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L'addition de 'Abd er-Rahmân II se fit « dans la direction de la qibla » c'est-à-dire vers le Sud. Elle comprenait 8o colonnes. Le nombre de 10 rangées de colonnes dans la largeur ne changeant pas, l'addition comportait donc 8 nouvelles rangées limitant 9 travées. Cette addition mesurait 150 coudées de large sur 50 de long. La dimension fixe et connue - la largeur de la Mosquée étant de 75 mètres, nous sommes conduits à attribuer ici à la coudée une valeur de 50 centimètres, qui se vérifie dans la mesure des 9 nouvelles travées : 25 mètres, soit 50 coudées.

Reste à expliquer la phrase d'Ibn 'Adharì indiquant que l'agrandissement allait « des pieds-droits entre les colonnes vers la qibla ». L'expression « pieds-droits entre les colonnes » décrit avec précision des pieds-droits flanqués de colonnes engagées comme ceux qui bordent la cour. Faut-il comprendre que primitivement, il existait, comme le marque un plan ancien1, une rangée de ces pieds-droits déterminant l'emplacement qu'avait occupé le mur du mihrab de 'Abd er-Rahmân Ier? Faut-il penser qu'il s'agit des pieds-droits bordant la cour.et interpréter ce texte comme délimitant le périmètre entier de la mosquée agrandie? I ne m'est pas possible d'en décider.

Après 'Abd er-Rahmân II, il n'est guère de prince omeiyade qui n'ajoute à la mosquée. En 855 Mohammed Ier fait travailler aux faces latérales 2 et les orne de sculptures. Il fait construire une maqçoûra 3, s'adaptant sans doute au nouveau mihrâb. ElMoundhir, successeur de Mohammed Ier (885-889) adjoint à la mosquée la salle du trésor, remet à neuf le réservoir et répare les galeries sans doute endommagées par le violent tremblement de terre de 380. Après lui, l'émir 'Abd Allah, dont la piété était exemplaire, fit construire un passage couvert, qui, venant du palais voisin, lui permettait de se rendre à la mosquée sans être vu. Une porte percée dans le mur du fond, près du mihrâb,

1 Donné par Murphy, The Arabian Antiquities of Spain, Londres, 1813, reproduit par Calvert, Moorish remains, p. 15.

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2 Dozy, Bayán, texte II, 98, 1. 8 donne tourouz broderies, qui n'offre pas de sens satisfaisant je lis tourar faces latérales, comme plus loin, p. 245. 3 Sur la magçoûra, enceinte réservée au souverain, cf. infra, p. 226. Rap pelons qu'on a considéré, avec raison, semble-t-il, la maqçoùra comme une transposition de la loge impériale des églises byzantines. Cf. Becker, Islamstudien, p. 494.

débouchait dans l'intérieur de la maqçoùra. Quant au passage

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lui-même (sâbât), Ibn 'Adhari nous dit qu'il comportait une voûte reposant sur des arcs doubleaux'. On peut voir, dans les

1 Sabalan ma'qoudan 'ala handia. Ibn Adhari, II, 246.

ruines de Medînat ez-Zahrà un passage de cette nature 1. Notre

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auteur ajoute que 'Abd Allah « fut le premier prince omeiyade

1 Cf. Velazquez Bosco, Medina Azzahra, Pl. XXIII-XXIV.

d'Espagne qui introduisit cet usage ». C'était encore là un souvenir des Omeiyades de Damas. Un passage réservé conduisait de même le Khalife syrien du palais bâti par Mo'awiya à la mosquée d'El-Walid.

'Abd er-Rahmân III, dont le long règne (912-961) marque l'apogée de la dynastie, devait mettre sa marque dans la mosquée. Il fit jeter bas le minaret de Hicham et en fit construire un plus magnifique à la même place. Au même Khalife, le Bayân attribue «la grande coupole » devant laquelle les mueddins se rangent le vendredi 2. Le texte semble bien désigner la coupole appelée maintenant Chapelle de Villaviciosa (Fig. 119-120). On notera cependant que cette coupole est tangente extérieurement à la Mosquée de 'Abd er-Rahmân II, ce qui rend son attribution à 'Abd er-Rahmân III difficile. Le style du décor est d'ailleurs assez analogue à celui de Medînat ez-Zahrâ, œuvre de 'Abd er-Rahmân III 3.

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L'Addition d'El Hakam II. Les mosaïques. Il était réservé au successeur de 'Abd er-Rahman III, le très savant et très fastueux El-Hakam II, de donner à la mosquée sa plus belle parure : le mihrab et les coupoles de la qibla que nous admirons encore. Dès son avènement (350/961), il s'occupa d'agrandir la salle de prières devenue trop petite; il institua comme directeur des chambellan Ja'far eç-Çaqlabi, «lui enjoignant d'avoir d'abord à se procurer des pierres ». Le mois n'était pas achevé qu'on commençait à en apporter *.

travaux

D'accord avec les chaykhs et les architectes qu'il avait consultés, El-Hakam fit repousser le mur de la qibla en profitant de l'espace encore libre (fadhâ) qui s'étendait au Sud, entre la Mosquée et la chaussée bordant le Guadalquivir. Ainsi les onze

1 Sur ce minaret de 'Abd er-Rahmån III, qui devait disparaître en 15:3, cf. la description de Morales donnée infra, p. 395.

2 El-qaboû el-kabir, Bayân, II, 244, tr. II, 378.

3 Dans un article récemment paru (L'architecture musulmane du xe siècle à Cordoue et à Tolède, ap. Gazette des Beaux-Arts, Septembre-Octobre 1925, M. E. Lambert émet l'opinion que la mosquée d'El-Hakam, avec les deux coupoles antérieure et postérieure, de sa nef médiane, est directement inspirée par la Grande Mosquée de Kairouan. Le rapprochement est ingénieux. L'influence de Kairouan sur Cordoue apparaît d'ailleurs comme très probable, ainsi qu'on le verra infra, pp. 266, 280.

4 Bayan, II, 249, tr. II, 385-386.

Fig. 121.

Cordoue.

Grande Mosquée.

Construction d'El-Hakam II: nef centrale en avant du mihrab.

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