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vers les mers environnantes ; en été, une terre brûlante où la pression est faible et où l'air afflue de toutes parts; vers l'équateur une côte où alternent les moussons sèche et pluvieuse *; du côté du pôle, une côte où les vents de terre ont la majorité en hiver. Faisons la différence des

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Pressions et vents de l'Australie en juillet,

hémisphères : l'analogie n'est-elle pas frappante? Il n'est pas jusqu'aux maxima barométriques d'hiver qui ne prennent une position symétrique, ici dans le sud, là dans le nord du désert ..

Ainsi, au lieu de subir l'action des courants atmosphériques comme une force, sur laquelle ils n'ont pas de prise,

1. Vents venant du continent en hiver: côte sud 60 0,0, côte est 62 0/0, côte ouest 54 0/0 (Woeikof, Klimate, II, p. 401). « Sur la côte sud, les vents N.-E. et N. dominent en hiver » (Todd, Climate of South-Australia, Oest. Mel. Zeitsch., 1877, p. 323).

2. Pression moyenne en janvier

Daily Waters (160 lat. S.): 751mm.
Java
: 759mm.

(Woeikof, ouv. cit., p. 394, 401.)

3. Todd, Ibid., p. 323. Supan, Statistik, p. 150.

4. D'avril à septembre, les vents dominants sont E. et S.-E... Pendant des mois, le temps reste beau et clair.» (Todd, Ibid., p. 325-7.)

5. Pression moyenne en Australie au mois de juillet

Adélaïde.
Alice-Springs.

Port-Darwin.

763.5.
758..

(Woeikof, ouv. cit., p. 399,

401.)

ces grandes masses continentales interviennent puissamment dans la circulation générale de l'air. Situées sur le parcours de l'alizé, elles ne le laissent subsister dans sa direction première que là où il se confond avec les moussons qu'elles font naître. Il est juste de dire que ces moussons

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en acquièrent plus de force: au Sahara méridional, la mousson d'hiver n'aurait peut-être pas tant de constance, si elle ne soufflait pas dans le sens de l'alizé.

CAUSES DE LA sécheresse DU SAHARA.

Quelles sont dès lors les causes de la sécheresse du Sahara? En hiver, elles sont faciles à concevoir. Une aire de haute pression barométrique qui s'établit sur un continent - un anticyclone, comme disent certains météorologistesest accompagnée de ciel serein. Cela se conçoit pour la périphérie du maximum barométrique, puisque les vents qui s'en échappent ont une origine continentale; l'air reste également sec au centre, parce qu'il est animé d'un mouvement de descente 1.

1. Teisserenc de Bort, Atlas de météor. maritime, p. 18, etc.

Le Sahara, siège de maxima relatifs et de vents très faibles qui prennent généralement naissance dans le désert, est dans le cas des autres centres de haute pression continentale, Afrique australe, Turkestan oriental, Inde, Australie, où l'air est sec et le ciel pur. Il ne peut donc avoir de pluies en hiver que si ces hautes pressions font place à des cyclones.

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En été, les vents marins affluent au contraire de tous côtés vers le désert. La vapeur d'eau ne manque pas jusqu'au centre du Sahara. On a trouvé à Koufra, au milieu du désert libyque, une tension de 8 à 11 millimètres 1, c'est-à-dire autant qu'en septembre et octobre à Paris Jamais l'air n'est absolument sec. Le minimum de tension observé à Koufra a été de 4mm,5; il est vrai que, dans le Sahara algérien, le psychromètre indique parfois une tension nulle 3, mais comme le remarque M. Woeikof à propos d'une observation de Prjewalski', les formules cessent d'être applicables en cas de différences psychrométriques très grandes. Il y a donc toujours un peu d'humidité dans l'air du Sahara. Mais pour qu'elle eût une valeur climatérique, il faudrait qu'elle quittât sa forme gazeuse. Qu'importe la quantité d'eau vaporisée dans l'atmosphère, si elle ne se résout jamais en pluie bienfaisante? Il y a en été jusqu'à 26mm de vapeur d'eau en suspens au-dessus de la mer Rouge plus qu'il n'y en a jamais dans l'air de Paris — mais comme l'air surchauffé pourrait en contenir davantage, la mer Rouge et ses rivages ne reçoivent pas de pluie. Ce qui importe, c'est l'humidité relative, c'est la question de savoir si la vapeur en suspens est plus ou moins près de saturer l'air. Or les moussons qui soufflent du nord vers

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1. Rohlfs, Kufra, p. 362; résultats calculés par M. Hann. 2. Ouv. cit., p. 357.

3. Voir Documents relatifs à la mission Flatters, Registre météor., p. 154, 158. 4. Zum Klima von Inner-Asien. (Oest. Met. Zeitsch., 1877, p. 372.)

