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CHRONIQUE.

LE MILLE ROMAIN.

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Lorsqu'en 1855 M. Berbrugger trouva des colonnes milliaires cn place, à environ neuf kilomètres de Cherchel (voir le tome IV de cette Revue, p. 18), il s'adressa à M. Neveu Derotrie, alors ingénieur des ponts-et-chaussées dans cette résidence, pour obtenir qu'on mesurât l'espace compris entre le centre de Cherchel (qui répond à peu-près à celui de Julia Cæsarea; et l'endroit où ces colonnes avaient été découvertes en place. Des circonstances, indépendantes de la volonté de cet honorable correspondant, ne lui permirent pas de procéder à cette mensuration aussitôt qu'il l'aurait désiré. Il nous écrit, aujourd'hui, qu'ayant à prescrire prochainement le kilométrage de la route de Cherchel à Tenès, il saisira cette occasion d'exécuter l'opération indiquée plus haut. Comme il est probable que les milliaires placés aux portes de la capitale devaient être surtout espacés régulièrement, la comparaison qui résultera de V'opération annoncée aura une certaine valeur dans la détermination du rapport du mille romain avec notre kilomètre, rapport qui oscille, suivant les auteurs, entre 1479 et 1484 mètres par mille.

Cherchel.

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M. Vivien, juge d'instruction, a fait cadeau au Musée d'Alger d'un beau Domitien, moyen bronze, trouvé dans cette localité, ainsi que d'un Gordien III et de deux oboles.

AMULETTE FUNÉRAIRE. M. de Toustain Dumanoir a fait cadeau à la Bibliothèque et au Musée d'Alger des objets suivants : grand médaillon en bronze et trois plus petits, frappés à l'occasion de l'invention des montgolfières; dirrhem carré du Mahdi (argent); une mouzouna; un draham serir; un drahamin; un khamsa draham (cuivre).

M. de Toustain a donné, en outre, une inscription arabe gravée en relief sur bois, mesurant 0,09 1/2 sur 0,07 1,2, qui a été trouvée, en 1832, dans un tombeau du cimetière musulman de Bab-el-Oued, sur l'emplacement du jardin Marergo.

Voici la description de cette espèce d'amulette tumulaire :

On lit au milieu du cadre :

وَإِذْ فَتَلْتُمْ نَفْسًا فَإِذَا رَآتُمْ فِيهَا وَاللَّهُ مُخْرِجُ مَا كُنتُمْ تَكْتُمُونَ

« Et lorsque vous tuâtes un homme, et que vous disputâtes à son sujet.... mais Dieu manifestera ce que vous cachiez. » Cor. ch. II, v. 67.

Le cadre est formé par les mots suivants :

Gabriel, Michel, Asrafil, Azraïl;

Ces autres mots sont aux angles :

Marout, Harout;

Yadjoudj, Madjoudj.

On connaît les archanges Gabriel et Michel: quant aux asrafil on les joint ordinairement aux azazil, qui sont les séraphins. Azrail est l'ange exterminateur qui sépare les âmes des corps, selon la tradition musulmane, laquelle n'a fait en cela que reproduire les fables des Talmudistes.

Yadjoudj et Madjoudj, autrement dits Gog et Magog, personnifient, parmi les musulmans, les peuples septentrionaux. Voir ce qu'en dit d'Herbelot au mot iagiouge.

Quant à Harout et Marout, voici ce qu'on trouve sur eux dans le Coran, chapitre II, verset 96:..« Ils enseignent aux hommes la magie et la science qui avait été donnée aux deux anges de Babylone, Harout et Marout. Ceux-ci n'instruisaient personne dans leur art sans dire: Nous sommes les tentateurs, prends garde de devenir infidèle. Les hommes apprenaient d'eux les moyens de semer la désunion entre l'homme et sa femme; mais les anges n'attaquaient personne sans la permission de Dieu. Cependant, les hommes apprenaient ce qui leur était nuisible et non pas ce qui pouvait leur être avantageux, et savaient que celui qui avait acheté cet art était déshérité de toute part dans la vie future. Vil prix que celui pour lequel ils ont livré leurs âmes, s'ils l'eussent su ! »

Voilà des anges qui ne sont guère orthodoxes et dont les noms ne se devraient point trouver dans la sépulture d'un moumen. Mais le taleb qui a rédigé ce heurz ou amulette n'y aura, sans doute pas fait attention. Nous donnerons, dans le prochain numéro, la légende complète des deux anges Harout et Marout.

FOUILLES DU NOUVEAU LYCÉE. En creusant les fondations du nou

veau Lycée Impérial, on a trouvé sous les couches de tombeaux arabes des sépultures romaines en maçonnerie, que, malheureusement, nous n'avons pas pu étudier, les ouvriers les ayant détruites au moment même de leur découverte.

Cette trouvaille de tombes tout près de l'ancien mur de la ville servira du moins à confirmer la thèse établie par M. Berbrugger, dans sa Notice sur Icosium; à savoir que les limites de la cité antique et de la ville musulmane qui lui a succédé ici étaient à peu près les mêmes, au Nord et au Sud.

Les objets suivants, recueillis dans les fouilles, ont été remis au Musée d'Alger par l'entrepreneur:

Couvercle de tombeau en marbre, avec inscription arabe autour;

Djenaba, côté de tombe, avec inscription;

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Mchahad ou stèle, id., avec la profession de foi;
Divers débris de mchahad.

BOU-KAHIL. Nous avons reçu de Djelfa la première partie du mémoire de MM, Reboud et Arnaud sur leur exploration du Bou-Kahil. Nous publierons dans notre prochain numéro ce document d'un grand intérêt.

