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serions entraîné trop loin et en dehors de notre sujet, si nous voulions passer en revue tous les emplois dépendant du préfet de Rome.

Magistrat curule comme ses collègues du prétoire, dont il partageait le rang et les attributions, il avait aussi à peu près les mêmes insignes (insignia) Le livre de sa nomination, au milieu de la couverture duquel était encadré le buste en or de l'empereur, était placé sur une table couverte d'un tapis blanc et rattaché avec des bandelettes d'or; puis, à côté de cette table, le trépied doré, à figurines; et, en dessous, le quadrige avec son conducteur.

Assez d'écrivains, Tacite, Suétone, Pomponius, Dion Cassius, les auteurs de l'histoire Auguste, Ammien Marcellin, F. L. Lydus, etc., se sont occupés du Præfectus urbi, pour qu'il soit besoin de s'étendre davantage sur la matière. Toutefois, parmi les documents à consulter, il en est qui méritent de fixer, en l'espèce, plus particulièrement l'attention. C'est, d'abord, la Formula Præfecturæ Urbanæ, qui nous a été conservée par Cassiodore (Variarum, lib. VI, cap. 4), ainsi qu'un curieux passage du livre I, chap. 32 (ibid.). Ensuite, c'est le De officio Præfecti Urbi, extrait du Liber singularis regularum, du célèbre Ulpien, qui fut lui-même préfet du prétoire sous Héliogabale et Alexandre-Sévère.

Quant à nous, nous terminons ce que nous avons à dire sur le compte du Préfet de la Ville par une courte citation, d'ailleurs toute d'intérêt local, puisqu'elle aura le double avantage de faire connaître, en même temps que partie des attributions de ce haut magistrat, un écrivain presque oublié.

Corippe (Corippus), poète latin africain, vivait vers l'an 570 de J. C.; il était chrétien. Il a laissé un poème en quatre chants, à la louange de Justin II le Jeune, neveu et successeur de Justinien, ouvrage dans lequel on trouve de curieux détails sur la cour de Constantinople; il a également laissé un autre petit poème en l'honneur d'Anastase, questeur et maître de la cour de justice. Voici la peinture que Corippe fait du Préfet de la Ville, dans le premier de ces poèmes (lib. IV, v., 3 à 7) :

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Les anciens rattachaient l'Egypte à l'Asie, et ne la faisaient con

sister que dans la vallée proprement dite du Nil. Le pays situé à l'Est, jusqu'à la mer Rouge, était quelquefois appelé Arabie égyptienne; on regardait la partie située à l'Ouest comme une dépendance de la Libye, sous le nom de Libye égyptienne. L'Égypte, ainsi limitée, formait originairement deux divisions, le Maris et le Tsahet. Tout en acceptant cette répartition territoriale, les Grecs y apportèrent, cependant, des modifications, tant en ce qui concerne la division principale, qu'en ce qui touche le partage des nomes. Ainsi, ils divisèrent le Maris en Thébaïde ou Haute Egypte, et en Heptanomide ou Egypte moyenne; et le Tsabet fut appelé par eux Delta ou Basse Égypte. C'est qu'en effet l'Egypte se partage naturelment en trois grandes régions: la basse Egypte (Delta), voisine de la Méditerranée; la moyenne Egypte (Heptanomide), au centre; la haute Égypte (Thébaïde), au Sud. On attribue à Sésostris une division du pays en 36 nomes ou provinces (gouvernements, préfectures), dont 10, suivant Strabon, appartenaient à la Thébaïde, 10 au Delta et 16 à la région intermédiaire. Les médailles nous apprennent que l'Egypte fut, plus tard, divisée en 40, puis en 46 nomes, dont 13 pour la Thébaïde, 26 pour le Delta, et 7 pour la contrée moyenne. C'est ce même nombre de 46 que donne Pline; mais il le répartit autrement. Ptolémée en indique 47, en ajoutant à l'Heptanomide un 8 nome.

L'intervention romaine, provoquée par les partis de l'intérieur, amena la chute du trône des Ptolémées et le renversement de ce système organique de l'ancienne Egypte.

Octave, vainqueur d'Antoine à Actium, le poursuivit jusqu'en Egypte, resta insensible aux séductions de Cléopâtre, qui se donna la mort, et réduisit le pays en province romaine, trente ans avant J. C.

