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lent la silhouette du fleuron à cinq lobes, couronne et allège cette zone de décors vigoureux. On connaît les crénelages à découpures

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Fig. 91.

Sfax.

Grande Mosquée. Le minaret.

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Le bas de la seconde tour, au-dessus de la première plate-forme, est une restitution hypothétique, cette partie étant masquée par un auvent de bois sans doute plus moderne.

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des mosquées égyptiennes auxquels celui-ci fait penser. Nous les retrouverons en Sicile. Un décor analogue enveloppe la partie haute de la tour qui vient au-dessus. Le troisième étage est formé d'un pavillon ajouré dont les quatre piles sont cantonnées de colonnettes d'angle et que surmonte un dôme côtelé et pointu.

Il faut attendre qu'un examen à meilleure distance nous permette d'analyser les détails de ce beau minaret, pour que nous soyons à même d'en mieux étudier les inscriptions et le décor. Dès maintenant, il apparaît comme une œuvre fort intéressante, dont l'allure générale et certains éléments (les défoncements en oculi, les oves, le dessin de certains feuillages) (Fig. 91, B) rappellent l'art des monuments ifriqyens plus archaïques, et qui, par la découpure de ses arcs et de ses merlons et, semble-t-il, son épigraphie, se situe nettement à l'époque çanhajienne.

par

Les éléments linéaires du décor. L'épigraphie. De même que les techniques concourant à l'œuvre d'art se sont multipliées depuis l'époque aghlabite, de même le répertoire des formes s'est sensiblement enrichi. L'écriture au 1x° siècle n'avait pas un caractère proprement décoratif et ne faisait pas corps avec l'ornement. Celle du x1° est elle-même un décor d'une suprême élégance et se mélange si intimement à l'arabesque végétale qu'il est difficile de parler de l'une sans s'occuper de l'autre. Cette évolution s'est faite, à n'en pas douter, sous l'influence de l'Orient; ou plutôt c'est en Orient que la transformation s'est élaborée. Des monuments comme ceux d'AmidaDiarbekir permettent d'en suivre les étapes. Le fait a été nettement mis en lumière par S. Flury, et c'est également à lui qu'on doit la première étude méthodique de l'inscription de la maqçoûra de Kairouan, un des plus somptueux bandeaux épigraphiques que l'art musulman nous ait donnés 1.

L'écriture dont il s'agit est l'écriture monumentale ou coufique, dépourvue de points diacritiques, que nous connaissons déjà par les inscriptions du 1x siècle. S. Flury a montré que, malgré la belle allure de ses caractères, l'écriture arabe satisfaisait médiocrement aux lois de la décoration « tapissante >>

1 S. Flury, Islamische Schriftbänder: Amida Diarbekir, Xle Jahrhundert. Anhang: Kairouan, Mayyâfâriqîn, Tirmidh, Bâle-Paris, 1920.

musulmane, qui veut une répartition égale des masses dans toute la surface à décorer. Le corps des lettres surcharge la

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partie inférieure du bandeau tandis que la partie supérieure, où montent les hampes des lettres longues, présente de grands vides. Il importait d'équilibrer les deux zones superposées, c'est-à-dire surtout de meubler les vides de la zone supérieure. Les artistes orientaux du xr siècle apportèrent à cette recherche toutes les ressources de leur imagination. J'indiquerai sommairement les solutions que les œuvres créées en Berbérie nous permettent d'étudier, en

faisant appel, non seule

ment aux inscriptions

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sculptées dans la pierre,

mais encore aux stèles funéraires et même aux frises peintes des plafonds de Kairouan, les unes et les autres présentant une unité suffisante qui rend leur groupement légitime.

Dans les inscriptions du IXe siècle, les hampes des lettres longues se terminaient par un bi

seau élargi évoquant le souvenir de l'élargissement produit par la plume de roscau appuyée sur le papier. Le x siècle ne change rien à cette silhouette, mais il introduit des fleurons à trois lobes

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pour enrichir les lettres terminales ou les branches montantes des lettres du groupe jîm. Avec le x1° siècle, ce fleuron passe aux hampes dressées. A l'inscription de la maqçoûra (fig. 92,5), trois folioles sont inscrites dans le biseau. Les inscriptions sur marbre d'époque çanhâjienne remplacent couramment le biseau par un fleuron. La frise peinte de la Mosquée donne à ce motif un remarquable développement. Le biseau s'indique par une pointe hardiment silhouettée surmontée d'un large fleuron (fig. 92, 7, 10-11).

Un second procédé, que le x siècle connaît déjà, consiste à prolonger les branches des lettres, soit en les incurvant, soit en les brisant à angle droit pour leur faire suivre le rebord supérieur du bandeau. Cette tournure sera donnée non seulement aux lettres longues (alif, lâm), mais au kef et aux lettres finales terminées par une queue. Cette queue redressée se développe dans la partie supérieure (râ, mîm, noûn, waw, ya). Un développement arbitraire sera donné à la partie montante du tâ marboûta. De même seront projetées vers le haut les lignes montantes du dâl, du jîm, du tâ emphatique et du hâ. Ces traits, traversant le champ libre en diagonale et s'incurvant, prennent l'allure aisée du col de cygne.

Flury a signalé l'importance du « tracé en arc »>, sorte de petit redans incurvé qui interrompt la courbe de certaines lettres (râ, mîm, noûn, waw) et enrichit le départ des traits verticaux (fig. 92, 11, 93, 3 et ss.). Il convient aussi d'insister sur les nœuds engendrés par le repliement des hampes sur elles-mêmes ou par l'entrecroisement des hampes voisines. Le lâm-alif est naturellement le groupe où ce genre d'ornement apparaît tout d'abord. En Orient, il devient caractéristique d'une écriture à laquelle on a pu donner le nom de « coufique tressé ». Il n'existe pas dans les monuments fâtimites du Caire, mais on le trouve à la maqçoûra de Kairouan. Flury en conclut que l'origine de cette écriture çanhâjienne doit être cherchée dans une province asiatique de l'Islâm. Les stèles kairouanaises des environs de 1048 présentent une grande variété de redans en arcs et de tresses. On note aussi, dans un de ces beaux marbres, un enrichissement intentionnel du mot Allah, qui mérite de retenir l'attention (fig. 93, 4). Non seulement l'alif et le premier lâm, le deuxième lâm et le ha se croisent et forment deux montants symétriques, mais la ligature entre les deux lâm se développe

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Evolution de l'écriture coufique.

(Formule: Au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux. Waw et lám-alif).

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