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Chaque soir, les logements des femmes étaient donc cadenacés et verrouillés avec soin; à partir de ce moment, tout devait être immobile et silencieux dans le palais; néanmoins, pour plus de sûreté, on lâchait encore une demi-douzaine d'énormes dogues qui, toute la nuit, vaguaient dans les galeries et les jardins

Cette digression nous a quelque peu écarté de notre sujet, mais elle nous y ramène naturellement.

Le pavillon dit des généraux inspecteurs, divisé aujourd'hui en trois pièces, n'était autrefois qu'une vaste chambre carrée avec trois portes ouvrant chacune sur une galerie différente; le quatrième côté, étant adossé au grand mur d'enceinte, n'avait point d'ouverture sur l'extérieur. Ce pavillon prenait jour par cinq fenêtres garnies de forts treillages en fer. C'était le logement de Fetouma, jeune esclave noire, que le bey chérissait beaucoup, et dont il eut un enfant. Khedidja, fille du caïd des Haracta, l'une des premières femmes légitimes d'El-Hadj Ahmed, outrée de l'abandon où celui-ci la laissait, tandis que Fetouma était l'objet de ses préférences marquées, s'en plaignait amèrement, et un jour elle lui reprocha, dans un accès de jalousie, d'être l'époux d'une négresse. A ces mots, le bey furieux, se précipita sur elle et lui porta dans le bas ventre un coup de pied, dont elle mourut après avoir langui quelque temps dans l'état le plus misérable.

En face de nous s'ouvre maintenant la galerie, à triple rangée de colonnes, qui s'étend devant le kiosque du bey, actuellement cabinet du commandant de la province et de ses aides de camp. Une balustrade en bois peint, très artistement découpée, la ferme du côté des jardins.

Au point de vue de l'effet pittoresque, on peut dire que cette galerie est habilement conçue; non pas que nous prétendions qu'elle soit faite avec régularité, mais elle est fort appréciée en toute saison comme promenoir. Elle a l'avantage d'offrir à l'air libre un moyen rapide de circulation et de dégagement. C'est par elle que l'on pénètre dans le logement particulier des généraux et les salons destinés aux réceptions officielles.

Nulle part les architectes n'ont déployé plus d'art et plus de soin; c'est que le kiosque, bâtiment capital de l'édifice, était le logement de prédilection d'El-Hadj Ahmed. De magnifiques colonnes en marbre, octogonales jusqu'à un mètre du sol, puis s'élevant en spirale jusqu'au chapiteau, soutiennent les trois rangées d'arcades qui forment trois nefs devant le kiosque. Leurs chapiteaux offrent sur leurs corbeilles des ornements assez bien fouillés, de manière à faire valoir les oppositions d'ombre et de lumière. Comme dans tout le reste de l'édifice, aussi bien dans les galeries que dans les appartements, les plafonds sont en planches enluminées de couleurs, simulant de longues bandes, alternativement rouges, vertes ou jaunes, qui s'harmonient très-bien avec le style architectural,

Une vasque avec jet d'eau se voyait autrefois devant l'entrée du kiosque, au milieu de la galerie. Elle donnait trop d'humidité, et on a dû la transporter, pour cette raison, dans le jardin des orangers où nous la re

trouverons.

Le kiosque, dans lequel nous pénétrerons, est une vaste pièce de 14 mètres de long sur 6 de large, coupée maintenant par des cloisons qui séparent le cabinet de

travail du général de celui de ses aides de camp; elle prend jour presque à ras du sol par quatre grandes fenêtres, sur chacun de ses grands côtés, et par deux sur les autres. Ces ouvertures, garnies de barreaux de fer à l'extérieur, ont, en dedans, des volets à double ventail, dont la surface est plaquée de petits miroirs carrés, d'un effet charmant.

La position centrale et isolée du kiosque et les douze fenêtres qui le perçaient à jour comme une lanterne, faisaient de ce point une sorte d'observatoire d'où le bey pouvait, d'un seul regard, voir tout ce qui se passait dans son harem. Cette disposition rappelle celle de l'intérieur de nos grandes prisons, dont toutes les cellules peuvent être surveillées par un même gardien. Cinq arcades, soutenues par quatre belles colonnes en marbre, sont disposées dans le sens de la longueur de la pièce. Tous les murs sont recouverts de peintures aux couleurs vives, et les parties pleines entre les fenêtres garnies de carreaux de porcelaine. Le koubou, ou sorte d'alcôve, que l'on rencontre dans presque toutes les grandes chambres du palais, est orné de colonnettes très gracieuses également en marbre; le koubou est luimême percé de trois autres fenêtres sur ses côtés.

Dans le compartiment servant de vestibule au cabinet du général, on voit une plaque de marbre, ornée d'une inscription arabe. Le graveur a eu le soin de couler du plomb dans le creux des lettres et des fioritures, de manière à leur donner une teinte noirâtre, pour les faire ressortir sur le marbre avec plus de vigueur. Cette inscription, dont nous allons donner le texte et la traduction, est la dédicace de la mosquée de Souk-el-Rezel,

l'église actuelle, sous la place du palais, édifiée en 1143 (de J.-C. 1730). M. Cherbonneau l'a déjà fait connaître, en l'accompagnant de renseignements historiques fort intéressants, dans une notice publiée en 1854 (1). Elle était déposée dans une chambre du palais, où elle s'était déjà brisée; on a eu la bonne pensée d'en rajuster les morceaux, et de les sceller dans un mur pour les préserver, précaution que l'on ne peut qu'approuver.

الله الرحمن الرحيم صلى الله على بسم سيدنا محمد * في بيوت اذن الله ان تربع

له بيها بالغدو و يذكر بيها أسمه

والاصال *

يسبح

أسمه يسبح

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(1) Voir Annuaire archéologique 1854-1855, page 102.

كالشمس الا ان تلك التى لاقول هذه في

البرّ ذات تخلد

وسعت
بما
وسعت

يدا حسین

ضاحكة بما

السجد
للراكعين

يرجوا بها من يسبل الستر المذال على العصاة

اذا أتوه في غد لكل مؤمل نوله في الدارين يا خير من يرجى

اسعد مقصد

ولین تسل تاریخه باتی به بای الزمان ابن محمد * ۱۱۴۳ *

حسین

Au nom de Dieu clément et miséricordieux! Que la : prière soit sur notre seigneur Mohammed !

› Dans des édifices que Dieu a permis d'élever, et dans lesquels son nom est répété, on chante ses > louanges matin et soir. (Koran, chapitre de la » lumière, Soural-en nour, XXIV. vers. 36). »

Salles décorées par les prodiges de l'art, êtes-vous des palais consacrés au culte, ou bien le paradis de la grâce divine au sein duquel reposent les justes? >> Ou bien êtes-vous un temple de bonnes œuvres,

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