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Bâtie en pierre de moyen appareil très régulier, elle constitue un organe défensif assez perfectionné elle est flanquée de deux saillants carrés et ne permet l'entrée dans la ville que par un passage à double coude. De l'extérieur, on pénètre dans un premier vestibule carré couvert d'une coupole à cannelures rayonnantes sur trompes en demi-voûte d'arête (nous avons déjà rencontré cette association de formes dans les chambres des minarets); un mur en constitue le fond, autour duquel il faut tourner en traversant un second vestibule carré avec coupole hémisphérique, puis un troisième, à ciel ouvert, où l'assiégeant était exposé aux projectiles jetés des terrasses, enfin un quatrième à voûte hémisphérique, d'où l'on débouche dans la ville.

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Fig. 192.

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Rabat.

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la Porte des Oudâïa.

Plan de

A

1 vestibule (coupole sur trompes); B: 2 vestibule (coupole sur pendentifs)

D salle couverte en berceau. Voir les façades, fig. 220 et 221.

Datant également de l'époque almohade, mais beaucoup plus simple, Bâb el-Hâd est accostée de deux saillants à pans coupés.

Sur la pointe qui s'avance entre l'Oued Boû Regreg et la mer, le ribât primitif, devenu qaçba des Oudâïa, offre un bel ensemble de constructions militaires, d'ailleurs fort remanié depuis sa fondation. Bien peu de chose subsiste des dispositions primitives: des souterrains et une enceinte de moellons d'un appareil assez grossier; mais quelques tours flanquantes et la porte d'entrée de la citadelle, un des plus beaux monuments que nous ait laissés l'époque

almohade, sont en pierre rose soigneusement taillée. Du côté extérieur (donnant sur le boulevard El-Alou), la porte, où l'on accède par quelques marches, est accostée de deux petits saillants massifs. L'ouverture est un arc en fer à cheval brisé. Cette baie franchie, on trouve une enfilade de trois salles carrées. Une première salle est voûtée en coupole sur trompes. Ces trompes sont formées de petits arcs qui enjambent l'angle et s'accolent à un plan vertical en encorbellement sur le tam

bour carré inférieur. Des banquettes s'enfoncent dans les murs latéraux. Une seconde salle est couverte en coupole sur pendentifs. La troisième salle, où l'on accède par quelques marches, est couverte en berceau. Sur le côté droit de ces dernières salles s'ouvrent une grande porte et une petite, toutes deux en fer à cheval brisé, donnant dans l'intérieur de la forteresse. La porte principale (fig. 192 C, fig. 220) n'est flanquée que de deux antes au sommet desquelles des colonnettes surmontées de consoles portaient l'auvent, couronnement traditionnel des portes maghrebines. Les arcs qui s'ouvrent entre les trois salles et ceux des défoncements latéraux sont des cintres déformés au sommet, non outrepassés. Un escalier placé dans le fond de la dernière salle permet de monter à la terrasse.

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Enceinte de Merrakech. Bâb Aguenâou 1. Nous avons dit que l'on pouvait considérer l'enceinte de Merrâkech comme datant surtout des Almohades. Ce rempart de pisé, avec les tours carrées qui le flanquent, est très analogue à celui de Rabat. La porte de la Qaçba, Bâb Aguenâou, présente en façade l'aspect majestueux de la porte que nous venons de décrire. Les voussures en fer à cheval plein cintre avec leurs claveaux simulés et leurs festons à entrelacs sont, comme celles de la façade intérieure des Oudâïa, accostées de deux antes à colonnettes.

Ces beaux motifs d'architecture de Rabat et de Merrâkech sont d'un appareil soigné. Dans certaines parties, on note le principe

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d'une alternance systématique d'assises épaisses et d'assises minces. Nous étudierons par la suite le décor qui les revêt.

J'ai indiqué que l'emploi du pisé pouvait être une importation de l'Espagne dans la Berbérie, qui l'avait elle-même anciennement pratiqué. Il semble en effet que l'Espagne soit restée fidèle aux méthodes byzantines qui s'étaient imposées à l'époque du Khalifat. Ainsi nous avons cru pouvoir nous aider, pour préciser les traits de la fortification du x° siècle, des éléments anciens que présente l'enceinte de Séville. Or cette enceinte — si nous en croyons Ibn Abî Zar' 2 - est dans une large mesure almohade. Le Khalife El-Mostancir en aurait ordonné la reconstruction en 618/1221; il aurait fait précéder ces murailles d'un fossé. Mur de pisé à chemin de ronde et à merlons couronnés de pyramidions, saillants carrés dominant la crête de cette courtine, avantmur beaucoup plus bas mais également crénelé et dont les redans enveloppent les saillants du mur principal: tels sont les caractères archaïques de cette enceinte, notamment entre la porte de la Macarena et la porte de Cordoue. Parmi les tours de flanquement, il en était dont les pans multiples leur donnaient l'aspect et les avantages stratégiques des tours circulaires, le pilonnage du pisé dans une forme arrondie présentant évidemment d'assez grosses difficultés 3.

La Tour de l'Or. Un plan analogue a été adopté pour la Tour de l'Or, qui paraît être construite en briques. Placée sur la berge du Guadalquivir, non loin de l'Alcazar, elle faisait sans doute partie de l'enceinte de la ville et de celle du palais. On peut supposer que sa porte, assez élevée au-dessus du sol, était de plain-pied avec le chemin de ronde du rempart. Elle avait, diton, pour pendant une tour semblable sur l'autre berge ; et une chaîne était au besoin tendue entre ces deux tours pour barrer le fleuve. Elle a 12 côtés et n'est percée que de rares ouvertures, sans doute modifiées depuis l'époque arabe. Vers le sommet, des arcatures aveugles, groupées deux par deux, rappelient peut-être l'ordonnance primitive. De la plate-forme qui la surmonte et que bordent des merlons à pyramidions s'élève une

1 Rappelons que la première Qarawiyn était en moellon el pisé.

2 irtás, 181, tr. 237. Comp. Ad-dakhira es-santya, éd. Ben Cheneb, p. 57. 3 Les tours rondes de Bâb el-Qermâdîn à Tlemcen semblent assez exceptionnelles.

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tour plus petite également dodécagonale, ornée d'arcades aveugles en fer à cheval brisé et couronnée d'un crénelage. Là s'arrêtait le donjon almohade. Au XVIe siècle, on y adjoignit un lanternon circulaire à coupole.

Alcala de Guadayra. - Datant de l'époque almohade et, prétend-on, de Ya'qoûb el-Mançoùr, est la forteresse dite Alcala de Guadayra, qui s'élève à 15 kilomètres de Séville 1. Elle fut sans doute assez remaniée après la prise de Séville par Saint Ferdinand (1246). L'enceinte est en pisé, avec tours flanquantes

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d'un fort commandement sur la courtine; un avant-mur beaucoup plus bas, également flanqué, encadre le mur principal et couronne le bord du plateau. Il serait à désirer que l'on fit un relevé exact de cette ruine majestueuse.

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Enceinte de Ronda. Ainsi le pisé semble avoir été d'un emploi constant en Espagne. L'appareil de moellons y fut rare. Je dois cependant signaler l'enceinte de Ronda, avec ses saillants barlongs et son avant-mur, dont la construction de pierres non taillées rappelle beaucoup celle des fortifications berbères. Une porte accostée de deux tours arrondies présente, sur une base de

1 On l'appelle aussi Alcala de los Panaderos. (Cf. Kühnel, Maurische Kunst. p. 66. C'est peut-être Qal'a Jabir du Qirtás, p. 138, tr. p. 186. Cf. infra, p. 360.

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