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dante il y a environ 500 puits

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- à 12 et 20 pieds de profondeur sur la route de Vieux-Dongola au Dar-For', montre que les eaux souterraines ont en effet une tendance à se déplacer des confins du Soudan vers le nord. « Un léger renflement des couches crétacées arrête l'écoulement de la nappe vers la Méditerranée, et l'eau s'accumule entre des marnes imperméables comme dans un immense réservoir. »

Un coup d'œil sur les oasis égyptiennes explique pourquoi elle remonte à la surface du sol. Lorsqu'on arrive à Farafrah par le plateau uniforme qui s'étend à l'ouest du Nil, on se trouve brusquement en face d'un précipice. Le plateau calcaire éventré domine en falaise de 170 mètres le fond marneux de l'oasis'. Au nord, à l'ouest, la même muraille, plus haute encore, se voit à l'horizon Farafrah est une cuve aux parois verticales, ouvertes seulement vers le sud. Baharieh en est une autre, moins profonde. A Khargueh, à Dakhel, le mur manque à l'ouest, mais le plateau surplombe l'oasis à l'est et au nord de 340 à 400 mètres. Siouah, Aradj et les petites oasis voisines sont également des cuvettes dont le fond est à 200 ou 300 mètres en dessous des escarpements du plateau de la Marmarique. Qu'arrive-t-il? « La nappe d'eau se trouve dans les oasis sous une épaisseur de roche de 50 à 100 mètres, ce qui équivaut à une pression d'environ 20 atmosphères;

1. Col. Purdy, Mitth., 1875, p. 354.

2. Zittel, ouv. cité, ibid.

3. Rohlfs, Drei Monate, p. 69.

4. Voir les altitudes prises par M. Jordan, Phys. geogr. der lib. Wüste, p. 190-99 et carte.

5. Beckenartige Einsenkungen (Zittel, ouv. cité, p. 7).

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Drei Monate, p. 174.

à côté, sous le plateau élevé de quelques centaines de mètres, cette pression monte brusquement à 60 et 80 atmosphères : l'eau a brisé la couche de pierre aux points où celle-ci était le plus faible1. » Les nappes du Sahara algérien jaillissent de même dans les bas-fonds creusés par l'érosion, et où le ploiement des couches a dû produire des cassures qui se reflètent dans les lignes d'eau à la surface du sol3. On ne voit rien de pareil dans le désert à l'ouest de Dakhel. Depuis les environs du 25o parallèle, les couches s'abaissent vers Siouah en pente douce, régulière, sans une dénivellation, sans une fracture qui permette à l'eau souterraine de briser son enveloppe de pierre.

Il y a donc relation entre la structure du sol et sa richesse en sources artésiennes comme entre le relief des montagnes et la fréquence des pluies. Il y a soixante ans, Ritter se figurait le Sahara de moins en moins sec, les oasis de plus en plus nombreuses à mesure qu'on avançait vers le Sud-Est. C'est dans le désert libyque qu'il plaçait les steppes fertiles, richement arrosées » dans l'Ouest, les solitudes sans eau et les mers de sable. Quel contraste avec le désert tel qu'on le connaît aujourd'hui ! Le Sahara occidental a des steppes dues aux pluies de l'Atlantique, le Sahara central des montagnes et des bas-fonds qui le sauvent de la stérilité complète : c'est le Sahara oriental qui est le déshérité. Dès qu'on a quitté le Nil, il apparaît « si désolé, si complètement nu et aride, qu'on ne trouve entre Siout et Farafrah ni un puits ni une source, ni même un peu d'herbe pour les chameaux ». Sur le plateau, au sud de Farafrah, le botaniste Ascherson a perdu son pari de trouver au moins une plante par jour. Puis, à l'ouest de Dakhel, c'est le plateau de grès nubien, auquel succède la mer des grandes dunes... « Il n'y avait pas un souffle de

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vent, pas un insecte dans l'air, pas un brin d'herbe; autour de nous, tout était mort. Le scintillement des étoiles était la seule chose qui rappelât la nature vivante au milieu de ce néant'. » Ce qui rend les déserts australiens redoutables, malgré leurs dimensions restreintes, c'est également leur uniformité: ce sont ces plaines monotones et terribles, où la brousse d'arbres épineux alterne avec les longs tapis de spinifex et de sable, et où, suivant le mot d'un explorateur, l'horizon est partout aussi rectiligne que sur mer. Le voyageur peut mourir de soif sur ce sol couvert de plantes, à moins qu'un groupe de montagnes ou une dépression providentielle ne lui permette d'atteindre l'eau souterraine qui se dérobe à ses efforts. C'est ainsi que Giles a fait d'est en ouest 325 milles à travers l'Australie occidentale sans rencontrer une goutte d'eau, même en creusant le sol'. C'est ainsi que depuis les monts Mac-Donnell jusqu'au fleuve Oakover, Warburton n'a trouvé ni une oasis, ni une trace d'eau courante. Il creusa une cinquantaine de puits, un seul donna de l'eau. Sans les trous de roche où se conserve un peu d'eau pluviale, et que les indigènes recouvrent comme de précieuses citernes, l'expédition eût cent fois péri.

La forme de relief qui accuse le mieux le désert n'est donc pas la plaine déprimée, encore moins la montagne, mais le plateau de structure régulière et d'altitude médiocre, où l'eau souterraine n'atteint pas la surface, et qui ne provoque pas la condensation des pluies. Le grand plateau libyque, moitié dunes, moitié hamada, qui est la partie la moins accidentée de tout ce grand Sahara uniforme, est peut-être la forme de désert la plus parfaite qu'on puisse voir.

1. Rohlfs, Drei Monate, p. 150.

2. Forrest, Mitth., 1875, p. 411.

3. E. Giles, Reise durch West. Australien, Mitth., 1876, p. 185-188.

4. Warburton, Journey across the Western Interior of Australia, London, 1875, p. 207 et suiv.

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