désormais reprendre l'œuvre interrompue pendant les fouilles et recouvrir de nouveau le sol où s'étendent les ruines; nous espérons que les éléments d'appréciation recueillis par nos soins conserveront le souvenir du castrum de Caumont. Nous devons adresser nos remerciements d'abord à la Société ariégeoise des sciences, lettres et arts, qui a pris notre œuvre sous ses auspices et nous a prêté son concours, ensuite aux diverses administrations qui nous ont autorisés à explorer un terrain appartenant à la commune et soumis aux exigences du régime forestier (1). CAUMONT ET LE PLECH. Caumont (2) est un charmant village à 6 kilomètres N. O. en aval de Saint-Lizier, situé sur la rive gauche du Salat, traversé par la ligne ferrée de Saint-Girons à Boussens et par la route nationale n° 117. Les maisons, éparpillées dans un repli de la vallée du Salat, entourent une église du xvIII° siècle qui n'a rien de remarquable (3). Caumont moderne ne se distingue des villages voisins par aucun monument; les souvenirs qu'il a gardés du passé méritent de fixer l'attention de ceux qui s'intéressent à l'histoire encore peu connue de cette région des Pyrénées centrales et, en particulier, de la vallée du Salat dont la partie supérieure comprend le Cou serans. Le bourg, d'après une tradition locale, était primitivement bâti sur les pentes méridionales d'un monticule voisin, nommé le Plech, situé à 500 mètres ; il serait insensiblement descendu vers la plaine. Un chemin raviné et encaissé entre deux vignobles, appelé le chemin de la Gleiso de Nant, conduit à un ancien cimetière. Dans les environs s'élevait une petite église dont nous avons mis les substructions à jour; le plan est celui d'un édifice de forme rectangu Nous devons une mention spéciale à M. Simon Garaud, qui a été, lors des dernières fouilles, pendant plusieurs jours, le chef intelligent et dévoué de notre équipe d'ouvriers. (2) Commune d'environ 500 habitants, canton de Saint-Lizier, arrondissement de Saint-Girons. Avant la Révolution, Caumont appartenait au Couserans, relevait de l'intendance d'Auch et du diocèse de Saint-Lizier. Elle date de 1778. laire, à une seule nef, que termine une abside moins large (1). Ces dispositions sont celles adoptées dans la construction des églises rurales pendant la période romane et dont on rencontre de nombreux exemples dans la région des Pyrénées centrales. C'est dans les champs voisins qu'était construit l'ancien village; c'est là aussi qu'ont été découverts quelques vestiges de la civilisation romaine des médailles du Haut Empire, dont l'une est à l'effigie d'Antonin, avec la légende Virtus Augusti au revers. On a recueilli un fragment de brique portant les lettres CAVR; la deuxième et la troisième sont conjuguées. On conserve au musée de Foix un cippe de marbre blanc provenant de Caumont (2) et où se trouve cette inscription : Dans une maison du village, le seuil d'une porte est formé par une dalle de marbre blanc sur laquelle une inscription, très effacée aujourd'hui, laissait déchiffrer ces mots, il y a quelques années : SERGIVS PAVLVS VXORI CASTISSIMAE (3) Ces inscriptions, dont les lettres sont mal tracées, indiquent une époque de décadence et ne doivent pas remonter au delà du Ie siècle. Elles n'en témoignent pas moins du passage et du séjour des Romains dans ce lieu et attestent l'antique origine du village (^); mais nous ne tirons de ces souvenirs aucune induction pour le monument situé sur le Plech (5). C'est un mamelon rocheux, dont le côté septentrional se rap (1) A Caumont, l'abside a 2 m. 90 d'ouverture et 3 m. 60 de profondeur; l'épaisseur du mur est de 1 m. 40. (2) o m. 51 de haut sur o m. 24 de large. (3) Pour ces inscriptions, voir l'ouvrage de Julien Sacaze: Inscriptions antiques des Pyrénées, p. 128. (4) D'autres découvertes d'inscriptions romaines ont été faites dans la vallée du Salat, à Saint-Lizier, Prat, Gayan, Lacave, Saint-Girons. (Voir l'ouvrage de Sacaze.) (5) Ce mot n'est qu'un synonyme de Pech, Pouech, Puy (podium). proche presque verticalement de la rivière, tandis que le versant méridional, s'infléchissant en pente douce, se relie aux collines voisines. Le pic s'avance comme un promontoire jusqu'au Salat, qui, avant la construction des murs de soutènement de la route nationale et de la voie ferrée, baignait le pied du coteau. Grâce à son isolement et à son élévation, le Plech offrait un point stratégique de premier ordre pour la défense de la vallée. Du sommet, on domine la vaste plaine qui s'étend de Saint-Lizier à Prat sur un rayon d'environ 15 kilomètres. Une forteresse, élevée sur ce point, devait présenter aux occupants d'incomparables avantages de surveillance et de résistance. Aussi n'avons-nous pu passer sous silence la tradition recueillie par quelques auteurs prétendant que les Romains avaient élevé des constructions sur cette colline (1). II LE CASTRUM DESCRIPTION. Les ruines n'étaient que vaguement connues de quelques bergers qui faisaient paître leurs troupeaux dans l'enceinte, ou de quelques bûcherons qui allaient y faire provision de menu bois. Un épais taillis de buis, de hêtres et de ronces ne laissait apercevoir qu'une tour et çà et là quelques débris de remparts. De la route nationale on distinguait un pan de mur s'élevant au-dessus des branches. On attribuait ces constructions aux Romains, aux Wisigoths, aux Sarrasins, aux Anglais, à tous les peuples dont un souvenir confus est resté dans les légendes locales. On ne savait rien ni sur la forme, ni sur l'origine, ni sur la destination, ni sur la destruction de la forteresse. Il n'en est fait mention ni dans les chroniques, ni dans les chartes; nous étions en présence d'un problème complexe, dont nous avons cherché à préparer la solution. Il fallait, en premier lieu, rendre visibles les grandes lignes du monument : nous fimes abattre les taillis qui en encombraient les abords et l'intérieur. Le castrum nous apparut alors comme une Bergès, Description du département de l'Ariège, p. 285. Manuel de Boisse, Promenades dans le Saint-Gironnais. |