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ment. Quant à celle d'Aïn Guidjaou, il n'en est pas de même, car les ruines où je l'ai relevée, s'écartent beaucoup trop de la voie ancienne pour qu'on ne soit pas fondé à croire qu'elle en a été arrachée après l'invasion arabe.

S'il est un fait qui mérite d'être signalé, c'est assurément la rareté des monuments dédiés à l'empereur Galère. Comprend-on, en effet, qu'il n'ait pas laissé en Numidie de plus nombreux souvenirs de son règne, lorsqu'on lit le passage suivant de l'histoire des Empereurs, par Lenain de Tillemont: << Maxence, délivré (vers la fin de l'année 307) de la guerre de Galère et des mauvais desseins d'Hercule, se croyant affermi dans sa domination, envoya ses images en Afrique, pour s'y faire reconnaître empereur. Les milices du pays les rejetèrent, aimant mieux obéir à Galère, à qui l'Afrique semblait appartenir depuis que Sévère était mort, puisqu'il n'y avait alors que lui qui fût reconnu Auguste. >>

Revenons à l'avant dernière ligne de l'inscription qui contient huit lettres, dont une seule voyelle. J'y vois un problême dont la solution ne laisse pas de présenter de graves difficultés, et le seul moyen de l'expliquer est d'admettre que l'R et l'S du milieu ont été substitués par un lapicide ignorant aux lettres A et C. On aurait alors:

RPBACRTA VIII

Respublica ACİRTA VIIII.

• Commune située à neuf milles de Cirta. »

Cependant, comme il est rare que les milliaires soient dépourvus de l'indication de la localité dont ils sont le plus rapprochés, j'avais cherché dans les six dernières lettres de la huitième ligne le nom d'un vicus mentionné par Morcelli et dont l'emplacement demeure inconnu. J'adoptais le nom de BAZARITA, qui, par une légère altération, aurait été transformé en BASARITA, que représente assez bien l'abréviation BSRTA. Un examen attentif de l'inscription m'a fait reconnaître un R dans la première lettre de ce groupe, circonstance qui rend l'hypothèse inadmissible.

Je ne m'arrêterai point au mot RESERTA, participe passif du verbe resero, « ensemencer de nouveau, mettre en culture >> parcequ'il me semble avoir peu de chance de résister à la critique.

Nous savons maintenant, grâce à la découverte du 15 février

1862, que le nom ancien des ruines d'Aïn -el-Bey était Saddar, et la meilleure volonté ne nous fait apercevoir dans les six dernières lettres de la buitième ligne que les consonnes S et R qui puissent être attribuées à ce mot.

Dans le voisinage du milliaire, sur l'explication duquel j'ai hasardé de si longs développements, gisait un fût de colonne dont le diamètre mesure 0,56 c. C'est un monument public, probablement une dédicace, dont il ne reste qu'un petit nombre de lettres que voici :

N° 17. 10 AVGVST

En présence des résultats obtenus, il convenait de faire de nouveaux efforts afin de connaître une localité dont le voisinage de Cirta avait dû rehausser l'importance. Le nom de la République n'échapperait pas anx investigations, si l'on se décidait à mettre la pioche dans les amas de décombres disseminés sur le sol, des deux côtés de la fontaine. Indubitablement, on exhumerait quelque pierre consacrée à la mémoire d'un empereur par les habitants du municipe. C'est dans cet espoir que le Directeur divisionnaire des affaires arabes établit, le 20 novembre 1861, une centaine de travailleurs sur les ruines qui avaient fourni les épitaphes que j'ai reproduites au commencement de la présente notice. Les fouilles durèrent deux matinées seulement; mais, bien qu'elles aient rendu à la lumière plus de cinquante inscriptions funéraires, on était forcé d'en considérer le produit comme presque nul, puisqu'elles laissaient planer la même incertitude sur la question.

Toutes ces épaves de la nécropole antique sont des matériaux en calcaire d'eau douce, les uns façonnés par le ciseau, les autres à peine dégrossis, et qui, par leur nature, offrent une médiocre résistance contre l'action de l'air ou l'intempérie des saisons. Quelques cippes ont l'aspect de l'éponge, tant les cavités s'y multiplient en se rapprochant; les moins maltraités sont couverts d'une espèce de mousse jaunâtre qui en a rongé la surface. Qu'on ajoute à ces détails, les déplacements successifs commandés par l'installation des races musulmanes que guidaient des besoins différents, et on aura une idée de l'état dans lequel ces monuments sont parvenus jusqu'à nous. Déchiffre qui voudra ceux que j'ai laissés de côté.

