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manque la tête et les membres inférieurs, à partir de l'emfourchure; tout le côté gauche est brisé. Dans son état actuel, le bras droit est étendu le long du corps; les doigts, allongés et écartés du pouce, s'appuient sur la hanche, qui offre une saillie trèsprononcée, telle qu'elle pourrait l'être dans un corps de femme. Cependant, on s'aperçoit sans peine, malgré une mutilation faite à dessein, mais incomplète, que le sujet appartient au sexe masculin. Le ventre est renflé, les pectoraux sont très-accusés, et le nombril est exagéré dans ses dimensions. D'après ces caractères et la direction particulière de l'organe générateur, tout porte à croire que cette statuette était un Priape, ou du moins quelque personnage du culte phallique.

M. A. Gaspary a joint à cet envoi « seize petites pierres d'une forme ovoïde, trouvées, à l'Est de Carthage, dans un caveau souterrain, à peu près à deux mètres au-dessous du niveau du sol, et d'un espace de 40 mètres de surface. Ces petites pierres sont innombrables, dit notre honorable correspondant, qui ajoute que, d'après les renseignements qu'il a pu recueillir, il y a lieu de penser que c'étaient des projectiles qui se lançaient avec la fronde.

Ces projectiles présumés ont 0°05 dans leur plus grand diamètre, et 0-94 dans le plus petit; leur maximum d'épaisseur est de 0-03 et demi. Leur forme est plutôt celle d'une amande que d'un œuf. Au lieu de la rainure habituelle des pierres de fronde, on remarque tout autour une bavure, comme s'ils avaient été faits dans un moule. Nous nous sommes assuré d'ailleurs qu'ils sont en terre cuite, et non pas en pierre.

DJOUGGAR (Tunisie). — M. Alphonse Rousseau nous écrit, de Tunis à la date du 5 courant :

« Je vous envoie ci-joint, la reproduction galvanoplastique d'une médaille en or du Bas-Empire, qui a un certain intérêt archéologique, et, peut-être aussi, un certain intérêt numismatique.

Cette médaille a été trouvée entre deux pierres de taille, dans le temple de la source de Djouggar. dont les eaux, vous le savez, étaient amenées, autrefois, ainsi que celles de la source de Zaghovan, jusqu'à Carthage au moyen du gigantesque aqueduc romain, dont vous avez pu admirer les beaux restes. Les p'erres de taille entre lesquelles cette médaille a été trouvée comme scellée, faisaient partie d'un des deux murs qui avaient été bâtis dans l'intérieur même de la source,et dont la construction est évidemment postérieure à celle du

temple proprement dit. Nul doute que la construction de ces murs n'ait eu lieu lors d'une des nombreuses restaurations qui ont été faites aux aqueducs.à l'époque de la domination Romaine et Byzantine. Hest difficile, aujourd'hui, en examinant les lieux, de se rendre compte du motif qui avait fait élever ces murs qui ne pouvaient servir en rien à l'aménagement des eaux.

Les circonstances dans lesquelles cette médaille a été trouvée prouvent bien que c'est avec intention qu'elle a été placée entre les deux pierres de taille qui la recélaient et comme pour indiquer la date précise d'une des nombreuses restaurations des aqueducs dont je viens de parler.

Reste donc à fixer cette date au moyen de la face et du revers de ce charmant tiers de sol d'or. Il marqué, au côté droit, une figure impériale sans barbe; au revers, deux effigies, l'une d'un prince enfant, l'autre d'une princesse; les trois têtes sont diadémées et les personnages tiennent de la main droite un globe crucigère, insigne de la puissance impériale.

