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marbre blanc trouvé à 50 ou 60 c. du sol, près d'une conduite des citernes de Stora.

» Ce marbre a 70 c. de hauteur. Sa surface est polie. Les lettres sont très-lisibles et n'ont pas souffert de dégradation. Malheureusement, je n'ai pu retrouver encore la partie manquante. Cette plaque a 15 c. d'épaisseur, et la brisure ne forme qu'une arète vive sans déchirure. Les autres côtés sont taillés grossièrement... » Recevez, etc.

» L'adjoint de Stora,

» Louis FREMILLY. »

Voici la copie adressée par M. Louis Frémilly :

ETICENTIATEMPORVM

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Voici la réponse que nous avons faite à M. Louis Frémilly:

« Monsieur,

Alger, le 20 mai 1862.

<< Je m'empresse de répondre à votre très-intéressante lettre du 17 courant.

» Je dois, avant toute chose, vous remercier d'avoir bien voulu me communiquer le précieux fragment épigraphique découvert depuis peu dans votre localité. Je regrette beaucoup que vous n'y ayez pas joint un estampage, ce qui eût assuré la lecture et m'aurait permis peut-être de suppléer les lacunes qui résultent de la brisure des têtes de ligne. Dans l'incertitude où me laisse l'absence de ce moyen essentiel de contrôle, je ne puis que rechercher le sens général du document, où, du moins, ne hasarder que les restitutions qui paraissent évidentes.

» Il me semble, en premier lieu, que le début doit se lire: PRO MAGNIFICENTIA TEMPORVM

» Je m'appuie, pour proposer cette leçon, sur une inscription de même genre, où figurent les mêmes empereurs, el qui, de plus, est dédiée par le même personnage, Publius Caeionius Caecina Albinus. C'est celle qui accompagnait le portique du grand temple de Timgad (Thamugas), à l'est de Lambèse, au pied septentrional de l'Aurès. M. Léon Renier l'a publiée dans le Recueil des Inscriptions romaines de l'Algérie (no 1520), et elle se trouve, en outre, dans le 3 volume de la collection Orellienne (n° 6980).

» Si l'on adopte ma lecture de la première ligne, et qu'on lise Caecina au commencement de l'avant-dernière (ce qui est la vraie leçon, on le verra tout-à-l'heure), il en résultera que sept lettres initiales environ manquent en haut de l'inscription, et cinq seulement en bas, à cause de la direction légèrement diagonale de la

cassure.

Je dis que Caecina est la vraie leçon, parce que ce nom, dont les premières lettres manquent sur votre fragment, se retrouve entier sur la dédicace de Timgad. En revanche, le nom Albinus, qui est complet sur votre document, est mutilé dans l'autre. L'éditeur d'Orelli a supposé que c'était Julianus; mais M. Léon Renier, plus heureusement inspiré, a suppléé Albinus. C'est ainsi que les deux épigraphes se complètent et s'expliquent l'une par l'autre.

>> Nous pouvons donc nous rendre compte de l'importance des lacunes produites par la brisure, et nous savons maintenant qu'elles ne peuvent être que de quelques lettres. C'était une base essentielle à donner aux restitutions conjecturales qui pourront se produire.

>> En fait de conjectures, voici la mienne sur le sens général de la dédicace dont vous avez retrouvé le fragment le plus considérable :

>> Pour la magnificence des temps de nos très-grands seigneurs >> Valentinien et Valens, toujours augustes, Publius Caeionius >> Caecina Albinus, personnage clarissime, consulaire, par les soins » de...., fils de Sextus, praeses de Numidie, a consacré ces gre>> niers, construits avec toute célérité (1), pour l'approvisionnement du peuple romain et des habitants de la province. >>

(1) Suétone a employé le mot maturitas dans ce sens, qui paraît convenir ici.

» La mention des empereurs Valentinien et Valens, qui régnèrent de 364 à 375 de notre ère, circonscrit la date de votre épigraphe dans une période de onze années.

D

Caeionius, son auteur, est, suivant M. Renier (cité par M. Cherbonneau, p. 139 de l'Annuaire de Constantine, 1860-1861), un inembre de cette grande famille des Caeionius qui joua un rôle si considérable à la fin du 4 siècle de notre ère et au commencement du 5o.

>> Donc, nous avons ici la dédicace de greniers publics ou entrepôts-magasins, car le mot horrea, on va le voir, implique ces divers sens.

>> Dans le principe, ce furent de véritables greniers d'abondance, où l'État amassait pendant les bonnes années des approvisionnements de grains qu'on vendait à bas prix au peuple dans les temps de disette, mesure de prévoyance qui prévenait les séditions, en assurant la partie essentielle du fameux programme panem et circenses. On y déposa encore la viande salée et les autres provisions qui se distribuaient mensuellement aux soldats. Enfin, comme ces édifices présentaient d'excellentes garanties pour la sûreté et la bonne conservation des denrées, les particuliers obtin rent d'y déposer leurs marchandises, et même leurs effets les plus précieux.

