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SUR

LES AMAMRA "

PAR

Justin PONT

Lieutenant au 3. Régiment de Tirailleurs algériens,

Chef du Bureau arabe d'Aïn-Beïda

Le territoire actuellement connu sous le nom de kaïdat des Amamra a été, dans l'antiquité, le théâtre d'évènements très importants, à en juger par les nombreuses ruines qui s'y trouvent. Il appartenait à l'ancienne Numidie, et ses montagnes furent, pendant longtemps, le refuge de Jugurtha fuyant devant les armées romaines. Des établissements considérables y furent créés par le peuple-roi, et son sol fut parcouru par deux grandes

(1) La plupart des inscriptions latines contenues dans ce travail ont déjà été publiées dans la Revue Africaine et même dans notre Recueil (année 1867).

Nous les reproduisons comme sujet d'étude et de comparaison. Du reste, elles trouvent naturellement leur place dans une monographie.

(Note de la rédaction.)

voies conduisant de Theveste (Tebessa) à Lambosis (Lambèse) et passant, l'une au nord de l'Aurès, l'autre par le versant sud de cette montagne. Les études archéologiques faites jusqu'à ce jour n'ont pas encore permis de déterminer, d'une manière précise, le nom et l'histoire particulière des diverses villes qui couvraient autrefois ce pays; mais il est cependant deux points sur lesquels on a des renseignements certains.

I.

Une inscription latine, encastrée dans le mur du bordj de Khenchela et trouvée sur les lieux, porte:

PRO SPLENDORE FELICIVM SAECVLOR...

...ENTINI... ET VALENTISSEMP.....

· A T Æ .......VE.....MNIMASCVL............... A
.VNDAMENTIS CONSTRVXIT. . . . . . . .
..CE.NIVS CAECINA ALBINVS....

SEX FASCALIS PROVINCIÆ...

Pro splendore felicium saeculorum dominorum nostrorum Valentiniani et Valentis, semper Augustorum..... Atae... Ve.... omni Masculæ........ à fundamentis construxit (alque dedicavit), Publius Ceionius Cæcina Albinus, vir clarissimus, consularis sexfascalis provinciæ Numidia Constantinæ. (Recueil de la Société Archéologique de Constantine, 1866, page 167).

Elle détermine, d'une manière incontestable, la position de Mascula. Par qui et comment avait été détruite cette ville avant l'arrivée de Publius Ceionius Cæcina Albinus?

l'histoire ne nous l'a pas encore appris. Nous savons qu'elle fut célèbre dans les fastes de l'Eglise, non seulement par le martyre du confesseur Archinanus, condamné à mort par le roi vandale Genseric, mais encore par la part que prirent ses évêques aux luttes théologiques qui se livrèrent dans l'Eglise d'Afrique entre les donatistes et les catholiques, pendant les quatre derniers siècles de la domination romaine. L'auteur de l'Africa Christiana, Morcelli, dit, en effet :

«Erat Mascula in Numidiæ, inter Thevestum et Lam« bœsem, minus quidem apud profanos scriptores vulgata ased in fastis Ecclesiæ satis celebris, etc. »

Les Dieux du paganisme eurent aussi leurs autels à Mascula, car nous avons trouvé, à peu de distance du bordj de Khenchela, la dédicace d'un temple à Saturne :

SAT. AVG. SAC.
P.PVLLAIENVS

MONTANVS.SACR.
V.S.L.A.

« Saturnino Augusto Sacrum, Publius Pullaienus « Montanus sacravit. Volum solvit, libente animo. »

Les ruines au milieu desquelles cette inscription a été trouvée prouvent que ce temple était important.

II.

L'autre point connu est Baraï. Située au pied des derniers contre-forts de l'Aurès et sur la partie sud-ouest de la limite, entre les Haracta et les Amamra, cette ville a conservé son ancien nom. Les inscriptions suivantes, qui

existent encore sur les lieux (Recueil de la Société Archéologique de Constantine, 1867, page 224), paraissent indiquer qu'elle fut fondée aux beaux temps de l'empire romain, et que rien ne fut négligé pour son embellissement. Il y avait, en effet, des bains publics, des temples, etc., etc... Les belles colonnes qu'on y voit encore témoignent de l'importance de ses monuments.

IMP-CAES. M.AVRELIO ANTONINO.A....NIACO. PARTHICO MEDICO GERMANICO SARMATICO-AV. PONT. MAX. TRIB-POTEST. XVIIII IMP VIII. C.............

P. ANTONIVS.....VS. .OC... DEDICAVIT.

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Soumise à bien des vicissitudes, Baraï fut probablement détruite une première fois par les Vandales; car lorsque Salomon, nommé pour la seconde fois gouverneur de l'Afrique par l'empereur Justinien, y arriva vers 542, il la trouva déserte (Procope, Guerre des Vandales).

En 394, au contraire, elle était à l'apogée de sa puissance, puisqu'il s'y tint un concile où Primien, évêque de Carthage, que Maximien, son diacre, en avait chassé, fut remis en sa place par 310 évêques assemblés.

Les Byzantins bâtirent sur ses ruines l'immense citadelle bastionnée qui porte aujourd'hui le nom de KsarBaraï, et en firent, sans doute, le pivot de leurs opérations contre l'Aurès. Le fort, dont il est encore facile de suivre le tracé, a, en effet, une étendue plus considérable que les autres postes byzantins répandus sur le territoire des Amamra, des Oulad-Fadhel et des Haracta.

Détruite de nouveau en 698, par ordre de Kahina, reine de l'Aurès, pour que l'invasion arabe conduite par Hassan-ben-Noman ne put en faire un centre d'opérations (Bayano El-Mogrib, édition Dozy, Leyde), elle était pourtant habitée, vers le milieu du onzième siècle, s'il faut en croire les lignes suivantes, extraites de la description de l'Afrique septentrionale d'El-Bekri, édition de Slane, page 144.

حوله ربضر كبير هي حصن صخر فـديــم من ثلاثة نواحى وليس فبايلن الناحية الغريبة ربضرانما اتصل بها بساتين ونها وفي ارباضها فنادفها وحماماتها واسواقها وجامعها داخل الحصن وهن في بساط من الارض عربض كـبـيـر المياه وجبل اوراس مطل عليه

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