Le caractère physionomique de cette médaille, me porte à l'attribuer à l'Empereur Héraclius Flavius, son fils, HéracliusConstantin ou Heraclius II et sa le femme, l'Impératrice Fabia Eudocia, qui, de Carthage, n'étant encore que sa fiancée, avait suivi P'Empereur à Constantinople, où celui-ci l'épousa, le 6 octobre 610, le jour même où il fut couronné dans la basilique de St-Sophie. Peutêtre faut-il voir dans ce tiers de sol une médaille d'honneur, frappée à l'occasion de la naissance du fils d'Héraclius Flavius et d'Eudocia, le jeune Héraclius-Constantin, né le 3 mai 612 à Constantinople, et qui reçut au moment de son baptême, le 22 janvier 613, le titre de César et le diadème. Il est probable qu'à cette même occasion, l'EmpereurHéraclius a voulu donner à la Province d'Afrique, où son père avait été Préfet,où il avait passé sa jeunesse et d'où il était parti peu de temps auparavant pour Constantinople, afin d'y punir l'usurpateur Focas et lui succéder au trône, une preuve de sa sympathie et de sa sollicitude, en faisant réparer et restaurer les aqueducs de Carthage, qui étaient si nécessaires à l'existence de la métropole africaine. Il semble naturel que, dans cette circonstance, des médailles, frappées en commémoration de la naissance du jeune Prince, aient été placées dans la construction principale que nécessita cette restauration; et je suis disposé à croire que c'est l'un de ces tiers de sol d'or que le hasard a fait récemment découvrir.

Si mes suppositions sont exactes, ce serait donc vers l'année 613

ou 614, qu'il faudrait placer cette nouvelle restauration de l'aqueduc de Carthage, la dernière, peut-être, qui ait été faite par ordre des Empereurs, puisque la prise de l'antique rivale de Rome par les Arabes, sous les ordres du général Hassan ben el-Noman, cut lieu avant la fin du VII. siècle.

Si vous croyez que cette découverte et les observations qu'elle a provoquées de ma part soient de nature à offrir quelqu'intérêt et à figurer dans notre Revue Africaine, je vous laisse libre d'en agir comme vous l'entendrez ».

L'Annuaire de la Société archéologique de Constantine, pour les années 1860-1861, ne le cède en rien à ses aînés pour l'importance des matériaux, le nombre et la bonne exécution des planches qui accompagnent les textes. La simple énumération des articles qui y sont traités en convaincra le lecteur.

Sur les 265 pages de texte que renferme ce nouveau volume, le premier Mémoire en occupe 102; il est intitulé: Sur les dix-neuf Inscriptions numidico-puniques découvertes à Constantine. L'auteur, M. Judas, y a déployé une très-grande érudition; et, quelle que soit l'opinion qu'on puisse avoir sur la valeur et la certitude du genre d'interprétation dont il s'est fait une spécialité, on lira avec un vif intérêt ce travail, où il a réuni une foule de notions utiles ou curieuses sur l'histoire de ce pays, sa numismatique particulière, etc.

Le deuxième article, intitulé: Sur une Inseription trouvée à Souk haras (ancienne Thagaste), est de M. le général Creuly, qui fait autorité en archéologie africaine. C'est un commentaire court et substantiel sur une épigraphe que la Revue africaine a publiée en 1858 (t. II, p. 453). Elle concerne la province de l'Est, et l'Annuaire de Constantine la publie de nouveau avec raison.

Vient ensuite une lettre de M. Henri Duveyrier, où ce jeune et courageux voyageur donne plusieurs inscriptions qu'il a recueillies dans l'Aurès; quelques-unes ont déjà été publiées par le savant M. Renier; mais la plupart sont inédites. Il y en a qui semblent annoncer des dédicaces militaires.

M. le capitaine Payen, commandant supérieur du cercle de Bordj Bou Areridj, a adressé, sous le titre d'Inscriptions latines de la subdivision de Batna, une assez grande quantité d'épigraphes, la plupart inédites, et qui offrent d'utiles matériaux pour l'histoire, et surtout pour la géographie comparée de cette région.

