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Dans les premiers chapitres de cette section, Ibn-Khaldoun

traite de la généalogie de Djana ou Chana, père des Zenata, et de l'origine de son nom. Il donne aussi la filiation des tribus qui regardent Djana comme leur ancêtre, et, passant ensuite à l'histoire de ces peuples, il commence par celle des Djeraoua et raconte les guerres et la mort de la Kahena. Ensuite il traite des anciens Ifrenides, de leur chef, le célèbre Abou-Corra, seigneur de Tlemcen, et d'un autre chef également célèbre, Abou-Yezîd, l'adversaire des Fatemides. L'empire fondé par les Ifrénides à Salé attire alors son attention ainsi que celui qu'Abou-Nour, prince ifrénide, établit à Ronda, en Espagne. Il termine l'histoire de cette tribu par une courte notice des Merendjîsa, une de ses branches, et ensuite il nous fait connaître l'état de la grande tribu des Maghraoua pendant les premiers siècles de l'islamisme. Racontant alors l'histoire de leur chef, Zîri-Ibn-Atïa, il fait celle de la dynastie qu'il fonda à Fez dans le 4° siècle de l'hégire. -Une autre branche, de la même famille, les Beni-Khazroun, règne à Tripoli, vers la même époque, et une troisième branche, les Beni-Khazer, s'établit à Tlemcen. Un court chapitre renferme l'histoire des émirs qui commandaient à Aghmat, lors de l'apparition des Almorarides, et le chapitre suivant renferme l'histoire des Rîgha, des Laghouat et des Beni Ouerra, tribus maghraouiennes. Ensuite se trouve la notice de plusieurs autres branches de la

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grande famille zenatienne telles que les Beni-Irnian, les Oudjedidjen, les Ouaghmert ou Ghomra, les Ouargla, les Demmer, les Beni-Berzal, les Beni-Ouemannou et les Beni-Iloumi. Les deux derniers peuples habitaient les contrées qui forment aujourd'hui la province d'Oran, et ils y exercaient une espèce de souveraineté à l'époque où Abd-el-Moumen, premier sultan de la dynastie almohade, envahit cette région. Bientôt après ils en furent dépossédés par les Beni-Toudjîn et forcés de se jeter dans le Désert. L'auteur parle ensuite de plusieurs villes et localités du Désert et fait mention des puits artésiens que l'on creusait dans les pays du Sud, depuis Touat jusqu'au Righ (Ouad-Rir). — Passant alors aux Zenata de la seconde race, tribus descendues de Ouacin, il raconte l'histoire de ces peuples jusqu'à l'époque ou ils fondèrent des dynasties en Maghreb. - Le chapitre suivant est consacré à la puissante famille maghraouienne, les Aulad-Mendil, qui régna dans la vallée du Chelif à l'époque ou Yaghmoracen, chef des Abd-el-Ouadites, établit le siége de son empire à Tlemcen. Reprennant alors l'histoire des tribus ouacinides, il passe aux BeniAbd-el-Ouad et à leurs souverains. Cette notice remplit plusieurs chapitres et peut être regardée comme celle où Ibn-Khaldoun déploie tout son talent comme historien. Une notice des Beni-Gommi, tribu abd-el-ouadite, termine l'histoire de ce peuple. Ensuite viennent plusieurs tribus ouacinides, telles que le Beni-Rached, les Beni-Toudjîn, tribu maîtresse du Quancherich, les BeniSelama, peuplade établie à Taoughzout, et les Beni-Irnaten, branche toudjinide, qui habitait le Seressou.-L'histoire d'une autre tribu issue de Ouacîn, celle des Beni-Merin, souverains de Fez et de Maroc, remplit un grand nombre de chapitres, dont ceux qui racontent les expéditions de ce peuple en Espagne, ne sont pas les moins importants. - L'ouvrage se termine par des notices de quelques membres de la famille royale mérinide qui commandèrent les Volontaires de la foi, corps de troupes zénatiennes employé au service des souverains de Grenade dans leurs guerres contre les Chrétiens.

Outre les chapitres que nous avons indiqués, on y en trouve plusieurs autres d'une moindre importance dont quelques-uns renferment des notices biographiques des divers hommes d'état dont les noms figurent dans les pages de notre histoire.

Nous allons maintenant indiquer la succession de ces dynasties et l'ordre dans lequel les chapitres de ce livre devront être lus, quand on voudra suivre chronologiquement l'histoire du pays.

DYNASTIES MUSULMANES DE L'AFRIQUE SEPTENTRIONALE.

L'islamisme avait commencé à étendre ses conquêtes au dehors de l'Arabie, vers l'époque où la domination byzantine s'éteignait dans l'Afrique septentrionale. Affaiblie par le schisme des Donatistes et par les fréquentes révoltes des indigènes, brisée ensuite par les Vandales, l'autorité des Césars y avait reçu un coup fatal; et, bien qu'elle fût relevée par l'habileté de Bélisaire, et soutenue pendant quelques années par les armes de Salomon et de Jean Troglita, elle penchait maintenant vers sa ruine définitive. Les populations de langue latine s'étaient concentrées autour de leurs places fortes, après avoir abandonné leurs riches campagnes aux Berbères; plusieurs villes de premier rang venaient d'être évacuées, et depuis l'an 618, l'importante province de la Tingitane était tombée au pouvoir des Goths d'Espagne. En l'an 645-6, le patrice Grégoire, préfet de l'Afrique, usurpa la pourpre et s'établit à Suffetula, dans la partie de la Byzacène qui avait le moins souffert de tant de révolutions; pendant que Carthage, capitale de la province, et les autres villes de la Zeugitane, restaient fidèles à l'empire.

