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R'edira-el-Ouesta était habité par R'enam; ses enfants sont au nombre de trois: Mouça, Farah et El-Bekri.

R'edira-es-Sefli était à Zeïd; ses enfants sont Hameïda, Bou-Diaf et El-Haïch.

Le cinquième de la population du Souf se compose de Troud; le reste est un mélange d'Arabes d'origines diverses.

Les Hamed sont des Oulad-Amer-ben-Handala le koraïchite, qui s'était réfugié à Kaïrouan après le meurtre de son cousin, ainsi que nous l'avons exposé au commencement du récit.

El-Heuch est originaire de la montagne, et alla ensuite s'établir au Nefzaoua.

Bellil est des Oulad-Hamam; il était esclave de sidi Ahmed-ben-Aziz.

Kçab est originaire de la montagne de Bou-Såda.
Les Mçaâb étaient au nombre de deux :

L'un était surnommé El-Aouèr, le borgne, et l'autre Et-Tadjer, le négociant.

El-Aouer est originaire des Oulad-Hamam-ben-Fetnassi-el-Bedouï, tandis que le Tadjer est des Oulad-Amerben-Bakir-ben-Saâd-ben-Louï-ben-Mçaoud-ben-Harmelaben-Djazïa-ben-Klab-ben-Koutir-ben-Aoudj-ben-Mçaâb-es

Saïeh.

Quand le vieillard eut fini de parler, je lui dis : Qu'estce qui me prouve que ce que vous venez de me raconter est la vérité ?

J'ai deux témoins qui ne peuvent mentir, réponditbarbe et mes cheveux que le temps

il; ce sont m

a blanchis.

A ces mots, je me levai et baisai la main et la tête du vieillard.

Avant de nous séparer, ajoutai-je, donnez moi quelques renseignement sur l'Oued-Rir'.

Le premier qui a habité l'Oued-Rir' se nommait Kaâbben-Rouaïa des Oulad-Andalès-ben-Djafet, fils de Noé, que sur lui soit le salut.

Tamerna dépendait de Tunis avant que les Turcs occupassent Constantine. Antérieurement à cette époque, cette ville fut gouvernée par quarante émirs des Addassa. Puis, les Turcs de Constantine l'ayant enlevée aux Tunisiens, elle resta désormais sous leur autorité.

Un homme des Beni-Merin habitait la ville de Fès. Je te dirai en passant qu'un prince voulant fonder cette ville, trouva, en faisant creuser les fondations, un fès antique (une pioche), et que le nom de Fès resta à la nouvelle cité. Cet homme des Beni-Merin avait l'habitude de faire tous les ans le pélerinage de la Mecque. Il passait par l'Oued-Rir', où il vendait le surplus de ses marchandises. Des gens de ce pays l'engagèrent à se fixer parmi eux; il accepta leur proposition, et peu de temps après, en effet, il venait s'établir à El- Oued avec sa famille et ses richesses.

Ce pélerin avait deux femmes: il en installa une à Touggourt, lieu où existaient de vieilles ruines, et l'autre à Temacin, où se trouvaient également des substructions antiques. Il construisit sur ces deux points un ksar, pour y installer séparément chacune de ses femmes, et illeur donna quatre-vingts esclaves pour les servir et les garder. Afin d'éviter les discussions, il avait expressément défendu aux habitants d'un ksar d'avoir des relations avec ceux

de l'autre. Bedra était le nom de la première de ces femmes; elle était fille de Moulaï-Saïd (ou Yazid), chérif du R'arb que Ben-'Afia avait mis à mort (1). La seconde, nommée Bedrïa, était issue de Felias, seigneur de Meknas (Mequinez).

Mais, dis-je au vieillard, je voudrais bien connaître la signification des noms de Touggourt et de Temacin ?

Ce sont des noms appartenant à des langues étrangères; j'ignore donc leur signification.

Continuez votre récit, lui dis-je alors.

Le pélerin ayant installé ses femmes et ses esclaves à Touggourt et à Temacin, vécut paisiblement jusqu'à l'année 735 (1334-35 de J.-C.). Alors survint une sécheresse excessive dans la contrée, au point que les habitants, ne pouvant plus nourrir leurs familles, se virent dans la nécessité de vendre comme esclaves leurs fils et leurs filles. Le pélerin leurs acheta quinze cents enfants.

