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à-faux, comme le fond et les pieds droits des niches angulaires de la Grande Mosquée de Damas. De cette base s'élèvent douze grands arcs formant nervures, qui déterminent par leur croisement des panneaux à trois et quatre côtés et qui circonscrivent les douze pans d'une lanterne. Cette lanterne offre un exemple remarquable, le premier exemple occidental daté, de coupole à stalactites. Le décor des panneaux reliant les nervures est entièrement ajouré dans le plâtre; quant aux nervures elles sont formées, non par une armature de bois, ainsi qu'on l'a dit.

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Grande Mosquée.

Coupole sur nervure en avant du mihrâb. (Extrados).

mais par des rangées de briques de champ qui apparaissent comme des arêtes en saillie sur l'extrados (fig. 175); cet extrados étant dérobé aux regards par un pavillon couvert de tuiles 1.

Il semble inutile de souligner l'importance de la Grande Mosquée de Tlemcen. Les particularités du plan et, plus encore, le fait que s'y trouvent réunis et même étroitement associés la coupole sur nervures et l'encorbellement de stalactites, enfin l'élégance et la richesse du décor, que j'étudierai plus loin, lui

1 Cette coupole fut réparée vers 1870 par l'architecte Lefebvre. (Rapport de Duthoit, ap Archives des Missions, 3 série, I, p. 317).

confèrent une place éminente dans la série des œuvres musulmanes. En attendant que des recherches futures nous fassent connaître d'autres mosquées bâties par les descendants des conquérants sahariens, elle restera pour nous le document le plus précieux sur l'architecture religieuse almoravide.

Chronologie des premières mosquées almohades. L'architecture religieuse des Almohades ne nous est révélée que d'hier. Les travaux récents entrepris par Henri Basset, Terrasse et Hainaut projettent une lumière singulièrement vive sur cette période féconde, où l'art musulman occidental réalise ses œuvres les plus fortes. On leur doit notamment une chronologie précise des premiers sanctuaires almohades, établie par l'étude des textes et par l'examen des monuments 1.

De 'Abd el-Moùmin, le disciple et continuateur du Mahdi Ibn Toûmert, datent les parties anciennes de la Mosquée de Taza. On pourrait les placer vers 1135, à l'époque où il fonde cette ville sur la limite du territoire arraché aux Almoravides. Le même 'Abd el-Moùmin, ayant couronné en 1146 sa conquête du Maghreb par la prise de Merrâkech, y construit une grande mosquée, la première Kotoubîya, maintenant complètement détruite, mais dont un examen attentif du terrain avoisinant au Nord la Kotoubîya actuelle a permis de restituer le plan. Cette mosquée étant considérée comme mal orientée, 'Abd el-Moûmin en fait construire une autre, contiguë à la première, et commence le minaret, qui devait être terminé vers 1196 par Ya'qoûb elMançoûr. Vers le temps où il embellissait Merrâkech, 'Abd elMoûmin dotait le village de Tinmâl, berceau de la secte almohade, de la mosquée maintenant en ruine pour laquelle le Qirtâs nous donne la date de 548/1153.

La Mosquée de Taza fut notablement agrandie au cours du XIII siècle. J'indiquerai, en m'occupant de cette période, les parties qui datent de 'Abd el-Moûmin. Les dispositions primitives ayant déterminé l'ordonnance des parties plus récentes, cet édifice apparaît comme une très intéressante œuvre de

transition.

1 H. Basset et H. Terrasse, Les deur Kotoblya (Sanctuaires et forteresses almohades), ap. Hesperis, 1924, pp. 202-203.

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La Kotoubiya de Merrâkech1. La Kotoubiya de Merrâkech, j'entends la mosquée encore debout, très analogue à la première Kotoubiya, coexista avec celle-ci. Une preuve de ce fait peut être tirée de la déformation dont elle porte encore la marque. L'édifice qui nous est parvenu a pour périmètre, non un rectangle régulier mais un trapèze. Le mur Nord n'est pas parallèle au mur Sud, parce qu'il a servi lui-même de qibla à la mosquée qui lui était contiguë. Pour conserver cette contiguïté, qui faisait

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On voit vers le Nord, l'amorce des nefs de la première Kotoubiya.

en quelque sorte de l'ancienne mosquée une annexe de la nouvelle, on a ajouté une galerie en triangle très allongé en avant de la cour.

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Cette cour est très large et peu profonde la mosquée almohade restant sur ce point conforme au type almoravide d'Alger et de la Qarawîyn. De même, la cour est bordée, sur chacune de ses faces latérales, par quatre nefs prolongeant les nefs de la salle de prières. A ce point de vue encore les dispositions des mosquées

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1 H. Basset et Terrasse, loc. cit., p. 181, ss.

almoravides sont conservées. Le trait le plus nouveau et le plus notable est en quelque sorte un développement du thème déjà signalé, thème traditionnel depuis le 1x siècle : la rencontre en T de la nef longitudinale suivant l'axe et de la nef transversale. longeant la qibla, et l'établissement d'une coupole au point de leur jonction, devant le mihrâb. Au-dessus de la nef longeant la qibla apparaissent 5 pavillons qui abritent 5 coupoles (cf. fig. 177) une au centre, en avant du mihrâb c'est, prétend

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on, une coupole sur nervures à pans ajourés, deux aux extrémités et deux à égale distance de la coupole médiane et des coupoles extrêmes. Chacune de ces cinq coupoles jalonnant le transept est établie à l'extrémité d'une des nefs longitudinales ; 12 autres nefs, groupées trois par trois, règnent entre elles, soit un total de 17 nefs, dont 16 sont couvertes de toits de tuiles à deux versants. Elles sont bordées d'arcs en fer à cheval brisé d'un beau dessin, portés sur des piliers. La nef médiane seule est couverte d'une série de coupoles abritées par des toits en pavillon.

La Mosquée de Tinmal1. - Merrâkech étant pourvu d'une grande mosquée, 'Abd el-Moùmin manifesta son respect pour le

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souvenir du Mahdi, qui l'avait placé à la tête des Almohades, en élevant une nouvelle mosquée à Tinmål. Tinmâl est le village

1 Cf. H. Basset et H. Terrasse, Tinmel (Sanctuaires et forteresses almohades), ap. Hesperis, 1924, pp. 9-91.

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