Le savant et zélé secrétaire de la Société archéologique de Constantine, M. Cherbonneau, a donné 80 inscriptions latines découvertes dans sa province depuis le commencement de 1860 11 s'en trouve, dans le nombre, qui ont déjà été publiées par la Revue africaine, sans que cette antériorité soit indiquée, le n° 75, par exemple. Nous ne releverions point ce genre d'omission, si nous ne l'avions déjà remarqué dans les Annuaires précédents M. Léon Renier fournit, à cet égard, un très-bon exemple à suivre il ne manque jamais d'accompagner les documents épigraphiqnes qu'il publie de l'indication des ouvrages où ils ont déjà paru.

M. Cherbonneau nous pardonnera cette réclamation, que nous n'opposons pas à tous ceux qui nous font des emprunts sans nous citer; mais il est un de ceux par qui l'on tient beaucoup à ne pas être oublié.

M. le D' Leclerc a fourni un article intéressant sur la longévité en Algérie et particulièrement en Numidie. C'est un sujet qui a déjà été traité, mais qu'il a su rajeunir par des développements et des faits nouveaux.

M. Moll, capitaine du génie, a donné une très-intéressante monographie sur Tebessa (Theveste) et ses environs. C'est un travail remarquable à tous égards.

M. Cherbonneau commente ensuite une inscription latine trouvée à R'damès par M. Henri Duveyrier. Il faut, pour apprécier toute la valeur de ce document, le rattacher à ceux qui sont échelonnés entre Tripoli et R'damès, et que nous avons indiqués dans cette Revue, d'après M. le Dr Barth.

Le même auteur donne une note sur l'Aqueduc des Lemellefensiens, à Zembia; puis la liste des Inscriptions recueillies pendant l'impression du volume.

M. le capitaine Moll clot ce volume, si bien rempli, par la liste des Inscriptions romaines trouvées à Tebessa et dans les environs, pendant les années 1860 et 1861.

En terminant la simple énumération que nous avions promise à nos lecteurs, nous avons à formuler, non pas une critique, mais un regret. C'est que la Société archéologique de Constantine, qui opère sur un terrain si riche en antiquités, ne publie pas plus souvent, et davantage à la fois. Les 265 pages qu'elle donne en deux ans n'équivalent pas à quatre numéros de la Revue africaine; et cependant il ne lui manque ni la matière ni les bons metteurs en œuvre. Nous ne doutons pas que ceux de nos lecteurs qui ont

lu les Annuaires déjà publiés ne s'associent au vœu que nous exprimons ici, de voir cette Société, à la fois savante et zélée, recourir plus souvent à la publicité, cette âme des associations scientifiques ou littéraires.

En terminant, nous nous apercevons que nous allions oublier de revenir sur les planches, dont l'exécution est vraiment digne d'éloges, surtout celles qui sont dues à notre collègue M. Portmann. Au reste, cet artiste offre assez souvent des échantillons de son talent dans cette Revue pour que nos lecteurs aient pu l'apprécier.

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Antiquités des Beni Raten. Au moment où nous allons mettre sous presse, le Musée central reçoit un nouvel envoi archéologique de la grande Kabilie. Par ordre de M. le général Yusuf, commandant la division d'Alger et par les soins de M, le lieutenant-colonel Hanoteau, commandant supérieur du cercle de Fort-Napoléon, les articles suivants viennent d'être adressés à cet établissement : 1o Le bas-relief antique qui a été décrit dans cette Revue (t. V, p. 179);

2. L'inscription latine publiée et commentée dans le même recueil (V. Burgus centenarius, ou une redoute romaine en Kabilie, ibid., p. 184);

3° Un fragment de mosaïque trouvé, en 4861, au même endroit que les objets précédents; c'est-à-dire, au Sud du versant Norddes montagnes des Beni-Raten.

Les amis de la science éprouveront un sentiment de reconnaissance pour le bon souvenir de M. le général Yusuf. Il est bien à désirer que tant d'autres antiquités, éparses sur divers points, dans des endroits où n'existe aucun Musée local, soient ainsi envoyées. successivement au Musée central algérien. C'est l'unique moyen d'assurer leur conservation, et de les rendre accessibles aux études de tous les travailleurs.

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