Mais la misère devenant encore plus grande, les maris durent vendre leurs femmes. Cette calamité suspendit pendant quelque temps la reproduction de l'espèce humaine. Il leur acheta aussi leurs chevaux, leurs ustensiles, leurs jardins Les gens d'El-Oued ne possédant plus que leurs corps et la disette continuant, ils finirent par se vendre eux-mêmes.

Quand le pélerin se trouva propriétaire de tout ce qui existait autour de lui, il dit à ses esclaves: Faites vos préparatifs, je vais entreprendre un long voyage: nous partirons demain, et je vous emmène tous avec moi.

(1) Voir Ibn-Khaldoun au sujet des guerres de Ben-'Afia contre les chérifs Idricites.

Cette nouvelle fut accueillie avec résignation, et aucun ne chercha à se soustraire à l'autorité de son nouveau maître.

Le lendemain, cependant, le pélerin au lieu de se mettre en route, réunit tout son monde et annonça qu'avant de partir, il fallait qu'on lui construisit une mosquée. Chacun se mit à l'œuvre, et une magnifique mosquée s'éleva en effet; il attribua des revenus considérables à son entretien, et y plaça des lecteurs du livre sacré (le (Koran).

Lorsque tout fut terminé, le pélerin convoqua ses esclaves à une grande réunion; puis, arrivant au milieu d'eux, il proclama à haute voix :

Je témoigne devant Dieu et devant les anges que, par amour pour eux, je vous rends à tous la liberté ! »

Les esclaves acceptèrent leur affranchissement avec une joie extrême; mais pour exprimer leur reconnaissance au généreux pélerin, ils lui déclarèrent qu'ils resteraient toujours ses serviteurs dévoués, et firent la promesse d'être fidèles à lui et à sa religion.

Depuis cette époque, en effet, les habitants de cette contrée ont suivi cette voie religieuse et sont restés sous la dépendance de la famille du pélerin des BeniMerin.

Savez-vous quelque chose sur Feliach-el-Djebli (1)?

Non, je n'ai rien à vous dire sur ce point; mais à R'orfa existait une population qui labourait des terres arrosées par les caux courantes de la rivière. Cette popu

(1) Feliach, oasis et village situés à 2 kil., à l'est de Biskra, dont ils ne sont séparés que par la rivière. Sa population est d'environ 350 habit.

lation passait l'été à R'orfa et l'hiver à Nazïa; mais les Troud vinrent nous envahir, au nombre de quinze cents cavaliers. Ces chiens de Troud dévastèrent R'orfa, arrachèrent nos arbres et incendièrent nos cultures.

Pourquoi, lui dis-je, qualifiez-vous les Troud de l'épithète de chien?

Ah! me répondit-il, les chiens leur sont bien préférables, en effet; car le chien s'habitue à une nourriture qui lui suffit, mais les Troud sont insatiables.

Il me semble que vous avez une haine profonde contre les Troud?

Comment veux-tu qu'il en soit autrement. Est-ce que l'amant peut oublier celle qu'il aime? Celui qui n'a pas de haine ne saurait avoir d'affection!

Pourquoi, alors, épousez-vous les filles des Troud et leur donnez-vous vos filles en mariage? Il faut oublier les inimitiés du passé.

C'est impossible, répliqua-t-il; ils ont tué mon fils Amran et je ne leur pardonnerai jamais. Ils avaient quinze cents chevaux, et nous n'en avions que quatre cents pour résister à leur envahissement. Notre nation se composait de vingt-cinq fractions; mais aucune de ces fractions ne vint en aide à sa voisine. Nous possédions aussi cinq ksour nommés: El-Medina, Ksar-el-Maouï, Ksar-el-Bahour, Ksar Fellat et Oum-el-'Az.

Oum-el-'Az tirait son nom d'une femme chrétienne qui vint s'y établir après avoir fui devant l'invasion des troupes d'Okba en Afrique.

Le premier qui s'établit au village de Sebti était un homme des Touareg; il était originaire du Soudan, et, après avoir racheté sa liberté, il vint s'installer au milieu

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