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2o Au Fezzân, ceux de nord-est à sud-est sont le plus fréquents;

3o Dans le Sahara algérien, le vent passe du nord-est au sud-est au cours de l'été;

4° Les vents d'entre nord et est dominent dans le Sahara méridional; toutefois, à partir de mai, ils deviennent moins fréquents, et il arrive qu'en certaines années les vents des régions sud les égalent ou les dépassent en nombre; 5o Les vents du nord-ouest paraissent fréquents dans le Sahara occidental.

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Ainsi, c'est du moins ce qui résulte de cette longue enquête, les faits observés ne s'accordent qu'en partie avec la théorie. Il n'y a pas au Sahara d'alizé véritable, c'est-àdire de vent régulier qui souffle toute l'année du nord ou du nord-est vers l'équateur. En été même, il est dévié vers le nord-ouest dans le Sahara occidental, vers le sud-est dans le Sahara algérien. En hiver, c'est au centre et au nord du désert qu'on ne le retrouve plus. Il n'y a donc entre l'alizé marin et les vents du Sahara qu'une analogie lointaine, et

si l'on veut dire que l'alizé souffle sur cette partie de l'Afrique, il faut ajouter qu'il change singulièrement en route. En tout cas, il ne suffit pas de dire que les alizés font le tour de la terre, et qu'en se prolongeant à la surface des continents, ils y produisent le désert.

ESSAI D'UNE THÉORIE QUI RÉSUME LES FAITS OBSERVÉS JUSQU'ICI.

Pour échapper à ces difficultés, revenons au point de départ de la météorologie moderne, à la loi de Buys-Ballot : « Le vent souffle toujours d'une zone de haute pression atmosphérique vers une zone de pression plus basse, et ce faisant, il dévie, par suite de la rotation de la terre, vers la droite dans notre hémisphère, vers la gauche dans l'hémisphère austral. » Maury avait imaginé autour du globe une double ceinture de hautes pressions voisines du trente-cinquième parallèle, et un cercle de basses pressions équatoriales, et il expliquait ainsi, par un afflux d'air de l'une à l'autre, le mouvement des alizés. Mais, et c'est là un des faits généraux mis en lumière dans les dernières années,

il faut compter avec l'inégal échauffement des grandes masses d'eau et de terre. On admet aujourd'hui que, toutes choses égales, il fait plus chaud en été sur les continents, en hiver sur la mer1. Lorsqu'un continent est froid par rapport aux mers environnantes, l'air alourdi s'amasse à sa surface et tend à s'écouler de tous côtés; dans une région relativement chaude, l'air se raréfie, au contraire, et l'on doit s'attendre à y voir affluer l'air des régions environnantes. En d'autres termes, des maxima barométriques plus ou moins annulaires, autour desquels le vent tourne en s'éloignant du centre, ont une tendance à s'établir au voisides régions où la température est relativement basse; des minima barométriques, autour desquels le vent

nage

1. Im Allgemeinen anzunehmen. (Woeikof, Klimatologische Zeit und Streit

fragen, Met. Zeitsch., 1888, p. 18.)

tourne en se rapprochant du centre, s'observent fré quemment dans les régions où la température est relativement haute. Ces maxima et ces minima, qui s'accusent davantage vers le milieu de l'été et de l'hiver, sont, comme on les a justement appelés, « les grands centres d'action de l'atmosphère ». Sans doute, ces différences barométriques s'atténuent à mesure qu'on s'élève 3, et l'influence des continents ne se fait sentir ainsi que dans les couches inférieures de l'air mais celles-là seules nous importent, car ce sont elles qui font le climat.

Appliquons ces principes au Sahara. Que voyons-nous en hiver? Un continent énorme, compact, et, si invraisemblable que cela puisse paraître, en partie plus froid que les mers environnantes. Quelques chiffres suffisent à le prouver. En hiver, la Méditerranée est plus chaude que la côte africaine, et celle-ci est plus chaude que l'intérieur. La moyenne de novembre et de décembre à Alexandrie est de 6 et de 4 degrés C. plus élevée qu'au Caire, bien qu'Alexandrie soit d'un degré plus rapprochée du pôle. D'autre part, il fait alors plus froid dans le désert libyque qu'au Caire. Pendant que la mission Rohlfs opérait en 1873-74 dans la région des oasis égyptiennes, on observ aitau Caire, aux mêmes heures, avec des instruments soigneusement comparés : la température du Caire a été en moyenne de 3 à 5 degrés plus haute qu'à Farafrah (27°,2 lat.), de 1o,3 plus haute qu'à Dakhel (25°, 42′ lat.). Dans les grandes dunes, vers le

1. Hann, Handbuch der Klimatologie, p. 80 et suiv. Teisserenc de Bort, Étude sur la circulation générale de l'atmosphère, Ann. Bur. Cent. Mėt., 1885, IV, p. 43, etc

2. Teisserenc de Bort, Étude sur la répartition des pressions, Ann. Bur. Centr., 1887, I, C. 3.

3. Le calcul des isobares à différentes hauteurs a prouvé que ces anomalies disparaissent à partir d'une certaine altitude et que les maxima sont remplacés par des minima.

