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rappelle que sur la côte algérienne le thermomètre n'oscille pas en moyenne de 8 degrés par jour1. Pourtant, plus avant dans le désert, l'écart augmente encore. C'est du moins ce qui ressort des résultats partiels suivants :

AMPLITUDE DE LA VARIATION DIURNE A AYATA (OUED-RIRH, 38 M.). (OCTOBRE 1890-OCTOBRE 1891) 2

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AMPLITUDE DE LA VARIATION DIURNE A MOURZOUK (1865-66)3
Moyenne de l'hiver (Novembre-mars, 5 mois): 15° 5

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C'est au Borkou, dans le sud du Sahara, que s'est présenté jusqu'ici l'écart moyen le plus considérable entre les températures de chaque jour. Cet écart s'est présenté au mois de mai, alors que les vents du sud n'apportent pas encore de vapeurs du Soudan, et que toute cette région s'échauffe sans mesure sous les rayons perpendiculaires du soleil.

AMPLITUDE DE LA VARIATION DIURNE AU BORKOU EN 1871 5
Max. moyen Minim. moyen Amplitude
440,6
190,6
250

Mai 1871 :

1. Ibid.

2. D'après les observations de M. Cornu, sous la direction de M. G. Roland. (Ann. Soc. Met., 1891. p. 191: 278). Les observations de Ghardaïa (1888-89), donnent des chiffres légèrement inférieurs.

3. Calculée par M. Hann (Rohlfs, Reise durch Nord-Afrika, Mittheil., art. cité, p. 122).

4. Calculée d'après M. Hann Rohlfs, Kufra, p. 355 et suiv.).

5. Calculée d'après les observations de Nachtigal au lever du soleil et à 2 heures du soir. (Ouv. cité, II, table 10.) L'amplitude réelle est done sans doute plus grande encore.

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0°,5,

Il ne faut pas oublier que ces chiffres représentent des moyennes. En certaines journées exceptionnelles, le thermomètre fait des bonds plus grands. Le 15 mai 1871, à Toro, au sud du Borkou, il a marqué 15o au lever du soleil, et 46o,7 à deux heures du soir, soit un écart de près de trente-deux degrés 1. Le 25 décembre 1879, à Bir-Milrha en Tripolitaine, MM. Rohlfs et Stecker ont noté comme minimum comme maximum 37o,2, ce qui fait une différence de 37°,7 en un jour2. En admettant que les maxima soient un peu trop élevés, parce qu'ils ont été pris sous la tente, ces variations n'en demeurent pas moins extraordinaires. Même sur les Hauts-Plateaux d'Algérie, le phénomène n'est pas aussi intense, en dépit de l'altitude et de la raréfaction de l'air 3. Seul, le socle gigantesque de l'Asie centrale, et peut-être certains plateaux de l'Afrique australe présentent des variations diurnes plus fortes encore. M. Severtzow a observé un écart moyen de 25° à 25°,7 en août et septembre, sur les Pamirs, à des heures qui sont loin de donner le maximum et le minimum de la journée".

De fortes variations journalières ont toujours pour conséquence d'abaisser la température moyenne de l'année. De là vient que le Sahara, malgré ses journées brûlantes, ne

1. Ibid.

2. Hann Rohlfs, Kufra, p. 356).

Variations notées par la mission Flatters :

17 décembre 1880. Hassi Inifel.

25

2 janvier 1881.

10

Max. Minim.

Ecart.

250

26o,5 29,8
30

29o,3 280

290,3

Hassi Insokki.
Hassi Messegguem. 23o,1 6o,2
Hassi Hadjadj. . . 279,5 19,5 290
(Documents relatifs, p. 392-402.)

3. Variation diurne sur les Hauts-Plateaux (moyenne de Tebessa, Batna,

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4. Amplitude diurne à Omarourou (Namaqualand, 1,160 m., 21°35′ lat. S.),

en septembre 1884 25°1 C. (Dove, Klima des aussertropischen Süd-Africa, Goettingue, 1888).

3. Bull. Soc. Nat. Moscou, 1881, p. 14-17.

soit

pas, à considérer la moyenne annuelle, un des pays les plus chauds de la terre. L'année, dans son ensemble, est plus fraîche dans le Sahara algérien qu'en certains districts de l'Inde, ou au bord de la mer Rouge; avec des maxima de température beaucoup plus élevés, le Tibesti et le Borkou ne sont pas, en moyenne, aussi chauds que les bords du Tchad 2; enfin nulle part la température saharienne n'approche de l'effrayante moyenne de Massaouah 3. C'est qu'au désert, la fraîcheur des nuits compense l'ardeur torride des jours. Pareil phénomène s'observe dans les déserts de l'Afrique australe. A mesure que les observations se multiplient sur ces plateaux stériles, la moyenne supposée de leur température annuelle s'abaisse, et les isothermes, sur les cartes, s'infléchissent davantage vers le sud‘.