5. Observat. faites au consulat hollandais de Djeddah, 1885-86. (Met. Zeitsch, 1888, p. 396.)

les continents en été diminuent invariablement l'humidité relative. S'échauffant sans cesse au contact de régions plus chaudes, ces vents s'éloignent sans cesse de leur point de saturation, et loin de déverser sur le sol la vapeur d'eau qu'ils emportent, ils deviennent capables d'en absorber des quantités nouvelles. Les vents étésiens qui restent secs en Tripolitaine et en Égypte, le sont à plus forte raison lorsqu'ils pénètrent dans le désert. Les vents du nord-ouest, qui éclaircissent le ciel de la Syrie et de la Californie 1, ne troublent pas non plus en été celui du Sahara occidental.

Combien la condensation devient alors difficile! Ces 11 millimètres de vapeur, qui sont beaucoup pour l'air relativement frais de l'Europe, deviennent bien peu de chose dans l'air brûlant du désert. En décembre 1879, par une température moyenne de 37°,9, à 3 heures de l'aprèsmidi, ils représentaient 22 °, de la quantité nécessaire pour saturer l'atmosphère. Il eût fallu que le thermomètre baissat de plus de 36 degrés, pour qu'une condensation devint possible! Et ce ne sont pas encore là les chiffres extrêmes. Le 18 avril 1869, à Djalo, près d'Aoudjila, M. Rohlfs a noté deux fois 2 °, d'humidité relative3. Pendant cinq jours, en avril 1880, elle a oscillé entre 3 et 8%. de dix heures du matin à quatre heures du soir1. Le 8 avril, les chiffres ont été :

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HUMIDITÉ RELATIVE OBSERVÉE LE 8 AVRIL 1880 A AIN-EL-HADJADJ

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1. Woeikof, Klimate, II, p. 23, 123.

2. Hann, Kufra, p. 357, 362.

3. Von Tripolis nach Alexandrien, III, Obs. météor.

4. Entre Timassinine et la vallée des Ighargharën (Documents relatifs, etc.,

p. 157-158).

5. Ibid., p. 154.

Ainsi, voilà une journée où la proportion d'humidité a été si infime, que les procédés ordinaires n'ont pas suffi à l'enregistrer! Même phénomène à Ghardaïa les 5 avril, 22 juin, 17 juillet, 11 septembre 1883. Alors les lèvres se gercent, les ongles cassent comme du verre, l'encre sèche dans la plume, tous les objets en bois ou en corne se contractent, et l'on a vu des miroirs éclater sous la pression de leur cadre. Ce sont là toutefois des journées exceptionnelles. Les moyennes sont bien autrement instructives.

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Tandis que l'humidité moyenne du mois le plus sec est de 47% à Madrid, de 61 °, à Lisbonne, de 57 % à Paris, de 72% à Brighton et à Bruxelles, et en Afrique même, de 49 % à Suez, de 53 % à Saint-Louis du Sénégal3, elle est de 30 % à Biskra pour l'ensemble des six mois d'été *; elle a été de 30 % également en juillet-août à Ghadâmès 3, de 26% et 33, en août et septembre à Koufra, de 27°% et 24 % en avril et mai à Mourzouk. Et il s'agit d'oasis bien arrosées, où l'évaporation est active. A Ghardaïa, sur le plateau du Mzab, la moyenne de juin tombe à 23 %, celle de juillet à 14 %, celle du mois d'août à 19 %'; elle n'est pas de plus de 23 % pour la période d'avril à septembre. Même les basses températures de l'hiver ne peuvent relever beaucoup les moyennes. Celles qu'on peut citer

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1. Dr Amat, Le Mzab, p. 113.

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2. Rohlfs, Kufra. Même observation de Sturt en Australie, à l'est du lac Torrens « Les manches de corne de nos instruments éclataient en fines lamelles, nos cheveux avaient cessé de pousser, et nos ongles se brisaient comme du verre. Nous avions peine à écrire ou à peindre, tant l'encre et la couleur séchaient vite.» (Mittheil., 1860, p. 309.) Anderson a observé en Afrique australe des faits analogues (Lake Ngami, p. 92).

3. Woeikof, Klimate, I, p. 364-366, etc.

4. Moyenne de juin : 25 0/0 (Pomel, Revue scient., 1877, II, p. 440).

5. Hann, dans Rohlfs, art. cit., p. 121.

6. Rohlfs, Kufra, Resultate, p. 356.

7. Nachtigal, ouv. cit., I, p. 138.

8. Moyenne de 3 ans (1883, 1888-1889), d'après les observations publiées par le Dr Amat (Le Mzab, p. 113) et les Annales du Bur. Centr. Met.

9. Moyenne de 2 ans (1883, 1888).

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