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d'acanthe. Une retombée meublant la concavité du corbelet vient souvent préciser l'analogie '.

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Les ensembles décoratifs. Le mihrab de Cordoue. On ne saurait attacher trop d'importance à la composition du mihrab de la Grande Mosquée de Cordoue, car elle doit nous aider à comprendre la composition des mihrâbs et des portes que nous

rencontrerons par la suite, voire l'ordonnance du décor des salles, dans les palais comme l'Alhambra. L'arc en fer à cheval et les claveaux sont inscrits dans un rectangle formé par un large bandeau à inscriptions, ce qui détermine quatre écoinçons cantonnant l'are enveloppant. Pour éviter de donner au rectangle une proportion disgracieuse, parce que trop large et écrasée, une frise à inscription est interposée entre les écoinçons supérieurs de l'arc et la bande horizontale du cadre. Une arcature décorative règne au-dessus. Le haut de cette arcature atteint le niveau de la corniche, que surmontent les niches d'angle de la coupole et de petits arcs évidés en claustra. Deux grands panneaux à décor floral forment le soubassement de ce cadre (fig. 154). Des filets courant au pourtour des bandeaux, les quatre écoinçons et les panneaux du soubassement sont sculptés dans le marbre; le reste du décor est en mosaïque.

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Fig. 145.

1

Cordoue. Grande Mosquée. Chapiteau de type composite, avec sommier et corbelet.

Avec beaucoup de sagacité, R. Velazquez Bosco a rapproché le mihrâb de Cordoue de la porte de la bibliothèque de la Grande Mosquée de Kairouan. L'arc en fer à cheval inscrit dans un rec

1 Une silhouette inspirée par ces modillons, présentés de profil et montrant leurs enroulements et leur retombée, forme amortissement au départ de l'arc du mihrab. (Cf. fig. 154).

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tangle, l'arcature qui le surmonte révèlent une transmission de formule de Kairouan à Cordoue (fig. 147) 1. On notera cependant que le décorateur kairouanais n'a pas imaginé les artifices par lesquels l'artiste cordouan sut enrichir la composition et éviter la proportion trop large résultant de l'emploi du plein cintre outrepassé. Le décentrement de l'arc circonscrit, le bandeau intercalaire, qui surélève la bande horizontale du cadre, sont d'heureuses et fécondes modifications.

Fig. 147.

A gauche la porte de la bibliothèque à la Grande

Mosquée

de Kairouan; à droite, le mihrab de la Grande Mosquée de Cordoue (d'après R. Velazquez Bosco).

Les portes latérales de la Mosquée, de proportions plus élancées que le mihrâb, présentent avec lui de grandes analogies de composition. L'arc en fer à cheval, inscrit dans un cadre, enveloppe lui-même une baie à linteau appareillé surmonté d'un linteau. Une arcature formée d'arcs en fer à cheval entrelacés couronne le cadre rectangulaire.

1 Ou, à la rigueur, quelque commune inspiration que l'on peut présumer syrienne. Dans son dernier état, la Grande Mosquée de Damas présentait le thème de l'arca!ure surmontant le cadre rectangulaire.

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été complètement restaurée par R. Velazquez Bosco en 1904, ainsi que l'indiquent deux bandeaux à inscription coufique.

La façade de l'Eglise del Cristo de la Luz à Tolède. La curieuse façade de la Mosquée de Bib Mardom (fig. 131) fait également intervenir les arcs entrelacés. Ici l'arcature se relie étroitement à la partie inférieure. Comme à la Mosquée kairouanaise des Trois portes, trois défoncements forment la base de la composition. Des frises couronnent la composition ainsi qu'aux portes latérales de Cordoue et rappellent en même temps les frises du petit oratoire de Kairouan.

Les éléments du décor. Les motifs classiques. Nous arrivons aux éléments du décor, à l'analyse desquels la classification adoptée pour le décor aghlabite peut encore s'appliquer très

exactement.

Comme dans l'art d'Ifrîqya, il convient de réserver une place à part aux petits motifs antiques destinés à habiller les moulures, ici à meubler (la mouluration étant très pauvre) des filets étroits d'encadrement1. Cordoue conserve comme Kairouan les perles et pirouettes et nous y trouvons une curieuse déformation des rais de cœur.

L'élément épigraphique. Outre cet héritage d'ailleurs réduit d'ornements classiques, le style emploie les éléments proprement musulmans épigraphiques, floraux et géométriques.

L'épigraphie, qui ne fait usage que du caractère coufique, figure dans les bandeaux d'encadrement du mihrab, des portes ou des fenêtres (Cordoue, Tarragone), dans les frises courant sous les plafonds (Grande Mosquée de Cordoue) ou au haut des façades (Eglise del Cristo). On doit aussi signaler son emploi fréquent au tailloir des chapiteaux (Medînat ez-Zahra). Si les monuments étaient plus nombreux et mieux conservés, cette épigraphie nous apparaîtrait sans doute comme très abondante et très riche en documents d'histoire.

Elle est d'un style sobre. La lettre se suffit à elle-même et le fond n'est meublé que de rares fleurons isolés. La forme des lettres est très voisine encore des plus anciens modèles d'écriture monumentale, beaucoup plus archaïque que celle des lettres employées vers le même temps en Ifriqya. A part quelques traits

1 On doit cependant signaler un véritable entablement au mihråb de Cordoue.

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