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LE MENAR. Côté Est, au-dessus des gorges du Fredj

genre à la même époque, un appareil à miroirs pour les communications optiques du jour; pendant la nuit, les signaux se faisaient à l'aide de feux disposés d'une façon convenue. Une tour analogue, portant le même nom, se trouvait à Bougie et permettait d'échanger des messages avec les points les plus importants du territoire. Dans le cas actuel, la tour avait surtout pour but de communiquer avec les forts avancés de la plaine de la Hodna, qu'elle voyait à perte de vue. C'est de cette direction que venaient généralement les bandes ennemies. Du côté de Bougie, l'horizon était masqué par des montagnes de 1.700 mètres de haut et la communication ne pouvait s'effectuer si elle s'effectuait

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que

par une série de postes intermédiaires, dont nous n'avons pas connaissance.

Le palais du Ménar se dresse sur un escarpement rocheux (pl. III et IV) absolument inabordable. Il est construit en pierres assez grossièrement taillées. De grandes cannelures verticales, formant contrefort à l'extérieur, sont reliées entre elles par des niches demi-circulaires terminées à leur partie supérieure par un amortissement en coquille, dont je n'ai pu malheureusement me procurer qu'un seul spécimen. Cette coquille offre le plus ancien exemple connu (fig. 11) du motif décoratif appelé: « ruche d'abeilles >>; elle est en pierres et mesure 1 mètre sur o m. 60. C'est là un document d'autant plus important, que jusqu'ici le petit encorbellement qui se remarque à l'angle de la mosquée d'El-Akmar (1125), au Caire, était considéré comme le premier essai, bien incomplet encore, des futures ruches d'abeilles. Je

1. Les tours à signaux prenaient toujours le nom de Ménar chez les Arabes. Nous savons par le manuscrit de Bedjaoui, de Bougie (chap. IV), qu'il existait une tour du Ménar à Bougie. D'après TIDJANI (Journal Asiatique, t. II, p. 99), il y avait un Ménar au Nord de Sousse : « Cette construction de forme circulaire très élevée et édifiée de grosses pierres carrées est due à Ibn-el-Arbel, qui en fit bâtir de semblables sur le littoral de l'Ifrikiya, depuis Alexandrie jusqu'au détroit de Ceuta. Un autre Ménar ou phare, très connu, celui de Carthage de Tunis, est dù au mème Ibnel-Arbel. >>

l'avais donné comme tel dans mon Prome-Samara (p. 133), mais désormais et jusqu'à nouvel ordre il conviendra, je crois, de faire bénéficier de cette priorité d'origine la très provinciale coquille du Ménar. Nous gagnons ainsi un siècle ou un demi-siècle. Il est certain, en effet, que si des alvéoles de ce genre existaient au onzième siècle dans une ville éloignée des grands centres de la

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FIG. 11. Le Ménar. Monolithe avec alvéoles formant ruche d'abeilles.

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civilisation musulmane, il devait en exister d'autres exemples, bien antérieurs, dans les métropoles d'Égypte, de Syrie et de Mésopotamie. Peut-être, à ce point de vue, sera-t-il sage d'accorder plus d'attention, à l'avenir, aux ornements alvéolés, probablement remaniés, d'Ani, en Arménie (xe siècle ?) et du tombeau de Zobeïde à Bagdad (IXe siècle). Le tombeau de Zobeïde a été fortement restauré, sinon rebati, au dix-huitième siècle, mais les habitants du pays disent volontiers que cette réfection n'a été qu'une copie du monument ancien.

M. Saladin a signalé l'analogie qui existe entre la façade si

1. SALADIN, Bulletin archéologique, 1905, p. 7, du tirage à part.

caractéristique du Ménar et les façades des grands palais de la Mésopotamie, de Tello et de Warka (fig. 12). Il fait remarquer en outre avec raison, et le lecteur en trouvera de nouvelles preuves en examinant les débris de poteries et faïences recueillis à la Kalaa, que les influences asiatiques furent prédominantes dans la capitale hammadite.

La Kalaa n'est pas la seule ville de l'Afrique du Nord dont l'architecture se soit inspirée de celle de la Perse. Ibn-Haucal dit

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en effet, en parlant de El-Mehdia, port de Tunisie : « On y entre par deux portes qui surpassent par la forme et la façon toutes celles que j'ai vues ailleurs, à la seule exception des deux portes de Rafia (Racca, en Mésopotamie) sur le modèle desquelles elles ont été faites '. » Nous verrons plus loin que deux portes du palais des Émirs à la Kalaa sont à peu près semblables à celles de la mosquée de El-Mehdia.

La tour du Ménar comprend un sous-sol carré et voûté ABCD (fig. 13), n'ayant pour issue qu'une poterne donnant sur la vallée, à l'Est. Était-ce une prison? un magasin? une salle de rassem

1. SALADIN, loc. cit., p. 8.

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