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Mya, qui descend du Tademayt, est un autre grand couloir aujourd'hui à sec, dont la ramure d'affluents innombrables' a entaillé en tous sens la surface des plateaux calcaires de l'ouest. Il rejoignait l'Igharghar par le bas-fond d'Ouargla,

*2」112:2

Coupe de l'Igharghar dans la Hamâda de Tinghert.
(D'après ROCHE.)

-véritable estuaire où quelques débris de plateau qui se dressent çà et là comme des buttes solitaires, témoignent de la puissance des eaux qui ont tout nivelé autour d'eux2, et l'on retrouve plus loin, sous le nom d'oued Rirh, le couloir d'érosion où les deux grands fleuves réunis s'épanchaient entre deux falaises de grès rougeâtre vers la dépression des chotts. Le Sahara oranais présente une orientation différente. Le manteau de sables et de limons, également coupé d'érosions profondes, se trouve près de l'Atlas à plus de 700 mètres la hauteur des moyennes Vosges

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s'incline en pente très douce vers le Gourara.

et

Au sud des terrasses qui jalonnent le pied de l'Atlas, le Sahara occidental se maintient en longues ondulations entre 200 et 400 mètres, rehaussées çà et là par des saillies de plateaux plus élevés, que l'érosion a découpés en monta

1. De là ce nom de Mya, qui signifie cent.

2. Roche, art. cit., p. 506. Rolland, Hydrographie du Sahara algérien, B. S. G., 1886, p. 225 et suiv.

3. Altitude de Brizina, $30 mètres. Benoud (Oued-Gharbi), 715 mètres. (Rolland, Carte geol., B. S. G., 1886; de Lannoy de Bissy, feuille 5, etc.)

4. Collines d'El Eglab, 600 à 700 mètres (Lenz, Timbouctou, II, p. 63 et suiv.). Adrar occidental, 450 à 500 mètres, environ 100 mètres de hauteur relative. (Vincent, Voyage executé dans le Sahara occidental, B. S. G., 1861, I, p. 27. Quiroga, Observ. geologicas, p. 327-28.)

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2. Toute la légende du Djoûf est née de ces quelques mots de Barth: « L'Azaouad, qui s'étend au nord-ouest jusqu'au Djoûf, grande dépression chargée de sel », et un peu plus loin : « Au sudest d'Ergchech se trouve le pays d'El Djoùf, dont Taodenni fait partie. (Reisen, V, p. 461, 567.) La région de Taoudéni et des mines de sel se trouve, d'après Lenz, à environ 150 mètres (à 228 mètres sur sa carte). Il ne reste donc d'autre preuve que ce mot de djoûf qui signifie ventre. Or, suivant M. Quiroga, on appelle ainsi à l'ouest de l'Adrar une série de petites dépressions à fond plat, aux parois élevées de 20 à 24 mètres, qui émaillent de ce côté les plateaux (y los naturales las llaman dyuf ó vientre. Observ. geologicas, art. cité, p. 326). Serait-ce également le cas à l'est de l'Adrar, et aurait-on pris pour une grande dépression une région de petits cirques d'érosion?

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Profil Est-Ouest du Sahara algérien par Ouargla. (D'après M. ROLLAND.)

Sahara oranais.

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bord du plateau qui s'escarpe en falaise; gâra', la butte isolée, débris d'un plateau disparu.

La stérilité du Sahara ne tient donc ni à la forme du terrain ni à sa nature. Les alluvions de sable, de chaux, de gypse et d'argile qui couvrent le Sahara algérien, composent également le sol des plus fertiles plaines du monde : ce qui fait la misère de l'un, la richesse des autres, c'est l'absence ou la présence de l'eau. Aucun terrain, même le plus stérile en apparence, n'échappe à la longue à l'action fertilisante des pluies. Dans tout le désert de Gobi, écrit Prjewalski, la végétation est étroitement liée à la pluie. A peine est-elle tombée que, sous les rayons du soleil, les germes jusqu'alors endormis se développent avec une rapidité prodigieuse, et des oasis de verdure apparaissent dans le désert aride et nu. Alors viennent les antilopes; l'alouette mongole commence sa chanson, les nomades accourent avec leurs troupeaux, et ce coin du désert s'anime d'une vie bruyante... Puis, avec le temps, l'humidité s'évapore, les plantes se flétrissent, les Mongols émigrent, l'antilope disparaît, l'alouette s'envole, et le désert redevient ce qu'il était avant, silencieux comme une tombe'. » Le sable pur lui-même n'est pas absolument infertile. L'Allemagne du Nord a été peut-être ce que le Sahara n'est pas: un fond sous-marin à l'époque quaternaire, et une grande partie de sa surface est encore recouverte d'une couche de sable laissée par la mer. Sans doute, ces pays sont restés pauvres : tel district du Brandebourg, presque inhabité, avec ses collines chauves et ses pins sans ombre, figure assez bien, pour les yeux habitués aux paysages d'Europe, un petit Sahara sous un ciel du Nord; mais ce sable n'en est pas moins couvert de plantes: une maigre végétation d'arbres, d'herbes sèches et de bruyères s'en est emparée.

Ainsi, les déserts ne sont tels que par manque d'humi

1. Pluriel: goùr.

2. Reisen in der Mongolei, trad. Iéna, 1881, p. 491.

dité. Ce n'est pas le soleil qui les frappe de mort; ce n'est pas la mer qui les a dépouillés de leurs plantes, ce n'est pas le sol infécond qui se refuse à produire : c'est le climat qui les condamne à la stérilité. Qu'ils soient de roc, d'alluvions ou de sable, peu importe si le ciel ne leur verse pas l'eau nécessaire. Otez à un pays fertile quelques centimètres de pluie annuelle, et vous aurez une steppe; encore quelques centimètres de moins, et vous aurez le désert.

CHAPITRE II

LES CAUSES ATMOSPHÉRIQUES DU DÉSERT

Rôle climatérique des vents. -Théorie du vent polaire.

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Observations qui

Observations faites au Sahara 1° période d'hiver ;

Influence du Le Sahara, région Régime de

l'infirment. Théorie de l'alizė. 2o période d'été. Essai d'une théorie qui résume les faits observés jusqu'ici. continent d'Afrique sur la circulation générale de l'air. de maxima barométriques et de vents divergents en hiver. l'Afrique du Nord en été; cercle de moussons convergentes. d'appel des vents. Anomalies produites par la saillie de l'Atlas. Causes de sécheresse: 1° en hiver, calmes et vents divergents; 2° en été, prédominance des moussons du nord sur les moussons équatoriales. Vapeur d'eau contenue dans l'air du désert. Humidité relative, nėbulosité, rosée, brouillards. Influence de la Méditerranée.

Foyer

« Les vents sont les véhicules du climat », a-t-on dit avec beaucoup de justesse; ce sont eux, ou du moins leurs courants inférieurs, qui répartissent la température et les pluies sur le globe. A ce titre, ils sont aussi les véritables auteurs du désert.

C'est un des mérites d'Alexandre de Humboldt d'avoir, le premier peut-être, signalé cette influence des phénomènes de l'air. On lui doit la première théorie qui ait cherché les causes du Sahara dans l'atmosphère. « Les déserts africains, situés sous les mêmes latitudes que l'Arabie et la Perse, sont en contact avec des couches d'air qui ont passé sur des continents brûlés de soleil et rayonnants de chaleur. Aussi

1. Die Träger des Klimas (Alex. Supan, Statistik des unteren Luftströmungen, Leipzig, 1884,. p. 1).

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