» Vous trouverez au tome 3o de la Revue africaine, p. 217, l'écriteau d'un de ces horrea qui existait à Cartennae (Ténès). L'inscription qu'on y lit parait faite pour allécher ceux qui avaient des raisons de craindre les voleurs. Elle est ainsi couçue :

HORREA

FORTIA ET FELICIA

CASSIOR. ET DIVIIAN

ET MARIANI

>> Ces greniers-magasins n'étaient pas seulement solides (fortia), ils étaient aussi heureux (felicia); c'est-à-dire, sans doute, qu'ils avaient eu la chance de ne pas être le point de mire des entreprises de messieurs les disciples de Cacus.

» Pour revenir à votre inscription, je trouve précisément que les empereurs Valentinien et Valens qui y sont mentionnés ont étendu leur sollicitude sur ce genre d'établissements, et que les horrea sont l'objet d'un rescrit adressé par eux au gouverneur provincial (praeses) Anthemius, à qui ils font cette recommandation:

» Cum ad quamlibet urbem, mansionemve, accesseris, prolinus » horrea inspicere te volumus, ut devotissimis militibus deputatæ et incorruptæ species praebeantur.» (BERGIER, De viis milit., IV, 20, § 2.)

» Le rôle que joue aujourd'hui Stora vis-à-vis de Philippeville, il a dù le jouer jadis par rapport à Rusicada. Cela exigeait de vastes magasins publics et particuliers. Vous avez eu l'heureuse chance de signaler la dédicace du plus important sans doute; vivant dans la localité et pouvaut l'étudier à loisir, vous aurez pent-être celle d'en retrouver les vestiges.

» Je vous la souhaite, Monsieur, et vous prie d'agréer, etc Nous avons reçu de Constantine une lettre de M. Cherbonneau, qui propose pour la dernière ligne de notre document épigraphique une explication qui me parait meilleure que la mienne. Il développe ainsi les abrévations SEX P. N. CONS.: Sexfascalis provinciæ Numidiæ Constantina. La place nous manque pour reproduire les éclaircissements dont M. Cherbonneau accompagne cette leçon nouvelle. Ils seront insérés dans le numéro prochain. A. BERBRUGGER.

CONSTANTINE (Cirta).

On nous écrit de cette ville:

« J'ai lu avec intérêt la traduction que vous avez publiée dans le journal l'Akhbar de l'inscription de Stora, et j'ai recueilli sur mon carnet les excellentes remarques qui l'accompagnent. M. Roger pourra vous dire que nous nous sommes rencontrés en plus d'un point, car, à la date du 19 mai, je lui envoyais une restitution et un commentaire assez développé de ce texte important.

» A la dernière ligne, je vois un mot qui paraît pour la seconde fois sur les monuments de l'Algérie, c'est l'adjectif sexfascalis. Voir notre Annuaire de 1858-1859, p. 177, lig. 3 de l'inscription n° 4.) Dans le Bulletin de la correspondance archéologique on fait remarquer, à la page 100 de l'année 1860, que l'exemple fourni par le capitaine Moll est le troisième que l'on connaisse. Ainsi, je vous proposerais de lire la dernière ligne de la manière suivante :

Consularis SEXFASCALIS PROVINCIE NVMIDIÆ

CONSTANTINE.

Le nom de Constantina s'est rencontré plus d'une fois à la suite du mot Numidia (Inscript. de l'Algérie, no 1852, 2170, 2171, 2542).

» Quant au personnage auquel Stora doit la construction de ces greniers, qui nous ont valu vos excellentes explications, on lui attribue l'érection d'un speleum ou chapelle souterraine, au Dieu Mithra, dans la ville de Constantine (opus laudat., no 1853), et la restauration des portiques du capitole de Tamugade (id., n° 1520). En deux autres endroits du recueil de M. Léon Renier, sur des fragments d'inscriptions (n°* 120 et 4146).

Je reviens à votre interprétation de la dernière ligne. Les mots SEXti Filius, s'il fallait lire ainsi, n'occuperaient cerlainement pas cette place. Ils se trouveraient au moins après le mot Ceionius. >>

M. Cherbonneau termine sa lettre par la communication suivante, qui sera lue avec intérêt, quoique étrangère au sujet qui nous occupe:

«Nos fouilles de Lambèse ont produit de belles mosaïques, dont je me propose de vous parler plus en détail.

>> Il est sorti des décombres de cette cité militaire une grande quantité de briques ornées d'estampilles. Celles qui méritent le plas votre attention sont les deux dont voici la marque:

1° LEG. III. AVG. CON (exemplaire inédit).

» 2° LEG. VII GE (GEmina) (exemplaire inédit).

» Comment interprétez-vous la dernière syllabe du n° 1? M'autorisez-vous à lire Constantiniana? Nous avons déjà trouvé à Lambèse les épithètes Severiana, Alexandriana, Maximiana, Vale- · rina, Galliena, Valeriana. (Insc. de l'Algérie, nes 4073, 767, 1613, 260, 98.)- Nous avons aussi legio tanta III Augusta, n° 231. h

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Pour tous les articles non signés :

Le Président,

A. BERBRUGGER.

Alger. Typographie BASTIDE.

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