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compte des œuvres créées en Ifrîqya, qui, de toute évidence, ont inspiré des variations nouvelles.

Que faut-il penser de l'arc brisé outrepassé ou non outrepassé ? Les archéologues espagnols ont reconnu l'arc en fer à cheval brisé comme « mauritain » et ont affirmé qu'il n'existait pas en Andalousie avant l'apparition des conquérants almoravides. Bien qu'une forme toute semblable résulte de l'entrecroisement des arcs en plein cintre, aux portes latérales de la Grande Mosquée de Cordoue par exemple 1, on peut admettre que l'emploi de ce cintrage dans les baies et dans les nefs de mosquées soit effectivement une innovation africaine. Or il y avait plus de deux siècles que la Berbérie orientale s'en servait. Le fer à cheval brisé ou déformé, qui figure dans les mosquées d'Alger, de Tlemcen, de Tinmål, de Merrâkech et de Rabat, au mihrab de Tinmal comme à la porte des Oudâïa, cet arc qui est de beaucoup le plus employé à l'époque almohade, semble bien une importation de l'Ifrîqya.

L'arc brisé non outrepassé, celui qu'on appelle improprement « l'ogive », dont l'art fâtimite s'est également servi, est peut-être aussi venu en Maghreb de Mahdîya ou de Bougie. Il n'a d'ailleurs dans l'art maghrebin qu'un rôle accessoire.

L'arc en plein cintre non outrepassé n'apparaît guère que dans les petites ouvertures, comme les portes basses ou les fenêtres.

Les consoles et les corbeaux. J'ai signalé la forme curieuse qu'affecte l'intrados des arcs à festons ou à lambrequins dans la Mosquée de Tinmål. Les deux faces de l'arc se découpent en silhouette et encadrent la douelle d'une courbe beaucoup plus simple.

Les consoles qui, à la porte des Oudâïa par exemple, soutenaient l'auvent, se rattachent directement au genre des arcs de Tinmål. Ce sont des départs d'arcs inachevés avec leur amortissement serpentiforme, leur découpage à pendentifs, encadrant une douelle en retrait et de profil plus simple.

L'Aljaferia de Saragosse nous a fourni des corbeaux sculptés dans la pierre et le plâtre, la Grande Mosquée de Tlemcen des blochets sculptés dans le bois. Les uns et les autres présentent

1 Cf. supra, fig. 148.

un épannelage en parallélépipède, comme les corbeaux hammâdites avec lesquels ils ont quelque analogie.

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Les chapiteaux.

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Si le tracé des arcs étudiés précédemment,

si bon nombre des éléments décoratifs que nous examinerons

dans la suite portent la marque de l'influence ifrîqyenne, les chapiteaux ne trahissent cette influence en aucune façon. La période qui nous occupe vit l'élaboration d'un chapiteau proprement maghrebin, issu du chapiteau de l'époque du Khalifat.

Les parties les moins anciennes de la Mosquée de Cordoue nous ont livré deux types de chapiteaux, l'un visiblement inspiré du composite, l'autre dérivé du corinthien (fig. 144, 145). Tous deux présentent de grosses volutes d'angles et se distinguent sur

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tout par ce fait que le premier comporte un quart de rond épais entre les volutes, tandis que l'autre en est dépourvu. Ces deux types se retrouvent à Medînat ez-Zahrâ, et l'on peut dire qu'ils ne cesseront de se disputer la faveur des ornemanistes hispano-magrebins pendant tout le moyen âge, certains artistes ou certains ateliers préférant le type avec quart de rond, d'autres employant plutôt le type sans quart de rond. A l'Alcazar de

Séville, on rencontre, dans la salle des Ambassadeurs, des chapi

teaux qui peuvent dater de la première moitié du XIe siècle ; ils sont du type composite, c'est-à-dire munis du quart de rond. L'Aljaferia de Saragosse a fourni une remarquable collection de chapiteaux de modèles très divers (fig. 202). Le type sans quart de rond, mais avec de grosses volutes angulaires, y do

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mine.

Fig. 203.
Mosquee.
rab. Type

Tlemcen. Grande

Chapiteau du mih

dérivé du compo

Cependant, dans ces chapiteaux de l'Aljaferia, un élément nouveau apparaît, que ne comportaient pas ceux de Cordoue, élément classique d'ailleurs et dont il a déjà été question à propos de l'élaboration des palmes c'est le bouquet formé de deux feuilles d'acanthe pliées,

Fig. 204.

:

Tinmal. Chapiteau à quart de rond sans caulicoles (type dérivé du composite).

site.

qui accompagne les caulicoles du corinthien. Ces feuilles de caulicoles, les sculpteurs de Saragosse paraissent plutôt les avoir empruntées aux chapiteaux mozarabes, qui leur attribuent souvent un développement considérable. D'un usage constant dans les chapiteaux sans quart de rond, elles disparaissent dans les modèles où le quart de rond apparaît. II en est ainsi dans les chapiteaux almoravides de la Grande Mosquée de Tlemcen et dans leurs contemporains almohades de Taza.

Nous arrivons à la Mosquée de Tinmâl, qui, en

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attendant la Kotoubiya, va nous fournir une série extrêmement

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