUE

La ville de Bougie fut fondée en 1067 par le sultan hammadite En-Nacer, sur l'emplacement de l'ancienne ville romaine de Saldo 1. Il donna à la nouvelle ville le nom de En-Naceria, mais ce fut le nom de Badjaïa ou Bagaïa, d'où l'on a fait Bougie, qui seul passa à la postérité. C'était le nom de la tribu berbère qui vivait dans la localité : « En-Nacer, nous dit Ibn-Khaldoun, y construisit un palais d'une hauteur admirable qui porte le nom de château de la Perle. Ayant peuplé sa nouvelle capitale, il exempta les habitants de l'impôt et en 1069 il alla s'y établir lui-même. »

De nombreuses légendes ont cours dans le pays au sujet d'EnNacer; elles n'offrent rien de particulier et peuvent s'appliquer indifféremment à n'importe quel souverain musulman. D'après l'une d'elles, la seule que je citerai, En-Nacer, très fier de son œuvre qu'il croyait immortelle, avait l'habitude chaque soir, au coucher du soleil, de faire une promenade en barque dans la rade de Bougie, accompagné de sa cour et de musiciens. Le saint marabout Sidi Touati, invité à faire partie de l'une de ces fêtes nocturnes, fut exaspéré par les éloges hyperboliques que le Sou

1. Au cinquième siècle de notre ère Saldo devint un évêché.

2. IBN-KHALDOUN, Histoire des Berbères, t. II, p. 51, trad. de Slane.

verain ne cessait de se décerner à lui-même, il lui reprocha vivement son orgueil et sa vie de débauches; puis, étendant son burnous, il lui montra, au travers de ce transparent magique, la ville complètement ruinée et inhabitée. En-Nacer, frappé de ce spectacle, s'humilia, quitta le trône, se retira sur une île rocheuse de la côte voisine l'île des Pisans et y mourut saintement dans les austérités.

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Le sultan hammadite mourut, en réalité, à Bougie en 1089, laissant le trône à son fils El-Mansour.

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Celui-ci quitta la Kalaa en 1990 et transporta le siège du gouvernement à Bougie, dont il fit la capitale définitive de l'empire. El-Mansour sortit de la Kalaa en 1090 et alla faire sa résidence à Bougie avec ses troupes et sa cour. Il s'éloigna ainsi d'une région où la violence et la tyrannie des Arabes avaient tout ruiné2. El-Mansour, ayant fait de Bougie le siège et le boulevard de son empire, en restaura les palais et éleva les murs de la grande mosquée. Doué d'un esprit créateur et dominateur, il se plaisait à fonder des édifices d'utilité publique, à bàtir des palais, à distribuer les eaux dans des parcs et jardins; aussi l'on peut dire que par ses soins le royaume hammadite échangea son organisation nomade contre celle qui résulte de la vie à demeure fixe. Après avoir érigé à la Kalaa le palais du gouvernement, le palais du Fanal (Kasr el Ménar), le palais de l'Étoile (el Kokab) et le palais du Salut (el Salam), il construisit à Bougie ceux de la Perle et d'Animoun. >>

La ville de Bougie joua dès lors un rôle important:

«De nos jours, dit Edrisi 3, qui écrivait dans la première moitié du douzième siècle, Bougie fait partie de l'Afrique moyenne et est la capitale des Beni-Hammad.

4. IBN-KHALDOUN, Histoire des Berbères, t. II, p. 51 et suivantes.

2. Voir l'aperçu historique.

3. EDRISI, Description de l'Afrique et de l'Espagne, pp. 104 et 105.

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