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et par les deux longs murs latéraux ; il n'y a de galeries qu'aux deux extrémités de la salle. Deux autres salles flanquent cet apodyterium. Elles sont voûtées en berceau: l'une comporte, comme l'étuve de Tlemcen, des alcôves limitées par des doubles arcades et une piscine placée dans une sorte de niche à fond plat.

En dehors du domaine de l'Islâm, le bain de Barcelone et celui de Girone, signalés par Girault de Prangey et très complètement étudiés par Puig i Cadafalch', attestent la persistance et l'extension de l'influence musulmane aux XII et XIe siècles dans la Catalogne chrétienne.

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Les forteresses almoravides. Mer-
Fortifications almohades.

Puerta de Visagra à Tolède. rakech. Beni Taouda et Amargou.

Enceinte de Taza. Enceinte de Tinmål. Enceinte de Tlemcen. Enceinte et forteresse de Tenès. Enceinte de Fès el-Bâli. - Enceinte

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de Rabat. Bâb er-Rouâh. Porte des Oudâïa. Enceinte de Merrâkech. Bab Aguenâou. - Enceinte de Séville. La Tour de l'Or. Alcala de Guadayra. Enceinte de Ronda.

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Comme pour l'architecture civile, l'Espagne des Reyes de taïfas ne nous apporte que des documents d'architecture militaire imparfaitement datés ou défigurés par des retouches; telle est la porte de Visagra de Tolède.

Puerta de Visagra à Tolède. La Puerta de Visagra est d'un plan assez compliqué. Deux doubles vantaux la fermaient à l'extérieur et à l'intérieur de la ville. Entre ces deux portes, une rainure marque la place d'une herse. Deux ouvertures latérales sont percées du même côté ; l'une permet d'accéder par un escalier à deux étages de chambres de tir munies d'archères et couronnés d'un crénelage 2.

1 Girault de Prangey, Essai, p. 58 ss.; Puig i Cadafalch, Els banys de Girona i la influencia moresca a Catalunya, ap. Anuari de l'Institut d'estudis Catalans, 1914.

2 Rodrigo Amador de los Rios, Monumentos arquitectonicos de Espana. Toledo, p. 124, ss.

Un arc de pierre en fer à cheval plein cintre s'ouvre vers l'extérieur de la ville; il est précédé d'un arc de même forme, formant façade, mais plus grand et appareillé en brique, que flanquent deux baies aveugles en fer à cheval brisé. L'arc et les murs de pierre représenteraient, d'après R. Amador de los Rios, la construction primitive, d'époque musulmane, c'est-à-dire antérieure à 1085. Quant à la partie supérieure, depuis la naissance

Fig. 188. Tolède. Plan et coupe de la Porte de Visagra.

des trois arcs jusqu'au crénelage, elle ne saurait être datée de l'époque où Tolède était ville d'Islam. Le tracé des arcs en fer à cheval brisé, la composition de l'appareil, où la brique se combine avec le moellon, s'aligne en arases, rayonne pour former des arcs, ou constitue l'encadrement des meurtrières, accusent l'intervention des maîtres chrétiens, et cependant la persistance des traditions musulmanes. Les arcs datent peut-être d'Alphonse VI (de 1085 à 1109); le couronnement serait plus

récent.

Je ne doute pas qu'un examen attentif ne révèle des retouches. On notera toutefois que l'appareil des parties hautes avec ses assises de moellons et ses arases de briques n'est pas sans analogie avec celui de la façade de l'Eglise del Cristo de la Luz datée de 980. Je reviendrai sur la forme des arcs, qui a paru aux archéologues espagnols caractéristiques du « style mauritain »>, introduit dans la péninsule par les Almoravides.

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En dehors de cette porte, dont la datation est encore, on le voit, assez hypothétique, l'Espagne ne nous offre pas de monuments militaires que l'on puisse localiser avec certitude au x1° siècle. Il paraît hors de doute que les méthodes de fortification byzantine pratiquées à l'époque du Khalifat ne disparurent pas aux siècle de l'Espagne musulmane. J'essaierai de le

prouver.

