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provinces, est en session et va très-bien: aujourd'hui nous allons entendre M. de Lesseps.

» Agrécz, je vous prie, la nouvelle assurance de mon dévouement et de ma haute considération.

CERVIONE (Corse).

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>> DE CAUMONT. »

M. le Bon Aucapitaine nous écrit de cette ville à la date du 2 avril :

« Mon régiment est arrivé en Corse depuis un mois : j'ai été Assez heureux pour faire quelques études intéressantes, particulièrement sur les monuments communément appelés Druidiques qui se trouvent dans la partie méridionale de l'île, et qui sont en tout semblables à ceux de la Bretagne et des bords de l'Oued-M'zi, en Algérie.

» J'ai communiqué à l'Académie des Inscriptions un monument décrit déjà par M. Merimé, mais dont ce savant n'avait pu préciser le but et l'origine, bien qu'il l'ait regardé avec raison comme asiatique. O C'est le couvercle ou partie supérieure d'un sarcophage Phénicien, en tout semblable à ceux que j'ai pu observer en Syrie, particulièrement à Saïda, l'ancienne Sidon, et que M. Renan signala à Byblos et à Aradus. Ce monument confirme la migration partie de Phocée, en Asie, vers le milieu du IV siècle avant notre ère.

>> J'ai relevé quelques documents épigraphiques du moyen-âge, mais sans valeur historique. D'après ce que j'ai vu et lu, la Corse est certainement moins connue, archéologiquement parant, que certaines région de l'Asie-Mineure.

» J'ai déjà réuni quelques médailles à votre intention, et, en ait de curiosité, un crasseux papier: sommation du 3 avril 774, à Charles Bonaparte (père de Napoléon I"), d'avoir à payer u bandit Zampaglino, de la campagne d'Ajaccio, une contribution d'un certain nombre d'écus. >>

PARIS.

M. Louis Piesse, un de nos correspondants, vient de donner à la Bibliothèque d'Alger un Léon l'Africain, édition Elzevir, de 1632; il a joint à cet envoi un plan d'Alger trèscurieux, gravé vers le commencement du 17. siècle.

ÉGYPTE. Une Société artistique de l'isthme de Suez vient de se former à la station d'El-Guisr, par l'initiative d'un ancien algérien,

M. Guiter, un de nos membres correspondants. C'est donc à double titre que nous nous occupons de cette nouvelle création, dont l'extrait de procès-verbal que voici donnera une idée suffisante à nos lecteurs :

9 novembre 1861.- La séance est ouverte à huit heures, sous la présidence de M. Montaut, ingénieur des ponts-et-chaussées. M. Guiter, directeur provisoire, prononce les paroles suivantes : J'ai eu l'honneur de porter à la connaissance de MM. le président, vice-président et de mes collègues un projet médité par MM. Samson, Sautereau et Guiter, pour la formation d'une société, sous le titre de Société artistique de l'isthme de Suez.

D. M. Guiter explique ensuite que le but unique des fondateurs est de doter les employés et ouvriers habiles et intelligents, ainsi que les personnes qui s'intéressent à l'œuvre du percement, d'une publication qui rende les études attrayantes et profitables. » Les membres fondateurs, au nombre de trois seulement, ont fait choix de :

>> M. Montaut, ingénieur du corps impérial des ponts-et-chaussées, attaché aux travaux du canal maritime de Suez en qualité de chef de la division de Timsah, pour président honoraire et membre de ladite Société ;

De M. Riche, ingénieur civil, chef de la section d'El-Guisr, pour vice-président honoraire et membre de la Société.

» M. Guiter propose ensuite qu'un vote de remerciments soit inscrit au registre des délibérations et rédigé ainsi qu'il suit :

» Dans la séance du 9 novembre 1861, à huit heures du soir, les membres de la Société artistique de l'isthme de Suez ont voté des remerciments:

» A M. Montaut, président,

» A M. Riche, vice-président, pour le bienveillant concours qu'ils ont bien voulu nous prêter pour la création de la Société. » Les propositions de M. le directeur provisoire sont prises en considération et votées à l'unanimité.

» M, Montaut, président, prend la parole et prononce le discours suivant:

» Messieurs,

» Nous sommes réunis ici pour l'inauguration d'une société destinée à former un faisceau compact des travaux et des méditations de nous tous et à resserrer les liens d'une estime et d'une amitié réciproques.

■ Oui, au milieu du désert que nous habitons, langue de sable qui relie l'Égypte à la Terre-Sainte, à la Syrie et aux grands continents de l'Asie et de l'Europe, nous rencontrons à chaque pas des souvenirs historiques. Quand nos pieds foulent les débris muets de ces âges écoulés, notre pensée se reporte en même temps avec plaisir sur ce passé qui a été une des études les plus émouvantes de notre enfance, alors que nous ne savions pas que nous visiterions un jour ces lieux célèbres où tous les grands hommes et tous les conquérants ont laissé la trace de leurs pas.

» Unissons nos efforts, pour que ce désert devienne fécond pour nous, pour qu'à côté de cette œuvre immense que le monde attend, nous employions nos loisirs à rassembler avec soin les résultats de nos recherches et de nos observations particulières. Quoi de plus doux pour les hommes, que de se réunir, de s'aimer, de s'entr'aider, de se sentir soutenus par l'appui de tous et de pouvoir apporter aux autres leurs concours fraternel!

» C'est là notre but, Messieurs, notre désir, travailler en commun et faire un noble emploi des loisirs que nous laissent les travaux qui nous ont appelés en Egypte.

