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sommiers trapézoïdes, dont le plan cruciforme est déterminé par la retombée des arcs. Ces arcs sont en fer à cheval. Des murs élevés les surmontent; ils sont percés d'ouvertures en fer à cheval ou polylobés. Les coupoles sur nervures sont établies au-dessus de la corniche. Celle du centre, plus haute que les autres, a seule des niches angulaires, comme la coupole qui précède le mihrab de Cordoue.

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Fig. 131.

1

Tolède.

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Façade de la Mosquée de Bib Mardom (Eglise del Cristo de la Luz), d'après les Monumentos arquitectonicos.

Dans l'état fragmentaire où cette mosquée nous est parvenue, il est assez difficile d'en reconstituer le plan complet. Amador de los Rios imagine ce bâtiment couvert de coupoles comme formant une sorte de maqçourâ analogue à celle de la Grande Mosquée de Cordoue. Trois mihrâb l'auraient flanqué au Sud

1 Ou du moins ce qu'on est convenu d'appeler la maqçoûra, à Cordoue, c'està-dire les trois coupoles de la qibla. La magçoûra semble avoir été de beaucoup plus vaste. Cf. supra, p. 226.

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Ouest; des nefs plus basses l'auraient longé sur les trois autres côtés, et cette salle de prières aurait été vers le Nord-Est, précédée d'une cour entourée de portiques. En fait il semble bien que ce petit oratoire n'ait pas été beaucoup plus étendu que nous le

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Mosquée de Bib Mardom.

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Intérieur et coupe sur la

travée centrale Nord-Est-Sud-Ouest, d'après Girault de Prangey.

voyons maintenant; l'existence d'une cour n'est pas nécessaire ; la façade qui porte l'inscription devait être entièrement dégagée et aucune nef n'en masquait la base. Cette façade, placée au SudOuest, était adjacente au mur de la qibla (Sud-Est), au milieu duquel le mihrâb était percé.

L'ordonnance de cette mosquée, avec ses huit coupoles de

même hauteur groupées autour d'une coupole centrale plus

élevée, ne laisse pas d'être assez exceptionnelle dans l'art musulman occidental. Faut-il chercher en Orient les modèles qui l'inspirèrent? Faut-il y voir l'application du principe des coupoles groupées, dont les trois coupoles de Cordoue donnaient l'idée, à un plan préexistant d'époque wisigothique? Au reste cette ordonnance nous surprendrait peut-être

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moins si nous

Fig. 133. avions

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dom. Coupole sur nervures, d'après une photographie de E. Lambert.

doit en signaler un, la maison dite Las Tornerias, également à Tolède, qui présente avec l'Eglise del Cristo de la Luz des analogies évidentes. Division en neuf carrés couverts de coupoles, avec partie centrale dominante, combinaisons curieuses de nervures, arcs en fer à cheval et trilobés, matériaux colorés : ce sont là des traits qui établissent la parenté de Las Tornerias avec l'oratoire de 980', qui en fixent la date et la destination religieuse.

B. L'ARCHITECTURE CIVILE.

Le palais de Cordoue (Alcazar), d'après les textes. ez-Zahrâ. El-Medinat ez-Zahira.

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El-'Amiriya.

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Des ren

Le Palais de Cordoue (Alcazar), d'après les textes. seignements assez fantaisistes, dont Maqqârî s'est fait l'écho, nous permettent de supposer que le palais des Omeiyades à

1 De l'époque du Khalifat, il faut aussi mentionner la construction de la Grande Mosquée de Séville par 'Abd er-Rahmân II. Ibn el-Qoutiya, tr. Fagnan (Extraits inédits) p. 209, de la Mosquée de Jaen par le même 'Abd er-Rahman II (Bayân, II, 84, tr. II, 134, de celle de Torox, par En-Nacir (ibid., 190, tr. 300).

Cordoue remplaçait une demeure princière antérieure à l'isla misation du pays. Quoi qu'il en soit, il semble bien que le palais des maîtres musulmans de l'Espagne fut bâti par 'Abd er-Rahmân Ier, le fondateur de la dynastie. Tout d'abord 'Abd er-Rahmân habita, dans la banlieue de Cordoue, le palais d'Er-Roçàfà 1, dont le nom même et les beaux jardins lui rappelaient une des demeures de ses ancêtres de Syrie. En 784, à la suite d'un complot dirigé contre lui, il se transporta au palais de Cordoue. Deux ans après, il jetait les fondations de la Grande Mosquée, toute voisine. Quand il mourut, en 788, il fut enterré dans l'enceinte du palais.

Cet exemple du premier Omeiyade fut imité par ses successeurs. Le palais de Cordoue fut à la fois le Louvre et le SaintDenis de la famille. Il n'est donc pas étonnant qu'il soit mêlé à maintes pages de l'histoire des Omeiyades d'Espagne, aux manifestations de leur puissance, à l'exercice de leur justice, comme aux révolutions qui mettent leur trône en péril. C'est dans la grande salle qu'ils se font prêter serment et accueillent les ambassadeurs. C'est à l'une des portes que le Khalife 'Abd Allah se tenait pour recevoir en mains propres les suppliques de ses sujets, à travers un battant de fer percé à cet effet. C'est devant une autre porte, Bâb es-Sodda, que 'Abd er-Rahmân III faisait exposer, sur une haute potence, le corps de ceux qui l'avaient outragé.