Voici la transcription des épitaphcs recueillies sur mon carnet:

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N° 18. Quintus Cominius Quintillus. Vixit annis centum el viginti quinque. Hic situs est. Ossa tua benè quiescant!

« Quintus Comiuius, surnommé Quintillus. Il a vécu 125 ans. Il git ici. Que tes os reposent en paix ! »

N° 19. Diis manibus sacrum. Cladias Secundinus (?). Vixit annis centum et viginti.

• Monument aux Dieux mânes. Cladias Secundinus? Il a vécu 120 ans. »

Remarque: Cette épitaphe recouvrait la tombe d'un colon originaire de Byzance. Les deux dernières lignes sont tellement frustes, que c'est avec une extrême réserve que j'en ai transcrit quelques lettres de la partie de droite. Sur une stèle arrondie. Dimensions : hauteur, 204; largeur, 0,52; épaisseur, 0,17.

N° 20. Seia Rogata. Vixit annis centum et uno. Diis manibus.

« Seia Rogata. Elle a vécu 101 ans. Aux Dieux mânes. »

N 21. Lucius Junius Datus. Vixit annis centum. Hic situs est. « Lucius Junius Datus. Il a vécu 100 ans. Il repose ici (voir la

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N° 22. Lucretia, mulier fidelis. Vivit annis septuaginta. Hic sita est.

Lucretia, femme fidèle. Elle a vécu 70 ans. Elle repose ici. »

N° 23. Caius Clodius Severus. Vixit annis triginta, Hic situs est.

• Caius Clodius, surnommé Severus. Il a vécu 30 ans. 11 gît ici. »>

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N° 24. Diis manibus. Lucius Didius Apronianus. Vixit annis quinquaginta.

« Aux Dieux mânes. Lucius Didius, surnommé Apronianus. Il a vécu 50 ans. »

N° 25. Aelius Clelius Quirina (tribu), Napulitanus. Vixit annis..... Hossa tua quiescant benè!

<< Aelius Clelius, de la tribu Quirina, surnommé Napulitanus Il a vécu..... ans. Que tes os reposent en paix! »

Remarque L'écriture de cette épitaphe annonce une époque très-basse, le commencement du quatrième siècle, au moins. Les L sont représentés par des lambdas grecs, et les A dépourvus de la barre transversale, sont surmontés d'un appendice. Le mot ossa est écrit par un H.

N° 26.

L. IVLIVS. CR

ESCES. V

AN XXIX

HSE

N° 27.

D M
C. SEPTIMI

VSSVCCESSVS

VAL

HSE

N° 26. Lucius Julius Cresces. Vixit annis viginti novem. Hic situs est.

<< Lucius Julius, surnommé Cresces. Il a vécu 29 ans. Il git ici. »>

Remarque: On rencontre souvent les mots Crescens, Prudens, Valens, etc., écrits sans N.

N° 27. Diis manibus. Caius Septimius Sucessus. Vixit annis quinquaginta. Hic situs est.

« Aux Dieux mânes. Caius Septimius Sucessus. Il a vécu 50 ans.

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N° 28. Diis manibus. Marcus Septimius Etruscus. Vixit annis triginta quinque. Hic situs est.

• Aux Dieux mânes, Marcus Septimius, surnommé Etruscus. Il a vécu 35 ans. Il gît ici. »>

N° 29. Diis manibus. Caius Septimius Quadratus. Vixit annis triginta. Hic situs est.

• Aux Dieux mânes. Caius Septimius, surnommé Quadratus. Il a vécu 30 ans. Il gît ici. »>

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N° 30. Inscription gravée sur une grande stèle, au-dessous d'un bas-relief qui représente la cérémonie des funérailles. Au centre du tableau se dresse un autel de forme circulaire. A droite de cet autel se tient un personnage, sans doute le prêtre, en habit de deuil et vu de face. Une pièce d'étoffe, semblable au haïk que portent les habitants de l'Afrique, descend autour de son corps. Il offre des libations aux Dieux mânes, la patère en main. Ce monument a été mutilé en plusieurs endroits; la tête du sacrificateur paraît avoir été écrasée à coup de marteau. Quant à l'épitaphe, s'il est à peu près impossible d'en compléter les noms et surnoms avec les éléments qui restent dans les deux premières lignes, on voit, en tout cas, qu'elle recouvrait la tombe d'une grande prêtresse « Sacerdos magna » morte à l'âge de 90 ans.

N° 31. Diis manibus. Julia Rogata. Vixit annis quinquaginta. Hic sita. Ossa tua benè quiescant!

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