Tel était l'état de l'Afrique septentrionale quand les Arabes, après avoir effectué la conquête de l'Egypte (an 641), occupèrent la Cyrénaïque (an 642), et, une année plus tard, soumirent la Tripolitaine. En 646-7, ils envahirent l'Ifrîkïa sous la conduite. d'Abd-Allah-Ibn-Sâd, tuèrent l'usurpateur Grégoire et s'emparèrent de Suffetula. Malgré cette victoire, ils ne se crurent pas assez forts pour conquérir le reste du pays, et consentirent à évacuer la province, moyennant une forte contribution d'argent. Vingt années plus tard, ils y reparurent encore, et leur chef Moaouïa-Ibn-Hodeidj, s'empara d'Usalitanum (Djeloula). Son successeur, Ocba, posa, à quelques lieues de cette ville, les fondements de Cairouan, future capitale de l'Afrique musulmane, et porta les drapeaux du khalifat au-delà du Fezzan, et ensuite jusqu'à l'Océan Atlantique.

Pendant ce temps, les Berbères n'avaient vu dans les Arabes

que des libérateurs. Obligés de cultiver les plaines de l'Afrique pour le compte de quelques grandes familles romaines, ils avaient à satisfaire aux exigences de leurs maîtres et à l'avidité du fisc impérial, quand la présence des envahisseurs les délivra d'une servitude devenue intolérable. Mais, avec ce changement, ils durent accepter les obligations qu'impose l'islamisme, et, fatigués bientôt d'une religion qui leur prescrivait de fréquentes prières et leur enlevait près de la moitié de leurs récoltes à titre d'impôts, ils s'allièrent encore aux Romains, écrasèrent les armées arabes (en l'an 683), et fondèrent, à Cairouan même, le premier empire berbère. Pendant cinq ans, leur chef Koceila gouverna l'Afrique avec une justice qui mérita l'approbation des Arabes qu'il avait vaincus. En 688-9, Zoheir-Ibn-Caïs, émir chargé par le khalife de venger la mort d'Ocba, renversa le trône de Koceila; puis, en 691, Hassan-Ibn-en-Noman prit la ville de Carthage et subjugua les Berbères que la Kahena, reine du Mont Auras, avait rassemblés pour le combattre. Mouça-IbnNoceir soumit les Berbères de l'Auras, conquit la Tingitane et remporta, en 711, sur les bords de la Guadalète, la célèbre victoire qui livra l'Espagne à l'islamisme et mit fin à l'empire des Visigoths. Depuis lors, les émirs qui gouvernaient l'Afrique eurent la double tâche de combattre les Berbères, race toujours impatiente du joug étranger, et de résister aux tentatives ambitieuses des chefs arabes qui commandaient sous leurs ordres. Pour accroître les difficultés de leur position, le Kharedjisme, doctrine d'une nouvelle secte, se propagea chez les indigènes.

Après la mort de Mahomet, son gendre et cousin, Ali, espéra obtenir le commandement temporel et spirituel des Musulmans. Deux fois, il se vit frustré dans son attente, et la troisième fois il eut à combattre un rival qui finit par le remplacer : Moaouïa, chef de la famille des Oméïades et de la haute bourgeoisie de la Mecque, corps qui s'était longtemps opposé aux entreprises de Mahomet, resta seul khalife en employant tour à tour l'intrigue et les armes. La plus grande partie de la nation arabe se laissa entraîner dans cette querelle qui, heureusement pour l'Europe, brisa à jamais l'unité de l'empire; mais un certain nombre de

croyants, puritains de l'islamisme, se tinrent à l'écart en déclarant que le droit de choisir le chef de l'état et de la religion appartenait au corps entier des fidèles. Ils prirent bientôt les armes pour faire valoir ce principe; puis, à la suite de plusieurs défaites, ils eurent recours à d'autres moyens pour combattre leurs adversaires. Ces dissidents ou kharedjites, comme on les nomma, enseignaient que tout musulman, hormis ceux de leur secte, était infidèle et méritait la mort; que ses femmes et ses enfants pourraient être légalement réduits en servitude. Ils dénoncèrent aussi la peine de mort coutre les croyants qui ne répondraient pas à l'appel pour la guerre sainte, c'est-à-dire, contre les individus de leur propre parti auxquels il manquait, soit le courage, soit le fanatisme. Vaincue en Syrie, en Arabie et en Irac, cette faction se brisa, mais les débris se répandirent jusque dans les provinces les plus éloignées du siége de l'empire. Quelques-uns de ces fuyards passèrent en Afrique où ils trouvèrent les Berbères bien disposés à embrasser leurs doctrines. Ce peuple ne cherchait que des prétextes pour résister à la domination arabe; et si, dans les premiers temps, il ne savait entreprendre une révolte sans se jeter dans l'apostasie, il apprit alors à s'insurger sans cesser d'être musulman. Profitant enfin des guerres qui embrâsèrent toutes les provinces de l'islamisme lors de la lutte des Oméïades et des Abbacides, ils parvinrent encore à vaincre les Arabes et à devenir maîtres chez eux.

Pendant quatorze mois les Kharedjites sofrites dominèrent dans Cairouan; les Eibadites, qui formaient une autre nuance de la même secte, y règnèrent ensuite pendant deux ans, et, pour que l'autorité du khalifat fût rétablie en Afrique, il fallut que les cadavres de quarante mille de ces hérétiques restassent sur un seul champ de bataille.

Comme la famille d'El-Abbas avait maintenant arraché l'empire aux descendants d'Oméïa qui, eux-mêmes l'avaient enlevé à la postérité de Mahomet, et que ces changements de dynastie eurent pour résultat le démembrement et la ruine de l'autorité arabe, il sera nécessaire d'indiquer ici la filiation de ces trois branches de la tribu de Coreich:

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