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Le service de la milice se divisait, par année, en service de nouba, ou de garnison, et en service de mahalla, ou de colonne expéditionnaire.

Chaque nouba se composait de plusieurs sefra (tables), ou escouades, comprenant de quinze à vingt hommes. Voici, d'après le Tachrifat, de M. Devoulx, quels étaient, en 1829, dans la province de Constantine, le nombre et la position des nouba:

Nouba de Constantine, 5 sefra, 73 hommes.

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Total.... 22 sefra, 333 hommes (1).

Ces nouba étaient exclusivement consacrées à la garde des villes ou des postes qui leur étaient confiés, et ne pouvaient en sortir sous aucun prétexte. Elles étaient renouvelées chaque année au commencement du printemps.

Dans chaque nouba, il y avait un corps de bombardiers (bonbadjia), et un corps de canonniers (tobdjia). Ces corps restaient constamment dans les villes auxquelles ils étaient attachés, et ne changeaient point de garnison avec les nouba. Ils devaient suivre le bey dans les expéditions où il avait besoin de leurs services. Le

(1) Au temps où Peyssonnel exécutait son voyage en Algérie, années 1724 et 1725, il y avait une nouba de 2 sefra à Collo. (Voir la relation de son voyage publiée par Dureau de la Malle, p. 473.)

commandant en chef d'une nouba prenait le nom d'Agha en-Nouba (1).

Le service des Mahalla, ou colonnes expéditionnaires, avait lieu deux fois par an, au printemps et à l'automne. Ces colonnes, partant d'Alger, étaient destinées à assurer la rentrée des impôts dans les trois provinces. Elles étaient composées d'un certain nombre de tentes ou chambrées renfermant chacune dix-neuf hommes. Les corps de troupes fournis par les Zouaoua faisaient partie des Mahalla.

Le corps des Zouaoua, soldats volontaires, se recrutait, dans le principe, parmi les tribus kabiles de ce nom. Plus tard, on y admit indistinctement tous ceux qui voulurent s'enrôler sous les drapeaux de la milice.

Le nombre de tentes de la colonne de l'est était de soixante, ainsi divisées :

Corps du bey, 20 tentes.

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Des quinze cents Turcs qui arrivaient chaque année au printemps pour parcourir la province et lever l'impôt, 1250 hommes retournaient à Alger en automne, et 250 passaient l'hiver à Constantine, casernés dans la Kasbah, ou bien campés aux portes de la ville, sur les bords de l'Oued Roumel. C'est ce qu'on désignait sous le nom de Mahallet ech-Chetta, colonne d'hiver. Ces 250 hommes partaient à l'automne avec le cheïkh el-Arab, pour aller lever les contributions dans le Sahara, et revenaient au printemps.

(1) Voir, pour l'armement des troupes, les fournitures, leur solde, leurs vivres et leurs étrennes, le Tachrifat de M. Devoulx, p. 30 et suivantes.

Les Zemoul. Les Zemoul ou gens de la Zemala, qui constituaient, dans la province de Constantine, la plus ancienne et la plus redoutable cavalerie du Makhzen, étaient établis dans la belle plaine de Melila, sur la route de Constantine à Batna. Ils formaient une tribu guerrière dont le chef militaire et administratif portait le titre de Kaïd ez-Zemala. Sur un ordre du bey, ils devaient prendre les armes, monter à cheval et lui prêter main-forte, soit pour châtier les rebelles, soit pour faciliter l'exécution des mesures administratives. Pour chaque cinquante cavaliers environ, on nommait un chaouche qui n'exerçait qu'une autorité purement militaire. Sous le dernier bey, Hadj Ahmed, ils comptaient plus de cinq cents cavaliers commandés par dix ou quinze chaouches, selon que les circonstances l'exigeaient.

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Les Deira. On comprenait sous cette appellation tous les gens de guerre des tribus autres que celles des Zemoul. Comme ces derniers, ils devaient prendre les armes toutes les fois qu'ils en étaient requis; mais leurs priviléges étaient moins étendus. Au lieu d'être entièrement affranchis de l'impôt en argent, ils devaient en payer les deux cinquièmes. Ils avaient pour chef militaire et administratif l'Agha ed-Deira; mais ce fonctionnaire résidait à Constantine, et, en fait, les cheïks restèrent les vrais administrateurs des tribus Deïra. Cette cavalerie comptait environ mille hommes; elle était commandée par vingt ou trente chaouches. Voici les principaux groupes des Deïra et les points qu'ils occupaient :

1o Dans la vallée de l'Oued Boussela, entre Aïn elKhacheba et Djemila: ils portaient le nom de Deïra elOued ;

2o Au Sera, au sud de Mila: ces cavaliers s'appelaient Deïra Seraouia;

3o A l'Oued ez-Zenati, sur un terrain que leur cédèrent les Guerfa ;

40 A Constantine même, où on recrutait environ cinquante cavaliers.

Outre ces tribus essentiellement guerrières, chaque grand cheïkh ou kaïd avait auprès de lui un certain nombre de cavaliers, désignés sous le nom de Deira mezarguia (lanciers) dans les grands commandements, et de Zemala pour les kaïdats ordinaires. Ils ne payaient, comme ceux du makhzen, que les deux cinquièmes du hokeur et étaient exempts de la gherama, toujours considérable comme étant l'impôt des vaincus.

Du reste, les cavaliers du makhzen, quels qu'ils fussent, ne recevaient jamais de solde. Lorsqu'on les employait à la perception de l'impôt en argent, ou d'une amende, ils avaient droit à un dixième en sus de la somme cotée, dixième qui leur était payé par les contribuables, et dans les razzia on leur abandonnait le butin qu'ils enlevaient. Une fois l'expédition terminée, ils rentraient dans leurs foyers pour s'y livrer à la culture des champs ou à l'élève de leurs troupeaux.

Quant aux Kabiles, on assure qu'ils eussent pu mettre sous les armes de 15 à 20,000 fantassins. Cependant leurs rassemblements les plus nombreux n'ont jamais dépassé quelques milliers d'hommes.

En somme, les forces de la province pouvaient s'élever à 22,000 fantassins et 23,000 cavaliers, en tout 45,000 hommes; mais, même en faisant appel à toutes ces forces,

on n'a jamais pu réunir plus de 5 ou 6,000 cavaliers et à peu près autant de fantassins.

Enfin, pour établir la sûreté des communications, il existait, sur les principales routes, des Knak ou bivouacs, commandés par des cheïkhs qui étaient responsables, dans un certain rayon, de la sûreté des voyageurs et des

caravanes.

Ces knak étaient, en partant de Constantine pour se rendre à Alger, Bir el-Beguirat, Dráa el-Tobbal, Kareb, Medjez el-Hammar, Selif, Tagrerourel, Sidi Oumbarek, Dráa el-Ahmar, territoire de la Medjana, Beni-Mançour, Dehouss, Hamza, Ben-Henni, Dráa el-Beral, El-Haouche, dans la Metidja, et Alger.

Nous croyons avoir suffisamment fait connaitre l'organisation administrative et militaire de la régence, sous le gouvernement qui nous a précédé.

Cet aperçu était nécessaire pour l'intelligence des faits qui vont suivre. Voyons maintenant comment ce gouvernement prit naissance.

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