A l'exemple de 'Abd er-Rahmân Ier, presque tous les Omeiyades y travaillèrent 'Abd er-Rahmân II, qui le borda d'une chaussée ; Mohammed, son fils, qui agrandit les bâtiments et embellit les jardins; 'Abd er-Rahmân III En-Nâcir, qui fit installer un jet d'eau devant la Porte de Justice. Ce dernier prince surtout, qui d'autre part faisait construire le somptueux palais d'Ez-Zahra, imprima sa marque à la vieille résidence de Cordoue. « Il faut dire à la louange d'En-Nâcir, écrit Ibn 'Adharî, que dans le palais, œuvre de ses ancêtres, il ne laissa aucune construction sans y apporter sa marque personnelle, soit par reconstruction, soit par agrandissement 3. »

Ces textes malheureusement ne nous renseignent guère sur l'ordonnance du palais et de ses divers pavillons. Ils ne nous

1 Sur ce palais, cf. I. Khallikån, Biog. diet., III, 134; Bayân, II, 62, tr. II, 95; I. Athîr, ir. 136; Fournel, Les Berbers, I, 431.

2 Bayán, II, 49, tr. II, 74.

3 Bayân, II, 241, tr. II, 372.

permettent pas même de connaître la disposition des portes, et à peine d'en savoir le nombre. Ibn 'Adharî' nous dit que, du temps d'El-Mançoûr, on ne pouvait pénétrer dans le palais que par deux portes, Bâb el-Hadid et Bàb es-Sodda. Ibn Bachqowal en énumère cinq une porte bardée de fer (peut-être Bâb el-Hadîd), dont le heurtoir de bronze avait été enlevé à l'une des portes de Narbonne, puis Bâb el-Jenân (peut-être la même que Bâb el-'Adl), où le prince rendait la justice, puis Bâb el-Wâd (peut-être Bâb es-Sodda), Bâb Qoûriya, au Nord, enfin Bâb el-Jâmi', par où les Khalifes allaient à la Mosquée. Sur ce palais, l'actuel Alcazar, bordé d'un côté par la chaussée du Guadalquivir, et d'un autre par la rue qui longe la Grande Mosquée, ne peut en rien nous renseigner. On a fractionné les jardins. Une caserne, une prison et le palais épiscopal remplacent la demeure des Khalifes.

Medinat ez-Zahrâ. C'est en 325 de l'hégire (AD 936) que 'Abd er-Rahmân III En-Nâcir donna l'ordre d'édifier Ez-Zahrâ. Cette création du grand Khalife devait, pendant de longues années, occuper une armée d'artisans. Un auteur oriental, Aboû 'l-Mahâsin, nous dit qu'on y travailla pendant seize ans, que les travaux absorbaient le tiers des revenus de l'Espagne, soit plus d'un million huit cent mille dinars, que, sur les chantiers, mille ouvriers assistés chacun de douze manoeuvres employaient chaque jour six mille pierres de taille, sans compter les moellons, les briques et autres matériaux. Les marbres étaient en partie importés d'Ifriqya, notamment de Carthage, par les soins de trois hommes de confiance, dont le Bayân nous donne les noms 3. Sur les 4.313 colonnes qui y entrèrent, 1.013 en venaient ; 140 furent envoyées par l'empereur de Constantinople', le reste

1 Bayân, II, 280, tr. II, 436; Maqqâri, Analectes, I, 303.

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2 Aboù 'I-Mahâsin, En-Nojoum ez-Zahira, extraits, tr. Fagnan, ap. Rec. de Constantine, 1906, p. 317. Maqqari, d'ap. Ibn Haïyån, dit quarante ans. (tr. Gayangos, I, 234.) Il est certain qu'on y travailla à plusieurs reprises. Voir aussi Maqqârî, Analectes, I, 343, ss; Bayán, II, 225, 231, tr. II, 347, 356; I. Khaldoûn, éd. Boulaq, IV, 144; Ibn Hawqal, éd. de Goeje, p. 77 Ibn Khallikån, Dict. biographique, tr. de Slane, III, 188; Ibn el-Athir (Annales de l'Afrique et de l'Espagne), tr. Fagnan, 381, 410.

3 Bayán, II, 240-247, tr. II, 381-383.

4 Ibn 'Adhari, Bayân, l. c., dit: le roi des Roûm; Aboù 'l-Mahasin, l. c., donne le chiffre de 40 et les attribue au roi des Francs. On ne peut songer aux derniers Carolingiens qui régnaient alors. Gayangos suppose qu'elles venaient de Narbonne. Mohammedan dynasties, I, 234, 502.

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