Variation annuelle de la température. La variation annuelle, c'est-à-dire la différence qui existe entre la moyenne du mois le plus chaud et celle du mois le plus froid, doit théoriquement augmenter à mesure qu'on s'éloigne de l'équateur, et c'est dans les pays où règnent le long jour et la longue nuit polaires, que l'écart, à ce qu'il semble, doit être le plus grand. Mais les effets du climat continental et de la sécheresse désertique se font sentir dans la variation annuelle comme dans l'oscillation diurne.

On conçoit, en effet, que la moyenne du mois le plus chaud s'élève, que celle du mois le plus froid s'abaisse, sous l'influence des maxima de l'été et des minima de l'hiver. Le Sahara, en dépit de sa latitude, est donc un des pays où la variation annuelle de la température est très grande. Tandis que la différence des deux mois extrêmes n'est que de 13o,6

1. Température moyenne annuelle (au niveau de la mer) :

: 210,1

Biskra
Ghardaïa (2 ans): 23o,7

2. Nachtigal, ouv. cité, II. p. 452.

Agra : 260.
Djeddah 26",4.

3. Température annuelle de Massaouah (observations de 1885-87 combinées avec des observations antérieures): 30o,2. (Hann, Meleort Zeitsch., 1888, p. 155.) 4. Dove, Klima des aussertropischen Süd-Africa, p. 25.

en moyenne sur le littoral algérien, elle monte à 23o,7 sur les confins du Sahara et de l'Atlas'. Nul doute qu'elle n'augmente encore dans l'intérieur du désert. Deux ans d'observations à Ghardaïa donnent pour ce point une variation annuelle de 25°,5. Les observations de Nachtigal au Borkou et au Kanem laissent entrevoir une variation

3

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analogue dans le Sahara méridional. Aucun pays, sauf peut-être les déserts de l'Afrique australe et de l'Australie intérieure, ne présente sous ces latitudes de semblables écarts. L'amplitude annuelle est de 7o,9 à Djeddah, de 15,6 à Jérusalem, de 15°,4 à Hanoï, de 7° à Mexico, de 6o,5 seulement à Funchal. La Mésopotamie et le Pendjab, malgré leur climat extrême, ne peuvent être comparés

1. Moyenne de Biskra, Laghouat et Géryville. (Angot, art. cité, p. 18.) 2. Moyennes mensuelles à Ghardaïa (2 ans) janvier 80,9, juillet 340,4. (Obs. citées.)

3. Sahara und Sudan, II, tables. Ces observations sont malheureusement incomplètes.

au Sahara. Il faut gagner les latitudes plus élevées du Turkestan et de l'Utah pour trouver une différence plus grande, par suite de la rigueur croissante des hivers.

La variation annuelle paraît faible dans le désert libyque, relativement au reste du Sahara. Entre les deux moyennes extrêmes du voyage de M. Rohlfs à Koufra, 13o,5 (janvier 1879, région de Sokna), et 29°,8 (15-31 août à Koufra)2, la différence est seulement de 16 degrés, soit bien inférieure à celles qu'on a observées ailleurs. Cela tient à ce que les maxima d'été sont moins élevés, sans doute sous l'influence des vents qui viennent de la Méditerranée. La moyenne du mois d'août 1879 a été 28°,9 ; elle était de 32o,1 à la même époque, à Biskra, à l'abri de l'Atlas'.

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8

3

Extrêmes absolus de température: Minima. - Dans tout le Sahara, le thermomètre sous abri peut tomber au-dessous de 0o. On a noté, -5° dans le désert libyque"; 4o sur le plateau de Ghadàmès o; 40,5 dans les dunes de l'Erg'; 0° et 1° à Ghardaïa ; -3° dans l'oued Rirh9; -8° dans la région des chotts1o et près du Tademayt, au Hassi Messegguem'. Dans le Sahara central, M. Duveyrier a trouvé onze fois l'eau gelée, entre le 1er janvier et le 12 mars 1861 12; le même phénomène s'est produit à vingt-quatre reprises pendant l'hiver 1865-66, à Mourzouk 13.

13

4. Amplitude annuelle de Rawalpindi (Pendjab): 21",1.

Bagdad (Mésopotamie): 23°,4

2. Hann (Rohlfs, Kufra, p. 355).

3. Ibid.

4. Ann. Bur. centr. mét., 1879.

5. En 1874 (Jordan, ouv. cité).

(Woeikof, Klimate, I, tables.)

6. Rohlfs, Reise. durch Marokko, etc., p. 278. Décembre 1864.

7. En 1862, Mission de Ghadamės, p. 293.

8. Janvier 1888 et 1889. (Ann. Bur. centr. met., 1888, 1889, B. 68.)

9. Janvier 1891, Ayata. (Ann. Soc. Météor., 1891, p. 191.)

10. Décembre 1874. (Roudaire, Rapport sur la Mission des Chotts, Bull. Soc. Georg., 1875, II. p. 585.)

11. Janvier 1881. (Documents relatifs, p. 400.)

12. Les Touareg du Nord, p. 108.

13. Rohlfs, Reise durch Nord-Afrika, art. cité, p. 121. Minimum : 5o.

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