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Les négociants musulmans qui habitent les provinces méridionales de l'empire marocain se servent du dialecte chelha dans leurs lettres de commerce. Nous donnons ici le texte et la traduction littérale d'une de ces pièces.

oua yakinan; oua dhalika

Mohibbina fi'llahi haccan
A mon ami en Dieu véritablement et sincèrement; et lui c'est

Cid Mohammed-ben-Folan; selamon alaïka oua

rahma

le cid Mohammed, fils d'un Tel; le salut soit sur toi et la miséricorde

't-ollahi oua bereketohou. Aïmodekkolino icak seghigh elde Dieu et sa bénédiction. O mon frère ! pour toi j'ai acheté des

louz iggouthen d'ilem iga ouîn el-mazi, hati illa amandes beaucoup et des peaux qui sont de chêvre; voici elles

gou-foucinou

lah

matittessen,

sont entre-mes-mains, mais il n'y-a-personne pour les-prendre;

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imma nekki illigh

quant-à

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ghomoddou; adeftough

moi je suis (prêt) à (faire) un-voyage; afin-que-j'aille

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ilkem omoggar ne mårs; qu'approche la-foire

adecdough

de mars; je-terminerai (mes achats)

ourrighed; hati nekki oucigh ogma adak et-je-reviendrai-ici; voici moi j'ai-chargé mon-frère qu'à-toi

içarf koullo. 'l-homoul ad-ellanin ghîd. Daringh il-envoie tous les-ballots qui-sont ici. Chez-nous

tamazîrt tehenna ála kheir oual agharas. El-Haddj le-pays-est tranquille et-en-bon état ainsi-que la-route. Le Haddj

Ahmed illa gho-Aghadir; nedfa yas koullo-l-mal
Ahmed est à - Agadir; nous-payons à-lui tout-l'argent (impôts)

n'-el - makhzen; iferra fellanegh imharkin. du gouvernement; il-a-reparti sur-nous les-contingents (troupes).

Serf-you d' kra l-kittan igan es-sahan, oua-es-selam; oua Envoie-moi un peu de toile étant calicot; et salut; et

katib al-horouf

éleik

amodekkolinek El-Haddj 'écrivain de-ces-lettres à-toi (c'est) ton ami

Le-Hadj

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Chosroès il-passait (et) trouva un-cultivateur que-plantait

thezdaïth; netsa

un dattier; lui

d'amghar moggar. Inna Kisra: c'était-un-vieillard âgé. Dit Chosroès :

Wahmmegh deg amghar agui da-ïettaçal ad-ïetch

Je-suis-étonné de- ce vieillard ci

an thezdaïth agui! netsa

themriwin
les fruits du dattier

alemma ȧddan

ici !

qu'il-pense qu'il-mangera

our itsilli

il (les fruits) ne sera pas

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Aï oguellid,

ezsan,

netcha ;

anezsou

0 roi, il (d'autres) ont planté, nous-mangeons; nous plantons,

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Ifkaïacen, Innaïas

:

oguellid Tadjebegh deg
le roi : Je m'émerveille de ces

idináren, ïou-fellah.

dinars, au cultivateur

oufellah : Aï oguellid, thâdjel

On-les-lui-donna. Lui-dit le cultivateur: 0 roi, a-été-précoce

thezdaïth agui si themriwîn. Adjebit, ouguellid, aowal ce-dattier ci avec des-fruits.

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Aï oguellid, koul chi ad 'l-adjeb, lamâni thezdaïth 0 roi, chaque chose est une merveillle, surtout (ce) dattier

agui; thourou merratain doug-seggas. Inna ouguellid: ci; il a produit deux fois dans l'année. Dit le roi :

Ifkas alf idinaren nidnîn. Donua-lui mille dinars

Irouh.

autres. et il s'en-alla.

Quelques pièces en dialecte touareg auraient pu se placer à la suite de ces extraits, mais elles présentent des difficultés tellement graves, que nous devons en suspendre la publication. L'écriture des Touaregs pourrait donner lieu à plusieurs observations, si nos renseignements étaient assez complets pour autoriser l'examen de ce sujet intéressant.

On voit par les extraits précédents que la langue des Berbères, dans son état actuel, renferme un grand nombre de mots arabes; cette race africaine, ayant accepté la religion du conquérant, a toujours tâché d'en adopter le langage. Plusieurs tribus berbères ont fini par oublier leur idiome; et les autres, à l'exception toutefois des Touaregs, se sont formés des dialectes hybrides dans lesquels l'élément arabe tend graduellement à prédominer. Partout où l'islamisme s'est introduit, la langue nationale a subi l'influence de la langue arabe au point de s'en laisser saturer ou de se neutraliser. Le Berbère s'est assimilé l'arabe avec une grande facilité; il a même accueilli des mots appartenant aux turc et aux langues européennes; de nos jours, il reçoit sans difficulté certains termes français et espagnols.

Cependant, il ne renferme presque rien ni du phénicien, ni du latin, ni du vandale; bien que les Carthaginois, les Romains et les bandes de Genserich eussent dominé assez longtemps sur l'Afrique pour pouvoir communiquer aux indigènes une partie des mots dont se composaient leurs langues. Il est vrai que les peuples berbères latinisés vivaient à demeure fixe; aussi, quand la conquête de leur pays par les musulmans les priva de l'appui

des Romains, ils se virent exposés aux envahissements des Berbères nomades: une partie fut exterminée; le reste se dispersa dans les tribus et perdit bientôt tout ce qu'il avait appris de la civilisation européenne. Un siècle auparavant, les débris du peuple vandale étaient allés se confondre avec les tribus berbères de l'Auras; la population punique avait disparu, ainsi que son dialecte sémitique, bientôt après le triomphe des Vandales; et l'on ne peut guère supposer que les Berbères insoumis et moitié sauvages eussent daigné apprendre et conserver quelques mots appartenant aux langues des peuples qu'ils avaient toujours détestés et qui venaient de succomber.

Ibn-Khaldoun a consacré deux chapitres de son ouvrage (tome 1, page 167 et sniv., et tome, page 180 et suiv.) à l'exposition et à l'examen des renseignements fournis par les écrivaius musulmans qui traitent des origines berbères. Les opinions qu'il discute et qu'il réfute, presque toujours avec raison, proviennent de deux sources, l'une arabe, l'autre berbère. On pourrait attribuer une certaine valeur aux indications fournies par les auteurs arabes, si l'on ne savait pas que,. dans l'histoire des deux premiers siècles de la domination musulmane en Afrique, les dates les plus importantes sont inexactes et que le récit des faits est très-incomplet et souvent peu croyable. Jusqu'au milieu du deuxième siècle de l'hégire, les annales de l'islamisme offrent une foule de contradictions et de lacunes; pour ce qui regarde l'Afrique septentrionale, on remarque, surtout dans les plus anciens historiens, des fausses dates assignées à la nomination des gouverneurs, et l'on s'est aperçu que l'exposition des événements politiques qui eurent lieu pendant cette époque ne peut soutenir un examen critique. Sans le secours de la Byzantine et des chroniques européennes, nous ne saurions avec certitude ni l'année de la prise de Carthage, ni celle de la conquête de l'Espagne. Même en ce qui touche à l'histoire de leur propre pays, les Arabes n'ont jamais eu que des notions très-confuses. Hors les événements qui signalèrent la carrière de Mahomet, tout ce qu'ils nous racontent de l'ancienne Arabie est peu satisfaisant et souvent contradictoire. Leurs gé

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