Lorsqu'Octave, devenu empereur, partagea avec le sénat les provinces de l'empire romain, il se réserva l'Egypte, comme étant, à la fois, la plus riche, puisque, suivant Strabon, elle rapportait annuellement 25,000 talents (environ 150 millions de francs), et la plus importante par la quantité de grains qu'elle fournissait, fertilité qui lui mérita le nom de second grenier de Rome. Auguste donna à cette province, dès lors rangée dans la catégorie des provinces impériales, une constitution particulière, différente de celle d'après laquelle il régissait les autres provinces qui formaient alors son lot. Il n'y envoya pas de sénateur, mais un simple chevalier romain, portant le titre modeste de préfet augustal, Præfectus Augustalis,

du nom même de celui qui avait institué cette charge, c'est-à-dire gouverneur de l'Egypte pour l'empereur: de là, ces expressions fréquentes dans le Code théodosien, et qui peuvent et doivent se retrouver sur les inscriptions, Augustalitas, dignité de préfet de l'Egypte, Augustalianum officium, charge de préfet de l'Egypte.

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Il est inutile de chercher le secret de cette politique dans une tradition dont parle l'historien Trébellius Pollion (in Emiliano tyr.), et d'après laquelle l'Egypte devait renoncer à son indépendance, lorsque des faisceaux (1) et un magistrat portant la prétexte (toga prætexta) y seraient entrés. Sans recourir à un motif de superstition, il est évident qu'Auguste ne voulait confier cette opulente province ni à un gouverneur investi de pouvoirs étendus dont il eût été facile d'abuser, ni à un homme tenant à une grande famille.

La résidence du Préfet Augustal, qui avait rang de Spectabilis parmi les dignitaires de l'empire, était à Alexandrie, la ville la plus

(1) Nous saisissons cette occasion pour faire, à propos des faisceaux, une remarque utile, qui semble avoir échappé, parfois, aux archéologues, aux antiquaires, etc., et qui nous dispensera de revenir, plus loin, sur le même sujet. Les fasces étaient les faisceaux portés par les licteurs devant certains magistrats romains; on s'en servait pour battre les malfaiteurs avant l'exécution. Ils se composaient de baguettes de bouleau ou d'orme, assemblées et liées tout autour avec des courroies, en forme de fascine (fascis). Sous les rois et dans les premières années de la république, on plaçait aussi au milieu des baguettes, une hache (securis): mais, après le consulat de Publicola, aucun magistrat, excepté le Dictateur (Tite-Live, II, 18), n'eut le droit d'avoir les faisceaux avec hache dans la ville de Rome (Cicéron, De Rep. II, 31; Valère-Maxime, IV, 1,1); en effet, ils ne furent plus donnés qu'aux consuls à la tête de leurs armées (Tite-Live, XXIV, 9) et aux questeurs dans leurs provinces (Cicéron, Flanc. 41). Nous verrons ailleurs de quelle manière les faisceaux étaient portés par les licteurs, et nous dirons les différents sens attachés au mot fasces. Une de ces expressions, fasces laureati, fera comprendre, tout de suite, notre pensée. Quand un général avait remporté une victoire, on ornait de feuilles de laurier les faisceaux qui étaient portés devant lui (laureati); les empereurs ajoutaient aussi un ornement pareil à leurs propres faisceaux, en l'honneur de ceux de leurs officiers qui avaient obtenu un brillant succès. Dans ces occasions, on plaçait une branche de laurier en haut des baguettes, comme le montre une figure représentant les faisceaux portés par un licteur devant l'empereur Vespasien, d'après un bas-relief; ou on fixait sur ces mêmes baguettes une couronne de laurier, ainsi qu'on le voit sur un dessin pris sur une monnaie consulaire.

commerçante du monde ancien : « Alexandriæ sedes habuit Præ» fectus Augustalis. » Nous verrons tout-à-l'heure en quoi consistaient les insignes (insignia) et l'administration (officium) de ce fonctionnaire, sur le compte duquel la Notice ne fournit, du reste, que fort peu de détails.

Le régime établi par Auguste dura jusqu'à Septime-Sévère (197211). Ce dernier prince, né à Leptis, ville maritime de l'Afrique septentrionale, dont il avait été proconsul, après avoir pacifié l'Asie, revint par l'Egypte, où il visita le tombeau d'Alexandre, qu'il fit fermer, et ordonna qu'à l'avenir cette contrée serait administrée par un sénateur; mais il conserva, toutefois, à ce gouverneur le titre de Préfet (d'Egypte).