» Les questions qui se présentent à nos études sont variées; outre l'histoire, l'archéologie, l'étude de cette antiquité, toujours féconde, dont j'ai déjà parlé, n'y a-t-il pas l'histoire naturelle, la météorologie, l'étude du désert qui nous entoure, avec cette variété de dunes qui sembleraient une menace pour le futur canal de Suez, si un illustre ingénieur français n'avait trouvé, depuis longtemps, le moyen de les arrêter et de les rendre même productives?

» N'avons-nous pas l'étude des peuples Arabes, dont la vie nomade est si intéressante, et, à côté de cela, il faut le dire, l'étude de la littérature et du génie de l'Orient, cet antique berceau des connaissances humaines.

» Je suis loin d'avoir encore épuisé la nomenclature des divers sujets qui s'offrent à nous et que vous connaissez, au reste, aussi bien que moi. Chacun pourra choisir celui qui convient le mieux à son genre d'esprit et il enrichira notre société du fruit de ses recherches ou de ses travaux.

Un mot, en terminant, à la mémoire des illustres savants, ingénieurs des ponts et chaussées ou officiers de l'armée, qui étaient, il y a soixante ans, à la place même où nous sommes :

Le monde n'oubliera jamais leurs immortels travaux et ce sera

toujours, Messieurs, pour la France, la gloire la plus pure, de pouvoir dire que partout où ses enfants ont passé, ils ont laissé des souvenirs impérissables de leur intelligence, de leur ardent dévoùment, et qu'ils ont édifié des travaux qui commandent l'admiration du monde.

Si j'évoque ce souvenir de l'Institut d'Egypte et de ce grand ouvrage de la description de l'Egypte qui est l'orgueil de la France, ce n'est pas pour comparer nos modestes travaux à ceux de ces illustres compatriotes, mais, ne dussions-nous apporter que des grains de sable à l'édifice de la science, nous n'aurions pas travaillé en vain et nous aurons des continuateurs.

Après la nomination des membres du bureau, M. Sautereau, sous-directeur, prononce les paroles suivantes :

Messieurs,

Monsieur le Président et Monsieur le Directeur vous ont toutà-l'heure parlé des avantages scientifiques de notre Société, ils vous ont dit quel intérêt ces études faites dans ce pays peuplé de grands souvenirs pouvaient avoir pour la science et pour nous; permettez-moi, à mon tour, de vous dire quelques mots sur un fait sur lequel M. le Président a déjà appelé votre attention et qui doit être un des principaux résultats de notre Société, je veux parler de l'union entre tous ses membres, de la concorde entre les employés de la Compagnie et ceux de l'Entreprise.

En venant ici, Messieurs, notre but est de nous associer à une grande idée, d'apporter chacun notre pierre à l'œuvre immense de la réunion des deux mondes, mais, exilés au milieu d'un désert, loin de la patrie et des amis, n'oublions pas que l'union est nonseulement un besoin pour nous, mais une nécessité pour la réalisation de l'œuvre à laquelle nous travaillons.

Ici, Messieurs, il y a quelques milliers d'années, se jetaient les premières bases de la société humaine qui repose sur la paix et la concorde, ici la Grèce venait chercher des exemples de sagesse et de science, et nous autres Européens, héritiers de la civilisation qui a pris naissance sur les rives du Nil, de cette civilisation qui fait notre prestige et notre orgueil, nous, qui venons continuer, achever l'œuvre commencée il y a des siècles par les grands hommes qui ont régné sur ce pays, gardons-nous de nous montrer à leurs arrière-neveux indignes de cette grande mission.

Je n'ajoute qu'un mot, Messieurs, vous savez tous combien cette idée de concorde est chère à notre Président; tous, vous

savez ce qu'il a fait depuis six mois pour nous aider et nous faire oublier les ennuis du désert, eh bien! puisque M. Montant nous annonce lui-même son départ, et que, à notre grand regret, rien jusqu'à présent ne semble devoir modifier sa décision, que cette idée de concorde plane sur nos délibérations et que l'union entre nous tous reste comme la continuation de son œuvre et son vivant souvenir...

Avant de se séparer, l'assemblée décide, sur la proposition de son Président, que des commissions seront chargées d'étudier les questions suivantes :

1° Système des poids et mesures d'Egypte comparé au système français ;

2° Etude des mœurs des Arabes, Bédouins, leur littérature. El Guisr, 9 novembre 1861.

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ARCHITECTURE MILITAIRE. Dans une réunion générale de la Société française d'archéologie, qui aura lieu à Saumur le 1" du mois prochain, on doit tenir une conférence scientifique sur l'architecture militaire de la Loire, en considérant comme appartenant à cette région certains châteaux situés près des affluents de ce grand fleuve. M. de Caumont a fait imprimer le programme illustré de cette conférence. En examinant le plan du château de Larçay, près de Tours, qui s'y trouve dessiné, on est frappé de son analogie avec celui des nombreux Castra construits par les Romains en Afrique, et dont quelques-uns subsistent presque intacts; par exemple, celui de Guelma (Kalama), qui était un des mieux conservés et sur lequel on lisait encore l'inscription de dédicace en style quelque peu barbare Vna et bissenas turres crescebant in ordine totas, etc. Il serait bien à désirer que cette partie intéressante de l'archéologie africaine attirât l'attention des officiers de notre armée, qui apporteraient dans cette étude des connaissances spéciales tout-à-fait indispensables.

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