STELE DE GEMINIUS.

M. le docteur Maillefer nous écrit de Miliana qu'il croit qu'au lieu de l'œil ailé que nous indiquons, avec le dessinateur, sur cette stèle, il faut voir un aigle au-dessus d'un œil (V. ci-devant, p. 89).

Nous avons examiné souvent et étudié avec soin ce monument à Aumale, où notre honorable collaborateur, M. Charoy, siné; nous avons de plus sous les yeux le moulage en plâtre dont parle M. Maillefer et qui nous a guidé au moment où nous écrivions notre article. Non-seulement, nous n'apercevons pas d'aigle, mais nous ne voyons même pas l'espace nécessaire pour en placer un. Quant aux autres observations de M. le docteur Maillefer, nous y reviendrons en publiant l'épigraphie d'Auzia (Aumale), pour laquelle cet honorable correspondant a fourni une longue série d'inscriptions. Son long séjour et ses études persévérantes dans cette localité, en font une autorité des plus utiles à consulter, quand viendra le moment de publier la monographie dont nous venons de parler.

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« Des soldats du génie, en creusant des fossés, pour plantation d'arbres, ont mis à découvert un monument funéraire assez curieux pour mériter votre attention. C'était (car il est aujourd'hui détruit) un édifice enfoui à deux mètres sous terre, se composant d'une chambre sépulcrale d'environ 4 mètres carrés: autour de cette chambre, les sarcophages étaient rangés dans des niches terminées en arceaux, et décorant les faces. Ces tombes étaient empilées les unes sur les autres et par deux rangées; on en a extrait jusqu'à 17. Ce sont de grandes auges, comme à l'ordinaire en pierre dure, dans lesquelles reposaient les cadavres. Toutes celles de face portaient des moulures, avec queues d'aronde aux extrémités du cadre, pour ornementation.

Ce que j'ai cru devoir mentionner ici, c'est que les cadavres avaient été brûlés dans la chaux vive. Ordinairement, la tombe contient le cadavre seulement; ici la tombe était pleine des ossements du mort et de la chaux dont on l'avait couvert.

On m'a apporté, pour toute trouvaille, une urne en terre cuite de 0 20 c. de hauteur, d'une forme ordinaire. J'avais bien dit de fouiller avec soin, pensant qu'il devait y avoir des fioles en verre, communément appelées lacrymatoires; ma recommandation a été peu suivie et c'est un malheur, puisque j'ai reçu, mais cassée par la pioche, une fiole formant un tube de 0 - 30 c. de hauteur sur diamètre de 0-03 c. avec un léger renflement au milieu. Certes, cette fiole ne devait pas servir à contenir des larmes, mais bien des parfums.

J'ai pensé vous faire plaisir en vous mettant ainsi au courant de ce qui se passe auprès de moi en fait d'archéologie romaine. Ces sarcophages ont été trouvés à l'angle du Bastion-Est du rempart de la ville.

Recevez, Monsieur, l'assurance de mes sentiments distingués, B. GHISOLFI, »

AFGAN. On lit dans l'Akhbar du 24 avril 1862 :

Près d'un joli village arabe situé au versant sud du Djebel-Afgan, vers la lisière du Hodna, existe, dans un lieu nommé le HAMMA, plusieurs sources minérales d'eau chaude à une haute température. Ainsi que l'attestent de nombreuses ruines; les Romains y avaient formé un établissement de bains qui jouissait d'une grande renommée (comment le sait-on ?). Le Génie militaire vient de réunir toutes

ces sources sur un seul point d'où des canaux bien dirigés conduisent les eaux dans une piscine parfaitement cimentée et commodément établie pour faciliter l'immersion des personnes qui ont besoin de se soumettre à leur bienfaisante influence; puis, le trop plein des eaux s'échappe dans des rigoles d'une combinaison bien conçue et va, se répandant çà et là, fertiliser les terres voisines.

Ces irrigations sont réglées par un règlement auquel les indigènes de cette contrée se conforment scrupuleusement, sans contrevenir à des prescripiions auxquelles nous autres européens nous avons tant de peine souvent à nous soumettre.

Le Génie, en établissant ces bains, a en vue de produire deux bienfaits sensibles: l'un d'apporter une guérison ou un soulagement aux malades qui sont dans la pénible nécessité d'y avoir recours; l'autre, d'utiliser avantageusement ces eaux en les faisant servir aux besoins impérieux de l'irrigation.

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(Echo de Sétif)

CONSTANTINE. - M. le docteur Leclerc nous adresse vingt-trois croquis de stèles ornées de bas-reliefs, dont un assez grand nombre sont inédites. C'est une réponse à l'appel que nous avons fait aux personnes de bonne volonté, à propos de la stèle de Geminius et de ses énigmatiques sculptures.

Nous reviendrons prochainement sur cette importante communication.

PARIS. A propos de la même stèle, M. de Caumont, l'honorable promoteur du mouvement archéologique dans les provinces de France, nous adresse la lettre suivante :

>> Monsieur,

« Paris, 25 avril.

>> J'ai reçu vos deux journaux et je vais prochainement reproduire, dans le Bulletin monumental, votre description du curieux tombeau qui s'y trouve figuré. Permettez-moi de vous faire cette question que vous pourrez résoudre quand vous en aurez le temps, dans vos feuilles d'Alger:

» A-t-on trouvé des déesses-mères en Afrique ?

» Le congrès des Sociétés savantes, dirigé par l'institut des

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