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Quelques-uns de ces panneaux sont décorés d'une niche à coquille sculptée en très bas-relief, qui fait penser à certains ivoires byzantins. D'autres comportent des bandes se croisant à angle droit. Les vides de ce treillis sont occupés par des fleurons plantés verticalement et de gros cercles marquent la rencontre des bandes (I), mais le plus grand nombre de panneaux est meublé par deux rinceaux symétriques, juxtaposés (H) ou entre

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Grande Mosquée. Niches aux écoinçons de la coupole précédant le mihrab.

lacés le long de l'axe. De grosses fleurs présentées de face font relief au milieu des entrelacs 1.

A ces panneaux de marbre il faut ajouter les panneaux de pierre de la coupole. Leur ordonnance généralement symétrique comporte parfois une tige médiane dressée comme l'arbre des décors persans, plus souvent le double rinceau tangent ou entreJacé (fig. 40, J et fig. 38).

Dans le décor de bois de la chaire à prêcher (fig. 39), nous retrouvons, avec des formes plus sveltes, des entrelacs de même genre le rinceau fait les frais de la plupart des panneaux à

1 Une polychromie assez brutale et sans doute plus moderne imprime à l'ensemble un certain cachet de vulgarité.

décor végétal qui figurent dans ce meuble admirable. Et c'est encore le rinceau, avec ses enroulements de sens contrariés qui engendre la nappe des ornements sculptés aux écoinçons de la Mosquée des Trois portes. Des fleurs de face formaient, ici comme au mihrâb de la Grande Mosquée, des reliefs faisant saillie sur le plan général de l'arabesque.

L'élément proprement végétal adapté aux involutions du rinceau apparaît d'une remarquable unité. Il faut tout d'abord mettre à part deux ou trois espèces, dont on peut considérer l'emploi comme exceptionnel. Ce sont, outre quelques fleurs indéterminables détachées et toujours présentées de face (M),

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des grenades (K), notées dans un panneau à la coupole de la Mosquée de Sidi 'Oqba, quelques palmiers (L) et quelques acanthes fragmentaires (N). Le palmier, dont l'emploi est en somme assez rare, mais qui néanmoins se rencontre en Andalousie comme en Ifriqya, est un des seuls éléments qui pourrait faire croire à une imitation directe de la nature. On trouverait d'ailleurs sans peine les types romains ou chrétiens qui durent servir de modèles aux sculpteurs musulmans du Ix siècle. L'acanthe, à laquelle est réservée une destinée si brillante dans l'art musulman d'Espagne, n'est pas absente de l'art d'lfrîqya, mais n'y occupe qu'une place fort réduite (N?).

Que ce soit dans les surabaques ou les impostes des galeries de Sidî 'Oqba, dans les panneaux ajourés du mihrâb ou dans ceux de la coupole, dans les écoinçons ou les registres de la

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Mosquée des Trois portes, deux feuilles composent presque à elles seules le répertoire des formes végétales: l'une est symétrique et à cinq lobes pointus ou arrondis, l'autre est asymétrique et l'un de ses bords est découpé en trois lobes. Ces deux feuilles n'en font en somme qu'une. Nous avons là deux aspects de la feuille de vigne, étalée et présentée de face, lorsqu'elle est

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symétrique, ou pliée le long de sa nervure principale et ne montrant que trois lobes ou mieux deux lobes et la moitié du

1 Décor floral sculpté, en pierre: A, B, C, D, E, F, G, sommiers et impostes de la galerie antérieure. J, K, panneaux de la coupole en avant du mihrab. L, panneau sur la façade de la salle de prières; en marbre: H, I, M, N, panneaux du mihrab.

troisième 1. L'identification ne saurait faire de doute. D'une part, des transitions insensibles permettent de passer de la feuille de vigne encore assez proche de la nature, comme celle des chapiteaux accostant le mihrâb, aux bouquets de feuilles arrondies, qui ne trahissent plus leur origine que par le nombre des lobes. accusés en silhouette. D'autre part, la présence de grappes pyramidales dans plusieurs de ces décors en précise la nature (G, J). Des feuilles analogues et des grappes sont sculptées en bois dans les panneaux et les montants de la chaire à prêcher. Mais ce n'est pas tout le pampre, avec ses fruits et son feuillage, est traduit, à la Grande Mosquée de Kairouan, en peinture comme en sculpture (fig. 41).

La demi-coupole qui couvre le mihrâb est construite en bois cintré revêtu d'un enduit épais et entièrement peint. Du milieu de la base s'élève un double rinceau dont les involutions portant des feuilles à cinq lobes, des grappes pointues et des vrilles, s'étalent sur la concavité tout entière. Il est difficile d'en reconnaître la couleur primitive. Le fond était noir ou vert sombre, le pampre pouvait être doré, les vrilles sont rouges. L'élégance de l'arabesque, qui révèle une œuvre de bonne époque, l'impossibilité où nous sommes de placer ce beau décor à une date postérieure au x siècle, l'analogie que présente ce rincean avec les rinceaux sculptés qui ornent les écoinçons de la Mosquée des Trois portes, tout nous incite à penser que nous avons bien ici une peinture décorative du 1x siècle.

Ainsi le vieux symbole païen et chrétien de la vigne a fourni au premier art musulman d'Ifrîqya l'élément essentiel de son décor floral.

Une famille

Rosaces. Motifs en cercles et en carrés. d'ornements spéciale à l'époque qui nous occupe tient à la fois de la flore et de la géométrie. A la façade de la Mosquée des Trois portes, le registre intermédiaire comporte, ainsi que nous l'avons vu, des tronçons de frises juxtaposés. Les motifs végétaux à répétitions, étudiés précédemment, alternent avec des rosaces isolées ou groupées par deux. Des palmes y prennent

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1 Une simplification de ces deux feuilles, nécessitée en certains cas par les besoins du décor par la dimension plus réduite du fond à meubler porte la feuille étalée à 3 lobes et la feuille pliée à 2 lobes. Il n'y a pas lieu, je crois, de les considérer comme représentant une espèce distincte (cf. fig. 39).

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