De l'Espagne, ces méthodes (notamment l'emploi du pisé) devaient passer en Berbérie; nous les y retrouverons. Toutefois, il semble que le Maghreb en ait connu d'assez différentes au x1° siècle, c'est-à-dire à l'époque almoravide.

Merrakech.

Les forteresses almoravides. La construction de forteresses fut une conséquence naturelle de l'expansion des Almoravides. Ces Sahariens formaient un groupe redoutable par son ardeur combative, mais en somme réduit en nombre. Ayant annexé les plaines, où les avait portés leur premier élan, ils devaient garantir leur conquête contre les attaques des collectivités insoumises du Maghreb, montagnards du Sud et du Nord, Maçmoùda du Haut-Atlas et Ghomara du Riff. Des citadelles tiendront les uns et les autres en respect. Vers le Sud, Merrâkech aura un triple rôle. Merrâkech, qu'un historien compare à Kairouan, sera un premier gîte d'étape, une base d'opération des Sahariens en marche vers les terres du Nord; elle sera un grand marché remplaçant l'opulente Aghmat; elle sera enfin un poste d'observation en face du pays de l'Atlas, d'où doivent en effet venir ceux par qui la puissance almoravide périra. Les chroniques ne concordent guère sur la date de fondation et la personnalité du fondateur. L'une d'elles nous apprend que la première Merrâkech n'avait pas de rempart. Ce fut 'Alî ben Yousof qui en construisit un en 514/11201. Toutefois il se peut

1 Istibçûr, tr. Fagnan, p. 179: I. Khaldoùn, I, 210, tr. II. 73, donne 526/1131.

que, à la suite de l'extension que prit la ville sous les Almohades, on ait, sur certains points, modifié l'enceinte.

Beni Tâouda et Amargou 1. Plus authentiquement almoravides sont les postes de l'autre frontière menacée, les citadelles maintenant détruites de Benî Tâouda et d'Amargou, qui surveillaient les montagnards du Riff.

L'aspect des ruines est le même dans l'une et dans l'autre. Les murs sont construits de lits très réguliers de moellons entre lesquels s'alignent des éléments plus petits formant arases. Un ciment très dur, où entre de la brique pilée, relie le tout. Des briques interviennent dans certaines parties.

Benî Tâouda, dit Fès Bâlî, occupe un plateau rocheux dont l'enceinte de la ville couronne le rebord. Les murailles subsistent presque seules. Un chemin de ronde en suit intérieurement la crête; on ne signale pas de tour de flanquement. Dans le centre de la ville, on remarque les traces de ce qui pouvait être une qaçba, quelques fragments de tours, dont une circulaire, enfin les ruines de ce que les indigènes prétendent être un bain et où l'on a trouvé quelque dalles de marbre.

un

Amargou est mieux conservée; elle l'était du moins jusqu'à ces derniers temps. L'enceinte de moellons, qui couronne piton rocheux dominant l'oued Ouargha, affecte la forme d'un polygone très allongé. Cette enceinte est défendue par 12 tours rondes, creuses ou pleines, généralement placées aux angles du polygone. Elle est percée de quatre ou cinq portes. En contrebas du mur, du côté Nord-Est, s'élèvent deux tours réunies par une courtine; c'était peut-être un avant-mur protégeant un point de l'enceinte particulièrement exposé, ou un ouvrage précédant une porte et facilitant les évolutions des assiégés, une barbacane.

A l'enceinte est accolé intérieurement un ouvrage rectangulaire muni de tours rondes aux quatre angles et de deux portes. On y distingue des bâtiments avec magasins en sous-sol.

La porte principale de l'enceinte subsiste. Elle est construite

1 Cne Oûdinot et Saladin, Note sur... Bani Teude, Mergo, Tansor et Angla, ap. Bull. archéologique, 1916, p. 118 et ss.; E. Lévi, Les ruines almoravides du pays de l'Ouargha, ap. Bull. archéologique, 1918, p. 194 ss. J'emprunte à cette excellente étude la photographie de la fig. 189. Amargou a subi, lors des dernières opérations militaires, un bombardement qui a dû n'en pas laisser grand'chose.

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