Lors de la nouvelle division de l'empire romain, l'Egypte donna son nom à l'un des cinq diocèses, en lesquels fut partagée la préfecture d'Orient, et ce diocèse comprit six provinces, que la Notice classe de la manière suivante, savoir :

A. Libya Superior (Libye Supérieure ou Première),

B. Libya Inferior (Libye Inférieure ou Deuxième),

C. Thebais (Thébaïde),

D. Ægyptus (Egypte propre),

E. Arcadia (Arcadie),

F. Augustamnica (Augustamnique (1).

Suivant nous, cette dernière division de l'Egypte doit remonter à la fin du règne de Constance II, qui fit venir, de cette contrée à Rome, l'obélisque qui décore la place Saint-Pierre. On lui assigne une date un peu postérieure, c'est-à-dire l'année 364; et, depuis cette époque, l'Egypte fit partie de l'empire d'Orient, jusqu'à la conquête des Arabes.

De ces six provinces, placées sous les ordres du Préfet Augustal, les cinq premières étaient administrées par des Présides ou Présidents (Præsides) et un Correcteur (Corrector). Il est à remarquer que la Notice ne mentionne que le Président de la Thébaïde (Præses Thebaidos) et le Correcteur de l'Augustamnique (Corrector Au

(1) Tres provincias, inquit Ammianus Marcellinus (XXII, 16, 1), Ægyptus fertur habuisse temporibus priscis, Egyptum ipsam et Thebaida et Libyam, quibus duas adjecit posteritas, ab Ægypto Augustamnicam et Pentapolim a Libya sicciore dissociatam. » Arcadia deinde propria provincia facta est << Primam ejus provinciæ ab Arcadio imp. nomen habentis mentionem ap. Cyrill. épist. ad Atticum, p. 205, et Concil. Ephesin p. 474. fieri annotavit Wesselingius. >

gustamnica), à chacun desquels elle attribue, d'ailleurs, le titre honorifique de Vir Clarissimus; mais il est évident, aux termes mêmes de la Notice: « Ceteri omnes Præsides ad similitudinem Præsidis » Thebaidæ officium habent, » que chacune des quatre autres provinces devait être administrée par un Prœses, puisqu'en outre, on trouve, à l'Index (au mot Ægyptus), cette mention : « Præsides per » Egyptiacam (provinciam) quinque. »

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Ces six administrateurs particuliers étaient :

1° (A). Le Præses de la Libye Supérieure ou Libye Première : Les Grecs, disons-nous, donnaient le nom de Libye (Libya), si célèbre par ses sables, à l'Afrique entière, tandis que les Romains ne l'appliquaient généralement qu'au pays situé à l'O. de l'Egypte, c'est-à-dire au pays compris entre la Méditerranée au N., l'Afrique (propre) à l'O., le désert de Libye au S., et l'Egypte à l'E., région qui comprenait ainsi le désert de Barka, le pachalik actuel de Tripoli, les déserts du Kordofan, du Darfour, etc. Plus tard, on fit une distinction, et on nomma : 1° Libye inférieure, les contrées désertes situées au S. de l'Atlas (Maroc méridional, Sahara et la partie de la Nigritie connue des anciens); la Libye extérieure, l'ancienne Libye, notamment la région plus rapprochée de la Méditerranée, le littoral compris entre l'Egypte et la Tripolitaine, littoral qui se subdivisa lui-même en A. Libye Supérieure ou 1" (Cyrénaïque ou Penta pole), B. Libye Inférieure ou 2. (Marmarique). — C'est de la Libye extérieure qu'il est, ici, exclusivement question.

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La Libye Supérieure était l'ancienne Cyrénaïque (Cyrenaica) ou Pentapole Pentapolis, nom donné, dans l'antiquité, à un pays composé de cinq Villes principales), et s'appelait également, par ce motif, Libye Pentapole ou Pentapole Lybienne (des cinq villes grecques Cyrène, Hespéris ou Bérénice, Barcé ou Ptolémaïs, Teuchira ou Arsinoé, et Apollonie). Située sur les bords de la Méditerranée au N., entre la grande Syrte à l'O., l'Egypte à l'E. et le désert de Libye au S., la Libye Supérieure avait pour capitale Cyrène, ville qui avait donné son nom à l'ensemble de la province (Cyrénaïque). Ce pays, limitrophe de l'Egypte (depuis Parætonium jusqu'au promontoire Pseudopanias), et qui forme aujourd'hui celui de Barka (Tripoli), devait être magnifique sous tous les rapports, puisque, d'une part, on appelait, à Rome, champ libyen (Libycus campus) un emplacement où l'on avait primitivement déposé les blés d'Afrique, et que, d'autre part, nombre de mythographes

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