4. Moyenne de novembre à Alexandrie: 210,4 au Caire: 14o,8 : 120,9

: 170,5

de décembre
(Fischer, Studien uber das Klima der Mittelm., p. 48.)

vingt-cinquième parallèle, le thermomètre a marqué 4 degrés de moins qu'au Caire, et pourtant l'on était d'environ 5 degrés plus près de l'équateur. « A en juger par la moyenne. du voyage, on peut admettre qu'en hiver le désert libyque est de 2 degrés plus froid que le Caire'. » Comme il y a au moins 4 degrés de différence entre le Caire et Alexandrie, la température du désert libyque est, du moins en certaines années, de 6 degrés au-dessous de celle de la Méditerranée. L'écart est moindre, mais appréciable encore entre la Méditerranée et le Sud algérien. Tandis que la

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moyenne de janvier est de 12°,7 au phare du Cap Caxine, elle est de 10 à 11° à Biskra, de 10°,8 à Laghouat, de 9o,7 seulement à Géryville'.

En hiver, le nord du Sahara est donc légèrement plus froid que la Méditerranée. Aussi des pressions relativement fortes s'observent-elles alors dans le nord du continent. Elles sont nettement prononcées sur les plateaux du Sud algérien, où les effets de l'altitude s'ajoutent à ceux du rayonnement (766-69mm) 3; et bien que l'absence d'observations prolongées ne permette pas de tracer plus loin des lignes isobares,

1. Jordan, ouv. cité,

2.

p. 127.

Températures moyennes en hiver (réduites au niveau de la mer).

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3. La température moyenne de Ghardaïa a été en 1888-89 (moyenne de 2 ans): 90,8 en décembre, 8°,9 en janvier, 11°,2 fevrier. En admettant l'alti

certains faits indiquent que la pression augmente également de la Méditerranée orientale vers le désert. Tandis que sur mer elle est voisine de 762mm en janvier', on note déjà une moyenne de 764mm au Caire', et les observations faites simultanément en 1874 au Caire et à Siout font croire que le baromètre est encore plus haut dans l'intérieur. De décembre 1873 à mars 1874, la pression a été en moyenne de 1mm,4 plus forte à Siout qu'au Caire3. Il y aurait eu, par suite, une différence moyenne de 3mm,3 entre Siout et la Méditerranée. Il est probable qu'il y a un écart analogue entre le Sahara tripolitain et la côte.

Ainsi s'expliqueraient, par l'existence de maxima barométriques plus ou moins stables dans le nord du désert, les anomalies qu'on a remarquées dans la direction des vents. Supposons un maximum de ce genre. Par suite de la rotation de la terre, il faut s'attendre à ce que l'air s'en échappe sous forme de vent du sud-ouest dans le nord, du nord-ouest dans l'est, du nord-est dans le sud, du sud-est dans l'ouest. En effet, nous savons que le vent souffle le plus souvent du nord-ouest dans la région des oasis égyptiennes, du nord-est dans le sud du désert, et qu'il est très fréquent du sud-ouest en Tripolitaine et en Basse-Égypte. De même l'existence d'un maximum barométrique sur les hauts pla

tude de 520 mètres, et en estimant la décroissance de la température à 0°,5 par 100 mètres de hauteur, on obtient au niveau de la mer : 12o,4 en décembre, 110,5 en janvier, 13o,8 en février. Il est difficile d'évaluer la température de Mourzouk, vu l'incertitude qui règne sur l'altitude de ce point. M. Hann estime l'erreur possible à 90 mètres. (Mittheil., art. cité, p. 122.)

10 Pression barométrique moyenne (période 1860-79), réduite au niveau de la mer.

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1. Teisserene de Bort, Etude de la circulat. atmosph., Ann. Bur. Centr., 1879, IV. Hann., Die Vertheilung des Luftdruckes, Vienne, 1888, Penck's Geogr. Abhandlungen, II, p. 26.

2. Moyenne de 6 ans, réduite au niveau de la mer. (Jordan, ouv. cité, p. 144.)

3. Ouv. cité, p. 187.

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